On continue nos bilans des crossovers DC Comics s'achevant à peu près tous ce mois-ci. Après Rise of the Third Army (univers Green Lantern) et Death of the Family (univers Batman), nous nous penchons aujourd'hui sur la déception du mois : Rotworld (univers Dark avec Animal Man et Swamp Thing).
Si on peut mesurer la déception face à une oeuvre en fonction de son potentiel et des attentes engendrées, alors celle que peut nous inspirer Rotworld est énorme. Deux des meilleurs séries du relaunch New 52, orchestrées par deux des scénaristes les plus en vogue de DC Comics, concernant deux des personnages au plus fort potentiel. D'un côté Animal Man scénarisé par Jeff Lemire, de l'autre Swamp Thing par Scott Snyder. Le tout mixé dans un crossover de près d'un an et demi promettant plein de conséquences pour au final pas grand chose.
Dès le début des New 52, les deux séries sont très liées et nous teasent un crossover à venir sur un thème très simple : les deux héros représentent chacun l'une des trois forces co-existant en équilibre pour faire tourner le monde correctement : le Sang (the Red) est la force de la vie animale, dont Animal Man est le représentant (enfin, pas tout à fait mais passons...); la Sève (the Green) représente la force de la vie végétale, dont l'avatar est Swamp Thing; enfin la Nécrose (theRot) représente la mort, et a pour avatar un vieil ennemi de Swamp Thing. Mais l'équilibre est perturbé quand cet avatar de la Nécrose décide d'étendre son pouvoir.
La chose importante à voir c'est qu'aucune de ces trois forces n'est fondamentalement mauvaise, là où on pourrait croire la Nécrose comme étant le mal s'opposant aux deux autres forces du bien. La Sève n'est pas plus fan du Sang que de la Nécrose, et c'est pareil pour chaque camp. Donc ici le but n'est pas de détruire la force opposée, mais de s'assurer que l'équilibre soit maintenu pour la sauvegarde de tous. Le premier arc de chaque série nous mettait en situation pour nous amener au point où les deux héros allaient se rencontrer pour aller combattre Arcane dans l'événement Rotworld.
Le premier problème que l''on rencontre sur ces deux titres, c'est que ça traîne. Au début on a l'impression que Swamp Thing prend son temps pour laisser Animal Man le rejoindre, mais au final Rotworld met du temps à arriver et ce n'est pas avant la fin de la première année qu'on y a le droit. Mais la déception est encore là quand on se rend compte que la collaboration de Buddy Baker et Alec Holland n'est que très ponctuelle.
Nos deux héros sont projetés un an dans le futur, chacun dans leur coin d'un monde dévasté. La majorité de la population terrestre a été dévastée et la Nécrose contrôle presque tout. Seules quelques poches de résistance mêlant héros et humains ordinaires sont là pour se battre, dans un combat perdu d'avance. Car en effet le monde tel que nous le connaissions n'est plus et ne reste plus qu'une lutte pour survivre. On sait donc qu'inévitablement, un événement va effacer tout ce qu'on lit, et que tout ça n'est que très passager.
La plus grande frustration de Rotworld vient alors de tout ce temps attendu pour se rendre compte au final qu'une bonne partie de ce qu'on a lu pendant un an allait être oubliée, et que les 5 derniers mois (des numéros 13 à 17) le seraient totalement. Mais ce n'est rien comparé au choc final qui ne voit les héros réunis que pour une bataille qu'ils sont obligés de gagner mais qui ne termine même pas l'histoire. Certes on aura vu un univers alternatif intéressant quelques instants, mais on sait bien qu'il en restera à cet état, et l'explorer 10 numéros (2 x 5 par série) n'était pas nécessaire, voire déconseillé.
On termine Rotworld sur le goût amer de s'être fait balader par deux de nos auteurs préférés, et qu'il faudra attendre la fin réelle de leurs runs pour voir où ils voulaient en venir. Mais là où leurs runs respectifs auraient pu rester dans l'histoire comme parmi les meilleurs de ces séries, ils laisseront plutôt un goût d'inachevé ou d'inaccompli.
