C'est disponible ? C'est disponible. Depuis hier, les deux premiers épisodes de la série animée Votre Fidèle Serviteur Spider-Man sont disponibles sur la plateforme Disney+. Et à l'instar de ce qui a été proposé sur la campagne publicitaire de cette nouvelle production Marvel Studios, le grand public va devoir rester attentif au risque de devoir louper un épisode, au sens propre. Si le commandement de l'enseigne, supervisé par Brad Winderbaum, le président du département Marvel Television, n'a accordé que quelques maigres semaines de travail aux équipes en charge du marketing pour assurer la promotion de cette nouvelle adaptation du personnage de Peter Parker sur le petit écran, les diffuseurs de chez Disney+ vont aussi devoir composer avec un calendrier restreint : seulement quatre semaines pour dix épisodes... ça passe vite.
Do We Need Spider-Man ?
Entamée sur un consens critique enthousiaste (96% sur RottenTomatoes, c'est pas si souvent chez Marvel Studios), Votre Fidèle Serviteur Spider-Man a pourtant rencontré une résistance de la part d'une partie du public depuis les premières présentations. En cause, notamment, le choix discutable d'une méthode de rendu globalement calquée sur celle de la série animée What If...? avec des modèles 3D sur lesquels les animateurs plaquent des textures pensées pour évoquer le dessin de comics. Pour l'heure, Marvel Studios semble vouloir s'accrocher à ce modèle de travail pour les séries animées prévues dans un horizon immédiat.
La série a eu droit à une nouvelle bande-annonce pour accompagner son lancement :
Dans la liste des autres motifs de discorde, l'acteur principal Hudson Thames s'est aussi attiré la défaveur d'une bonne partie des fans sur les réseaux sociaux lorsque celui-ci a expliqué avoir eu peur, au moment de signer pour le rôle de Spider-Man, que le projet finisse par devenir "woke" et "chiant". Avant de réaliser, bien plus tard, que le projet était "bien écrit" et "cool". Comme quoi, tout se joue sur le spectre subtil des nuances.
L'utilisation de ce qualificatif, généralement associé à un certain alignement politique dans les Etats-Unis du présent, n'a pas forcément participé à séduire les fans de Spider-Man. Et tout particulièrement dans le cadre d'une série qui assume visiblement de mettre en avant une certaine vision de la diversité, à la fois dans les écoles des quartiers multiculturels du Queens ou dans la représentation d'un Norman Osborn noir de peau. Au point d'être déjà accusée de revendiquer un discours "woke" pour les utilisateurs de certains réseaux sociaux... ce qui aurait tendance à prouver que l'opinion varie en fonction de l'observateur. Est-ce qu'on peut enfin théoriser sur le "woke" de Schrödinger ?
De son côté, Brad Winderbaum a tenté d'étouffer les débats en expliquant que, oh, tu sais, Hudson, il est gentil, tout le monde l'apprécie au village, mais faut pas faire attention, il a pas fait gaffe et ce qui compte c'est de regarder la série. Paradoxe contemporain : dans le même temps, l'actualité de Marvel Studios se brouille à plusieurs échelles, puisque si de nombreux commentateurs n'ont pas hésité à prendre la défense d'Hudston Thames, en expliquant que celui-ci avait tout à fait le droit d'user de sa liberté d'expression pour briser le sempiternel tabou du politiquement correct, Anthony Mackie, de son côté, est actuellement sous le feu de critiques contraires pour avoir eu l'audace d'user de sa liberté d'expression récemment en expliquant que Captain America aspirait à défendre des valeurs plus universelles que le seul drapeau des Etats-Unis. L'acteur a immédiatement été qualifié de traître à la patrie par les conservateurs, parce que, hey, évidemment mon gars.
En somme, le temps se brouille, et on se demande si Marvel Studios ne va pas finir par contourner le problème en interdisant simplement à ses vedettes d'ouvrir la bouche, le temps que la fameuse "polarisation" du débat public se tranquillise un peu. Bonne année quand même.