On l'a dit, on peut le répéter : dans la liste des tendances générales de cette année, le grand retour des comics à licence s'est imposé comme une évidence industrielle. Plusieurs grandes maisons d'édition du marché indépendant ont investi le créneau. A commencer par Skybound avec les comics Transformers et G.I. Joe, qui continuent de prendre en importance, avec des équipes créatives solides et un fond soigné, mais aussi chez Dynamite Entertainment, chez Dark Horse et chez Oni Press. Les licences Hasbro, Nacelle, Hanna-Barbera et l'univers des Terminators tournent à plein régime - mais, paradoxe des temps présents, le cousin direct des robots temporels de James Cameron, Robocop, reste de son côté figé dans une sorte de stase.
A tel point qu'on n'est même plus sûrs du statut de cette propriété intellectuelle : est-ce que BOOM! Studios, qui avait misé sur l'univers de Paul Verhoeven pendant un temps, a encore les droits d'édition sous scellé ? Globalement délaissé dans le présent, malgré l'ouragan de comics basés sur les grandes franchises des années quatre-vingt qui s'abat actuellement sur l'industrie, le pauvre Alex Murphy attend son tour, dans la file d'attente du parc d'attraction.
Et pourtant : la franchise peut revendiquer le nom de Frank Miller
C'est probablement le point le plus étonnant de toute l'affaire : si Ridley Scott s'est globalement inspiré des travaux de Moebius pour développer la saga des Aliens, si G.I. Joe et Transformers ont une dette historique envers les équipes de Marvel Entertainment pour avoir participé au développement des deux marques, Robocop est peut-être la seule franchise à avoir embauché, directement, un scénariste de comics à la conception de deux des trois films de la trilogie originale. Oui : techniquement, les scripts de Robocop 2 et de Robocop 3 ont la réputation d'avoir été massacrés par les studios (et ne comptent pas forcément dans la liste de ses meilleurs travaux), mais tout de même, Frank Miller a bien signé pour écrire ces deux films.
Sans même évoquer la correspondance évidente et revendiquée entre Alex Murphy et Judge Dredd, le personnage aurait toute sa place et toute sa légitimité au format comics. Et ce n'est pas un hasard si Frank Miller a fini par réaliser le chemin inverse en allant produire du Robocop pour l'industrie de la BD aux Etats-Unis. Restent donc ces quelques archives. Pour celles et ceux qui connaissent le travail des éditions Vestron, deux projets de l'homme au chapeau seront bientôt de retour dans les librairies : d'un côté, Robocop vs Terminator, une création originale de Miller illustrée par le grand Walt Simonson, et de l'autre, Robocop : Mort ou Vif, une adaptation en comics du script de Robocop 3 par Steven Grant et Korkut Öztekin, complété par une épilogue fourni par Ed Brisson et Declan Shalvey.
"Venu d’un futur dans lequel les machines dominent le monde, un soldat de la Résistance cherche à éliminer le responsable de la suprématie de Skynet : RoboCop. Des Terminators interviennent pour empêcher l’avenir de s’altérer… mais quelque part dans le temps, Alex Murphy s’engage dans une bataille contre les cyborgs meurtriers et les humains qui veulent le tuer… » Après des décennies d’attentes, voici votre chance de découvrir ce comic book phénoménal dans un album contenant l’histoire complète dans une version aux couleurs entièrement restaurées comprenant également de nombreux bonus."
En ce qui concerne Robocop vs Terminator, une comédie musclée emblématique du style de Frank Miller au sortir de ses années chez DC Comics, le projet sera à nouveau disponible ce vendredi 26 septembre 2024 pour 144 pages. Il faudra en revanche attendre un peu pour Robocop : Mort ou Vif, dont la sortie a été fixée pour le mois de janvier 2025, annoncé de son côté pour une épaisseur de 196 pages en un seul tome. Une bonne occasion de se pencher dessus sans avoir à écumer avec plus ou moins de chance les sites d'occasion.
En attendant que d'autres viennent réveiller le cadavre d'Alex Murphy, les amateurs de Frank Miller auront au moins de quoi s'amuser un peu.