Le constat inquiétant qui se développe de plus en plus dans les comics se retrouve particulièrement ici et se résume dans ce que je qualifierai de paradoxe qualitatif : on se retrouve avec des séries comme celles-ci dont les numéros pris individuellement ne sont intrinsèquement pas mauvais (dessins, écriture, ...) mais qui forment un tout inconsistant voir inconséquent. Alors qu'en face il n'est pas rare de voir des séries foncièrement mauvaises qui viennent nous amener des changements importants.
On peut se demander si ce n'est pas parce que les éditeurs veulent préserver leurs séries phares en ne les chamboulant pas, alors que d'un autre côté il faut choquer le lecteur pour le pousser à lire les séries les plus faibles. Si c'est le cas alors je vous en prie solennellement messieurs les éditeurs : redonnez la liberté de créer et de surprendre à vos auteurs.
25 Fevrier 2013
FredoTrop long oui, j'ai lâché l'affaire avant la fin.
23 Fevrier 2013
ArnaudEn même temps, quand un event est façonné par des auteurs qui écrivent simultanément cinq titres (Animal Man, JLD, Green Arrow, Sweet Tooth et Trillium pour Lemire, Swamp Thing, Batman, American Vampire, The Wake et Man of Steel pour Snyder), faut pas s'étonner que la qualité ne soit pas au rdv. Et puis voilà, cet event n'est aucunement épique, n'aura aucune conséquence durable (à la rigueur dans la psychologie des deux héros, mais j'y crois moyen), et nous offre un quasi retour au point de départ. Si Snyder se barre de Swampy, ce n'est pas un hasard, il est conscient du merdier qu'il a foutu malgré une occas unique d'écrire un récit énorme. Lemire aime vraiment A-Man, donc je crois en lui pour redresser la barre.
Par contre, qu'on tape comme ça sur Rotworld alors que DOTF est tout aussi bidon, bof bof. Ca servira peut-être de leçon à DC, c'est bien d'avoir des auteurs vedettes mais tous ne sont pas Bendis, et écrire 3, 4, 5 séries par mois, c'est très ardu.
23 Fevrier 2013
Manu@Fire Pour moi il y a une subtilité dans DOTF qu'il n'y a pas dans Rotworld. L'auteur joue avec nous et nous trolle en quelque sorte. C'était un risque qu'il a pris et moi j'ai apprécié, là où je comprends qu'on puisse ne pas aimer du tout. Par contre là j'ai trouvé ça juste vide au final, sans intérêt aucun. Il n'y a pas la même subtilité.
Pour House of M, je suis d'accord sur les ties-in de HoM, mais pas sur la série principale qui a un impact direct et a le mérite d'être bien écrite. Là où je dis qu'ici Rotworld est bien écrit c'est dans la forme, mais pas dans le fond.
Après une nouvelle fois c'est à chaque fois MON ressenti, et vous avez parfaitement le droit de ne pas être d'accord. C'est d'ailleurs plus intéressant pour en débattre.
23 Fevrier 2013
FireFranchement note imméritée, le pb est le même avec Dotf, le run est vraiment génial mais la fin est décevante, et pourtant Batman s'en tire avec 2 étoiles de plus...
@Manu : Dans ce cas la house of M c'est trop nul puisque sa ne sert à rien ( j'exagère y'a des conséquences mais à la fin de l'event on ne le savais pas).
23 Fevrier 2013
ManuKnight of Vengeance était court et intéressant. C'est une mini-série dans un elseworld. Là on parle d'un crossover teasé pendant un an sur deux séries de l'univers principal de DC. Et il ne s'y passe pas grand chose d'intéressant.
