Encore ? Encore. Peut-être. Cette semaine, David Zaslav, président du groupe Warner Bros. Discovery, s'est entretenu avec les PDGs de Paramount Global et National Amusements, Bob Bakish et Shari Redstone, en vue d'une fusion conséquente. Les détails de ces deux rencontres n'ont pas été spécifiés, mais la perspective d'une nouvelle acquisition semble et bien se présager à l'horizon, pour accélérer la logique des regroupements d'actifs sur le secteur des grands médias, de la culture et de l'information.
David Zaslav envisagerait actuellement d'acquérir le groupe Paramount Global, qui compte dans ses propriétés les studios de cinéma Paramount Pictures, le réseau CBS et la plateforme Paramount+, entre autres choses.
Course aux Géants
L'objectif de Warner Bros. Discovery est, encore une fois, de grossir. Les géants du secteur suivent cette même stratégie depuis déjà plusieurs années : AT&T et Warner Bros., Disney et la 20th Century Fox, Discovery Inc. et Warner Bros., etc. Les troupes de Zaslav estiment que le pouvoir politique n'est apparemment pas en mesure d'empêcher une fusion éventuelle entre WBD et Paramount Global, ce qui ne serait effectivement pas une grande surprise.
La justice américaine ne semble plus capable de faire appliquer les fameuses lois antitrust, et l'effondrement global du système des studios au profit des groupes horizontaux (Apple, Amazon) complique les règles. En somme, le seul obstacle à l'horizon reste encore et toujours le même : pour acquérir Paramount, Warner Bros. devra encore contracter une énorme dette, à empiler sur la dette précédente.
Actuellement, la compagnie pilotée par David Zaslav doit encore rembourser plus de quarante milliards de dollars pour éponger les frais de la fusion entre Warner et Discovery Inc., l'intégration des actifs, et le financement de la plateforme Max, qui devrait poursuivre son déploiement à l'international d'ici les années à venir. Paramount Global est actuellement estimée à 10 milliards de dollars de valorisation, mais l'annonce d'une fusion risque de faire grimper les prix. Actuellement, le groupe ne vaut pas cher : les comptes sont dans le rouge, et malgré une stratégie de rebranding opérée sur ces trois dernières années, les grands patrons tentent de se séparer de quelques actifs (Simon & Schuster, BET) pour sortir la tête de l'eau. Un rapprochement avec Apple avait aussi été envisagé, pour fusionner les plateformes AppleTV+ et Paramount+, dans l'idée de centraliser les abonnés aux deux services et réduire les coûts d'infrastructure.
Paramount Global est à la recherche d'un partenaire pour traverser la crise. David Zaslav a tout du candidat idéal pour le poste : excentrique, celui-ci a récupéré le groupe WarnerMedia des mains d'AT&T après une longue période de vaches maigres, et n'a pas prévu de regarder à la dépense dans son objectif de croissance rapide. Pour tenir face aux concurrents de la tech', les acteurs traditionnels des médias et du divertissement pensent avoir besoin de devenir assez gros pour résister à l'ouragan... et donc, si la fusion entre Warner Bros. Discovery et Paramount Global devait avoir lieu, on imagine que d'autres acquisitions pourraient suivre dans la foulée. Le groupe créé serait immédiatement plus imposant, et Disney se sentirait donc probablement obligé de repartir à la pêche pour racheter (ou se faire racheter par) d'autres compagnies, pour rétablir l'équilibre concurrentiel.
En l'état, rien n'a évidemment été signé, et ces premières conversations ne vont pas nécessairement aboutir. Pour le salariat, une nouvelle fusion impliquerait mécaniquement de nouvelles suppressions de postes (
par milliers). A l'échelle du cinéma, un grand studio de moins sous-entend une nouvelle raréfaction de l'offre culturelle, sans oublier les traditionnelles vagues d'annulation. Pire encore : si
David Zaslav devait repartir vers un nouvel objectif de remboursement de la dette à court terme, le président du groupe n'hésitera sans doute pas à faire...
ce qu'il a déjà fait l'année dernière. A savoir, trancher dans la masse, durement et rapidement.
Au sortir de deux périodes de grèves consécutives Hollywood, le déséquilibre des puissance entre la force de travail et les grands patrons, à la tête de structures de plus en plus imposantes, avec de plus en plus d'actionnaires, pourrait bien continuer de s'aggraver.
Affaire à suivre, pour le moment.