Avec la sortie de The Flash, le versant cinématographique de DC Comics pour le cinéma, tel qu'il avait été pensé jusqu'ici, est en train de s'éteindre. Et pas forcément paisiblement - on a même rarement vu un condamné à mort partir à l'échafaud avec une telle énergie. Au point de prévoir une bouffe pour le weekend suivant, comme si le lendemain n'existait pas, que le public (médusé) n'allait pas se rendre compte que l'essentiel des personnes impliquées sur le projet avaient déjà été foutues à la porte depuis belle lurette. L'aboutissement d'une logique, en quelque sorte.
Pendant ce temps, DC Studios alterne entre l'envie de pousser du pied ce dernier souvenir laissé par les anciennes équipes et l'obligation de tourner la page. Les prochains films avancent, et pas seulement du côté des super-héros les plus en vue. Dès la première salve des annonces de James Gunn, avait été évoquée la piste d'une adaptation de Swamp Thing. Peu de temps après, le réalisateur James Mangold (Le Mans '66, Logan) était embauché pour ce charger de la mise en scène de cette quatrième tentative consacrée à la Créature des Marais.
Un univers partagé encore à départager
S'il est encore trop tôt pour envisager le moindre début de spéculation quant au contenu proprement dit de ce film Swamp Thing (avec la grève des scénaristes, on peut même imaginer que l'écriture n'a même pas encore commencé), James Mangold a tout de même de premières petites idées en tête. De passage chez Variety pour assurer la promotion du dernier Indiana Jones, le réalisateur a expliqué qu'il ne voyait pas cette nouvelle aventure comme un élément à cadrer dans une "franchise".
"Si je comprends, bien sûr, que DC ne soit pas de cet avis, de mon côté je préfère le penser comme un film très simple, très propre, d'épouvante gothique à propos de cet homme qui est aussi un monstre. [Je] caresse depuis quelques années l'idée de travailler sur une sorte de Frankenstein."
Une lecture somme toute louable de l'horreur à la Swamp Thing (chez Len Wein en particulier), dans la mesure où les premiers comics prenaient effectivement pour inspiration l'épouvante poussiéreuse des années trente, quarante et cinquante (en accord avec la nouvelle compréhension de ce qui avait été, à l'époque, autorisé par le Comics Code Authority) lorsque le personnage est apparu sur le marché. C'est même précisément cette envie de produire son propre "Frankenstein" qui a motivé Mangold à candidater directement auprès de James Gunn et de Peter Safran. Le metteur en scène explique leur avoir passé "un coup de fil amical" lorsque les deux hommes avaient été bombardés présidents de DC Studios, pour leur proposer de réaliser un film Swamp Thing. Une candidature spontanée, donc, et pas un simple recrutement pour un projet à la commande.
Mangold envisage un certain degré d'autonomie, en voulant faire son "propre truc", "un standalone." Là-dessus, James Gunn avait déjà assuré que, contrairement aux premières années de Marvel Studios ou même aux films de DC Comics de l'équipe précédente, l'idée de monter un univers partagé n'imposerait pas de cohérence de tonalités obligatoire entre les différentes propositions actuellement en développement. On s'en doute : Superman Legacy sera très différent de Swamp Thing, lui-même très différent de The Authority, etc. Reste encore à croiser les doigts et à espérer que l'étage du dessus de la pyramide Warner Bros. Discovery ne viendra pas mettre son grain de sel dans cette sympathique promesse (les ingérences de grands patrons étant justement ce qui aura fini par plomber l'univers précédent).