23 Fevrier 2013
RokterraLe Batman Knight of Vengeance dans l'event Flashpoint était magnifique, mais il n'en reste rien (A part une lettre...), garder le Rotworld c'était impossible de toutes façons, pour moi c'est vraiment le numéro final dont tu ne parles pas du tout qui a tout gaché et sur quoi tout reposé en fait. Snyder et le choix du dessinateur ont gaché l'entièreté de leur event avec un numéro très très mauvais, et pour moi l'éditeur n'a rien à voir la dedans (Ptet pour le dessinateur remarque), c'est peut être un peu simpliste mais voila ma vision des choses: Snyder était sur Death of the Family, Lemire faisait son run sur Justice League Dark, ils ont tous les deux de gros projets sur le feu, du coup ces 2 scénaristes qui sont pourtant géniaux d'habitude ont complétement négligé ces 2 séries qu'ils avaient si bien commencés...
23 Fevrier 2013
RokterraPour le reste, la qualité global des titres a été plutôt "Bonne" mais jamais du niveau que l'on avait connu avant (ça n'a jamais valu 5 étoiles, mais rarement 3 étoiles), le vrai problème, c'est que tout ça sert à installer la bataille final dont on attend énormément, la promesse est tenu pour la première partie de la conclusion avec Animal Man, mais la seconde partie avec Swamp Thing... Quelle Catastrophe !
C'est CE numéro, CE final, qui est absolument ridicule aussi bien scénaristiquement (On pige rien, tout le monde est n'importe ou, des personnages qu'on ne retrouve plus, une fin mais alors tordu et baclé...), qu'au niveau du dessin ! Mais pourquoi Yannick Paquette n'a pas dessiné ce numéro final ? Pourquoi avoir confié le dessin à Andy Belanger qui fait de bon dessins, mais complétement hors propos, on était pas chez Mickey bordel, c'était LA bataille final contre le Rotworld, le pourris, ça devait être dégueulasse, sanglant, flamboyant, pas cartoonesque ! Je reprends ce qu'une autre review a dit, c'était comme si on avait la musique de la piste aux étoiles en soundtrack d'Alien !
23 Fevrier 2013
ManuOui mais donc au final, l'event Rotworld en lui-même ne sert à rien. On ne l'aurait pas eu et on aurait eu directement ce qui va se passer maintenant (puisqu'on est revenus dans le temps), ç'aurait été la même chose. C'est en ça que ce crossover ne vaut pas grand chose selon moi.
23 Fevrier 2013
RokterraNormalement je suis plutôt fan des reviews mais celle ci me laisse vraiment dubitatif...
Pour moi Manu tu exprimes l'avis général des gens qui ont lu cette série (Le Cross Over est une Enorme Déception, mais la note à 2 étoiles manque de mesure, 3 étoiles conviendraient mieux tout simplement parce qu'à ce moment, quel note mettre à un cross over comme Hawkman Wanted ? -1 étoile ?), mais tu ne pointes pas les vrais problèmes de cette série tout en l'attaquant sur des points dont on ne sait rien encore...
Tu parles des conséquences, mais d'une part dans le rotworld, tout le monde est mort, on peut difficilement retirer quelque chose de ce statu quo si il est conservé, et d'autre part on ne peut pas vraiment espérer d'autres conséquences que dans l'univers intrinsèque des deux titres, hors pour l'instant, on ne sait absolument pas ce qui va se passer, tout est dit dans l'épilogue, et ce qu'on a suivi dans le monde "réel" pendant le titre et la couverture du prochain animal man reste présagé une certaine perte tout de même... (Après ça ne sera pas forcement le cas mais on ne le sait pas encore).
23 Fevrier 2013
CorentinLe problème des éditeurs qui veulent à tout prix figer leurs univers au lieu de laisser les artistes les modifier à leur guise est à mon sens le plus gros problème de l'industrie du comics. Et tu vois Manu, pour moi c'est le même problème pour le dernier arc de Batman. La seule ambition qu'on peut espérer du marché à l'heure actuelle, c'est la qualité d'écriture, point barre. Les scénarios à suspens s'achèveront toujours dans la déception (ou ne s'achèveront pas)