Nouvelle avancée majeure dans le dossier du futur du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême. Au printemps dernier, plusieurs centaines de professionnels du monde de la BD (dont votre humble rédaction) menaçaient l'édition 2026 du festival de boycott. En cause, plusieurs enquêtes de grands médias (L'Humanité, Le Monde) qui mettait en cause l'opacité des processus d'organisation et de financement du festival en lien entre l'Association du FIBD et la société 9eArt+, présidée par Frank Bondoux. Alors que le contrat qui liait les deux entités doit s'arrêter avec l'édition 2027 du FIBD, les syndicats des auteurs et des éditeurs demandaient à ce qu'une mise en concurrence soit proposée, afin de laisser une potentielle reprise de l'organisation du FIBD par un nouvel acteur. Au-delà des questions financières, les enquêtes des grands médias pointaient depuis plusieurs années des problèmes de management toxique, ainsi que des fautes sur la prise en charge de la question des violences sexuelles.
Plusieurs mois ont passé, et la menace de boycott qui planait sur l'édition 2026 du FIBD semble avoir porté ses fruits. Alors que la mise en concurrence pour l'organisation de l'évènement post-2027 a été ouverte il y a une dizaine de jours, c'est par un communiqué officiel que les financeurs publics annoncent le départ de Frank Bondoux de son poste fin 2027.
Le communiqué rédigé par les financeurs publics du FIBD (soit la Ville d’Angoulême, la Communauté d’agglomération de GrandAngoulême, le Département de la Charente, la Région Nouvelle-Aquitaine, le Ministère de la Culture-DRAC Nouvelle-Aquitaine- Centre National du Livre) affirme que ces derniers ont "multiplié les échanges pour accompagner l’Association du FIBD, propriétaire de la marque du festival, dans le processus de mise en concurrence pour la sélection du futur organisateur qui sera chargé du festival en janvier 2028", tout en réaffirmant "le respect qu’ils accordent à l’indépendance de l’Association du FIBD, et rappellent l’importance de leurs contributions respectives, pour l’organisation de ce festival majeur" - soit 43% du budget que nécessite le festival, en plus de la mise à disposition des lieux dans toute la ville d'Angoulême.
Ce faisant, les mêmes financeurs expliquent que depuis les cinq mois qui ont suivi les demandes venues du monde professionnel de la BD, de "réelles avancées" ont été vues dans "la prise en compte des différentes recommandations relative sà la transparence et à l'équité de la procédure" de mise en concurrence. Des éléments qui sont disponibles publiquement dans un cahier des charges disponible depuis le 12 juillet dernier, date d'ouverture de cette mise en concurrence, et qui ont pour but d'aider à "apaiser le déroulement de l'édition 2026." Une édition 2026 qui devrait se dérouler normalement : à la suite des avancées et des discussions menées avec l'Association pour le Développement de la Bande Dessinée d'Angoulême (ADBDA), "les représentants des différentes organisations syndicales nationales, représentant l’édition, les autrices et les auteurs, ont confirmé leur participation pour l’édition 2026".
Dans la foulée, il est annoncé officiellement que Frank Bondoux, qui occupait le poste de délégué général du festival via le contrat qui liait sa société 9eArt+ à l'association du FIBD, se retirera de ses fonctions fin 2027. Autrement dit, même si 9eArt+ récupérait à nouveau l'organisation du festival (ce qui reste une possibilité qui a toujours été mise sur la table), Bondoux ne sera plus la personne responsable du FIBD. Ce qui, publiquement, est certainement la meilleure décision à prendre de la part de l'intéressé, qui cristalisait bien des tensions au sein du monde professionel. Bien entendu, les financeurs publics n'en oublient pas de "remercier la société 9art+, qui aura œuvré pendant 20 années à la réussite de cette manifestation et aura permis entre autres de lui conférer un rayonnement international."
Enfin, les financeurs annoncent également qu'une "personnalité qualifiée" dont "le nom sera validé par les co-financeurs et les syndicats nationaux" sera intégrée au jury qui aura pour mission de désigner le nouvel organisateur du FIBD. "Les partenaires publics resteront vigilants à ce que les conditions de transparence et d'équité soient réunies tout au long de la procédure jusqu'à la désignation du futur lauréat.", conclue le communiqué de presse, avec un engagement assuré pour le financement de l'édition 2026 - qui sera donc l'avant-dernière sous Bondoux.
