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FIBD 2026 : la crise perdure et s'intensifie, à quelques mois de la prochaine édition

FIBD 2026 : la crise perdure et s'intensifie, à quelques mois de la prochaine édition

NewsComic Con

Dans quelles conditions se tiendra l'édition 2026 du Festival International de la Bande Dessinée ? Nul ne peut le dire, si ce n'est qu'elles risquent d'être particulièrement houleuses. Depuis plusieurs jours, de nombreux papiers de médias généralistes (L'Humanité) et spécialisés (Livres Hebdo) font état d'une tension croissante, alors que les revendications lancées ce printemps dernier font visiblement face à un mur inébranlable. 

En avril 2025, un appel au boycott était lancé à l'initiative du syndicat des travailleurs et travailleuses, artistes-auteurs et autrices (STAA CNT-SO) ainsi que du collectif MeTooBD, suite à différentes enquêtes faisant état de gestions financières opaques, sinon douteuses, des fonds alloués à l'organisation du festival par la société 9eArt+ ; d'une affaire de licenciement d'une employée de 9eArt+ après avoir dénoncé un viol auprès de sa direction ; et d'une tentative de mainmise de la même société sur l'organisation du festival passé son contrat avec l'Association du FIBD, qui prend fin 2027.

En conséquence, l'Association, dirigée par Delphine Groux, a lancé un appel d'offres au courant de l'été, qui se termine ce 17 octobre 2025, et auquel 9eArt+ a - naturellement - postulé. Et si Frank Bondoux, dirigeant de 9eArt+, a annoncé se mettre en retrait de l'organisation du FIBD passé 2027, rien ne semble indiquer un changement de façon de faire de la SARL.

FIBD en crise

Comme le rapporte la journaliste Lucie Servin pour le journal L'Humanité, à qui l'on doit déjà les enquêtes édifiantes du début d'année, le Grand Prix de 2025, Anouk Ricard, a annoncé son boycott de la prochaine édition du FIBD. Ce faisant, elle renonce de facto à l'exposition qui lui était dûe (traditionnellement offerte à chaque personne bénéficiaire du Grand Prix), et explique avoir "fait un choix personnel, réfléchi, en accord avec [ses] convictions et en soutien aux voix qui demandent un changement nécessaire et qui appellent au boycott".



Un appel au boycott maintenu par le STAA CNT-SO, le collectif Metoo BD, le Syndicat National des Artistes Plasticien(ne)s (SNAP CGT), La Ligue des Auteurs ProFuture Off (collectif d'artistes résidents à Angoulême), le Collectif des Créatrices de BD contre le sexisme, le Syndicat National des Écoles d'Art et de Deisng (SNÉAD) et les Auteurices de la BD et l'Illustration Réuni(e)s (ABDIL) dans une tribune également publiée à L'Humanité

Les raisons sont simples : malgré l'appel à projets lancé cet été et dont les résultats doivent être dévoilés le 8 novembre prochain, tout laisse entendre que l'Association du FIBD, seule décisionnaire de l'avenir du Festival, poursuivra son partenariat avec 9eArt+, pour les neuf prochaines années après 2027. Selon Livres Hebdo, d'autres candidatures tout à fait sérieuses ont été posées, venant de La Cité de la BD et de Céline Bagot, fondatrice du Pop Women Festival, selon leurs informations. En juillet dernier, les financeurs publics avaient annoncé qu'une "personnalité qualifiée" participerait au choix du prochain repreneur de l'organisation du FIBD, mais c'est une chose qui a depuis été "balayée" par Delphine Groux. En somme, les syndicats et collectifs dénoncent un appel "biaisé" dont la décision serait prise depuis longtemps, si ce n'est le début. 

Plusieurs éditeurs indépendants ont déjà annoncé leur intention de ne pas venir au festival, tels que Ça et LàSix Pieds sous TerreL'Association et Même Pas Mal. Au cours de l'été 2025, les divers syndicats de l'édition (le Syndicat National de l'Edition - SNE - et le Syndicat des Editeurs Alternatifs - SEA) avaient affirmé pourtant que le boycott du FIBD 2026 n'était plus à l'ordre du jour, provoquant déjà l'ire des représentants des autrices et auteurs

En résumé : des syndicats et collectifs d'autrices et auteurs qui ne sont pas entendus et qui maintiennent leur appel au boycott ; une autrice Grand Prix qui ne viendra pas et refuse son exposition dédiée ; des éditeurs indépendants qui annoncent ne pas venir également ; et en face, l'Association du FIBD qui semble vouloir se borner à reconduire son partenariat avec la société 9eArt+, sans volonté affichée de changement, contre certaines promesses faites pour la mise en concurrence, et largement contre le souhait de l'ensemble de la profession artistique. 

Illustration encore plus concrète d'une crise qui ne fait que s'envenimer : le Syndicat National des Auteurs et Compositeurs BD (SNAC BD), seul syndicat qui faisait partie de l'Association pour le Développement de la BD à Angoulême (ADBDA), a choisi de claquer la porte de l'association. Nous reproduisons leur communiqué ci-dessous. 

"Le Snac quitte l'ADBDA

Depuis la création de l'ADBDA (Association pour le développement de la BD à Angoulême) en 2017, le SNAC a toujours privilégié les discussions constructives avec les divers acteurs du Festival, et la recherche d'avancées concrètes pour cet événement populaire et relevant du « bien commun ».

Aux côtés des éditeurs et des pouvoirs publics, grands financeurs du Festival, le SNAC a participé depuis l’édition 2025 à de nombreuses réunions de l’ADBDA destinées à assurer l’avenir de cet événement dans des conditions sereines – notamment pour les autrices, la lutte contre les VHSS étant au cœur des préoccupations de notre syndicat.

Un nouvel opérateur devant être choisi pour l’édition 2028 par l’association du FIBD (Association du Festival International de la BD), seule décisionnaire de l'avenir du Festival, de longues discussions ont eu lieu au sein de l’ADBDA pour que la procédure de mise en concurrence nécessaire à la pérennisation de cet événement majeur se déroule dans les meilleures conditions possibles.

Le SNAC constate à regret que l’objectif n’a pas été atteint. Dans une atmosphère de suspicion permanente, le FIBD n’a engagé avec nous qu’un dialogue de sourds, marqué par plusieurs revirements. En témoigne le récent refus d’intégrer une personnalité qualifiée, garante de neutralité, au processus de mise en concurrence – un signal particulièrement alarmant envoyé à tous les partenaires et financeurs du Festival.

Nous considérons que les conditions permettant de garantir un choix objectif du prestataire par le FIBD ne sont pas remplies.

De ce fait, le SNAC renonce à ses fonctions au sein de l'ADBDA, aujourd’hui dans l'incapacité de faire entendre nos légitimes inquiétudes concernant le processus de désignation du nouvel opérateur du Festival.

Le Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs"

Affaire à suivre...

Source

Illustration de l'auteur
Arno Kikoo
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