Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Do Androïds Dream Of Electric Sheep? t.1, la review

Do Androïds Dream Of Electric Sheep? t.1, la review

ReviewIndé
On a aimé
On a moins aimé
Notre note

Après avoir publié The Last Days of American Crime, Emmanuel Proust continue de chercher les pépites des comics qui passent parfois à la trappe des autres éditeurs. Cette fois-ci, c'est un projet bien particulier qu'ils ont voulu nous faire partager, Do Androïds Dream of Electric Sheep?, publié initialement chez BOOM! Studios. Si ce titre ne vous dit rien au premier abord, deux choses, l'une, allez tout de suite vous fouetter vils mécréants!, l'autre, c'est le titre du roman du maître de la Science-Fiction, Philip K. Dick, dont l'adaptation au cinéma par Ridley Scott a été un succès plus qu'immense, mais sous le nom de Blade Runner.

Une oeuvre séminale

Cette oeuvre qui  fait désormais partie du patrimoine culturel mondial., avait déjà été adaptée en comics à la sortie du film chez Marvel, mais était en fait une adaptation du film plus que du roman, et valait surtout pour certaines planches du regretté Al Williamson. Tony Parker (un dessinateur, pas le basketteur au dos fragile) a eu comme parti prit de repartir du livre original. Car le film de Scott était une libre adaptation, très bonne au demeurant (approuvée par Philip K. Dick lui-même). Que dire donc de l'histoire, si vous n'avez jamais lu le livre, alors jetez-vous dessus. On ne cessera de répéter à quelle point cette oeuvre est un classique. De la réflexion sur la différence entre l'humanité et l'artificiel, à celle sur les addictions du monde moderne, l'exploration de toute les jalousies et autres bassesses dont sont capables les hommes et les femmes, tout est ici la base de ce qu'est devenue la S.F. de nos jours. On suit Rick Deckard, chasseur de prime qui jalouse le "vrai" animal de son voisin (le sien est un robot qui imite un mouton) et qui pour s'en acheter un aussi, doit capturer des androïdes en fuite (le parallèle avec les esclaves marrons est ici évident). Mais aussi John Isidore, un humain réformé, qui contaminé par les poussières radioactives a perdu presque tous ses droits, et qui survit grâce à la religion du mercerisme. Ce premier tome pose les fondements de cet univers post-apocalyptique et malsain, ainsi que les rouages assez complexe de l'intrigue.

Un héritage complexe

Maintenant, il faut arriver au sujet qui fâche. Le soucis dans cette adaptation, c'est qu'elle oublie ce qu'est une adaptation, et par là, l'avantage du nouveau médium. Car Parker a décidé de retranscrire à la lettre près le roman de Dick, jusqu'aux formules d'énonciation (les fameux "dit-il"). Si bien que l'on voit de longs placards de texte posés sur les illustrations de Parker. Il est pourtant bon dessinateur et respecte bien l'esprit du texte original.Il nie ainsi la nature même du comics. Pour ma part, il semble s'être inscrit dans un autre genre, celui du roman illustré. En effet, on définit la bande dessinée, dans sa définition la plus simple, comme un "art séquentiel" (selon les termes utilisés par Will Eisner). Mais ici, l'action est narrée par le texte et non plus par l'image, à vouloir retranscrire l'intégralité du texte original, Tony Parker ne peut exploiter les caractéristiques propres à un art qui auto-génère son espace et son temps. Cela en fait une oeuvre statique, qui n'apporte pas grand chose à ce que le roman original proposait. Il faut cependant reconnaître que les illustrations sont de qualités, il y a même des couvertures de Bill Sienkiewicz. Et que dire de la qualité de l'édition proposée par Emmanuel Proust? Du papier, à la mise en page, de la charte graphique à la typologie, tout est maîtrisé et bien finit. C'est un travail éditorial parfait, dont certains éditeurs européens devraient s'inspirer, pour un prix tout à fait correct pour un objet de cette qualité.

Pour conclure, même si l'on peut regretter la volonté de ne jamais sacrifier le texte pour faire un véritable travail d'adaptation, il faut reconnaître que la qualité de l'oeuvre de Philip K. Dick n'est plus à démontrer, et si par cette initiative, certains lecteurs découvrent ce père de la S.F. moderne, ou l'un de ses chef-d'oeuvres, alors l'objectif aura été pleinement atteint. De plus, l'écrin que propose Emmanuel Proust est convaincant pour se procurer ce volume, dont les suivants paraîtront dès Mai et Août prochains. Et attention! Votre voisin est peut-être un... androïde!

 

Note d'Alfro: 3/5

Alfro
à lire également
Commentaires (2)
Vous devez être connecté pour participer