Maintenant que Rupert Saunders s'est bien assuré que la marque était morte et enterrée pour de bon du côté du cinéma, The Crow va enfin pouvoir revenir vers sa base fondamentale : la bande-dessinée. Et de ce point de vue, une bonne nouvelle pour toutes celles et ceux qui seraient passés à côté de la première série réalisée par l'artiste James O'Barr : la réédition de l'édition "définitive" a été annoncée récemment chez Delcourt pour la rentrée scolaire de cette année (la précédente datait de 2012). Comme un coup de propre pour un personnage qui méritait mieux que ce que le secteur des adaptations lui a proposé récemment.
Le Corbeau Originel
Pour rappel, le titre The Crow de James O'Barr se présente au départ comme une histoire particulièrement intime : en 1978, la fiancée du dessinateur trouve la mort à la suite d'un terrible accident de voiture. Tout juste sorti de l'adolescence, O'Barr décide alors de s'engager dans l'armée pour s'éloigner des Etats-Unis et de ses proches.
Il fera son service en Allemagne, encore frappé par le deuil de cette perte tragique, et se consacrera au dessin dans le cadre de ses activités de soldat en travaillant notamment sur des manuels illustrés à destination de l'infanterie. Plus tard, le jeune homme va également entendre parler de l'histoire d'un jeune couple assassiné lors d'un braquage à Détroit, selon la légende, pour une bague de fiançailles d'une valeur de 20 dollars. Cette tragédie parallèle lui évoque la perte de sa propre fiancée, et en s'inspirant de ces deux histoires, James O'Barr commence alors le travail sur la première série The Crow (1989).
Assumé comme un projet cathartique, la création de cette BD mobilisera beaucoup d'énergie et d'émotion, de la part d'un dessinateur qui se présentait lui-même comme porté sur l'autodestruction à cette période de sa vie. L'intrigue du titre lui permet de se créer un avatar : le héros de l'histoire, Eric Draven, revient d'entre les morts pour venger l'assassinat de sa fiancée Shelly, tombée aux mains d'un gang de truands particulièrement violents. Traversé de citations poétiques, inspiré par l'esthétique du chanteur Robert Smith (The Cure), le titre fera immédiatement sensation sur le marché indépendant de cette époque, à l'opposé complet des héros virils et unidimensionnels de la fin des années quatre-vingt et du début des années quatre-vingt dix.
Ce succès commercial sera suivi d'une première adaptation mise en scène par le réalisateur Alex Proyas (1994). Laquelle sera transcendée par un terrible accident survenu pendant le tournage, au moment où l'acteur principal, Brandon Lee, sera abattu par l'un des révolvers servant d'accessoires aux équipes des effets spéciaux.
"The Crow est le récit d'un exorcisme, celui de la douleur intime de James O'Barr. C'est l'histoire d'Eric et de Shelly, tous deux assassinés par des truands. Un an plus tard, un corbeau se pose sur la tombe d'Eric pour le ramener d'entre les morts..."
The Crow - Edition Définitive est attendu pour le 24 septembre 2025 au prix de 20 euros 50 avec une préface de James O'Barr.