Si les éditions Cornélius ont bien été obligées de se passer de la bibliographie de Daniel Clowes pour occuper leur catalogue, l'enseigne peut toujours compter sur le travail de Charles Burns, autre géant du mouvement des comics alternatifs. Connu du grand public pour le roman graphique Black Holes, l'auteur de soixante-neuf ans est encore plutôt actif dans le présent. Avec notamment la trilogie Dédales (créée depuis la France en collaboration avec Cornélius), sympathique déconstruction des genres surnaturels vue par le prisme d'une romance classique, et de quelques petits bonus publiés au hasard des années. Par exemple, une compilation de croquis bizarres (Free S**t) ou un recueil de fausses couvertures issues de revues qui n'existent pas (Kommix).
Or, justement, une partie de ces fausses devantures imaginées par Burns dans les pages de l'album Kommix évoquaient précisément les codes et la composition de grande la mode des "Romance Comics". A savoir : le mouvement des comics romantiques entamé dans la foulée de la Seconde Guerre Mondiale, au moment où les super-héros ne faisaient plus recette, et où les grands éditeurs espéraient alors conquérir un lectorat plus féminin. Jack Kirby est souvent cité comme l'un des grands architectes de cet épisode précis dans la longue histoire de la séquentialité aux Etats-Unis. Pour plus de détails, voir l'album Young Romance, publié en France aux éditions Komics Initiative (qui n'en étaient d'ailleurs à l'époque qu'au premier stade de leurs activités).
Cette production extrêmement codifiée, assemblée autour de compas moraux plutôt conservateurs, parfois pessimistes, souvent très fleur bleue, est entrée dans l'inconscient collectif de toute cette génération. Anréee dans un imaginaire pictural précis suite au cambriolage des artistes de BDs orchestré par Roy Lichtenstein. Et c'est en suivant cette piste que Charles Burns a décidé de fouiller les souvenirs des "Romance Comics" d'autrefois, en optant pour son approche habituelle de la déconstruction morbide, avec l'album Funestes Amours (Unwholesome Love), annoncé pour cet automne aux éditions Cornélius.
"Vous êtes-vous déjà demandé quelles histoires pourraient se cacher derrière les fausses couvertures dessinées par Charles Burns?? C’est précisément ce que propose d’explorer Funestes amours. Deux ans après la parution de Caprice, qui présentait une trentaine de couvertures fictives de comics, Charles Burns signe son grand retour dans la collection Kim avec une nouvelle bande dessinée pensée comme un miroir de ce premier volume. Dans Funestes amours, l’auteur de Dédales livre trois récits inédits qui pourraient bien..."
En l'occurrence, le tome en question ne représente pas un investissement conséquent : Funestes Amours est un petit album de 32 pages annoncé pour un prix de 11 euros. De quoi se mettre quelque chose sous la dent pour celles et ceux qui attendent patiemment la suite de Love Everlasting.
Rendez-vous le 16 octobre 2025 pour les curieuses et les curieux (ou même auparavant pour découvrir la bibliographie d'un auteur encore trop peu connu du public généraliste).