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Paris Fan Festival 2023 - des X-Men à Big Game : rencontre avec le brillant Pepe Larraz

Paris Fan Festival 2023 - des X-Men à Big Game : rencontre avec le brillant Pepe Larraz

InterviewPanini

Présent au cours du Paris Fan Festival qui se tenait au mois d'avril passé, le brillant Pepe Larraz nous a accordé quelques minutes afin de parler de son travail récent. Au coeur de son actualité, la sortie du prochain Big Game qu'il dessine pour Mark Millar - et qui a fait grand bruit il y a quelques jours lorsqu'on a appris que le crossover était une suite à Wanted, le premier comics en indépendant du scénariste superstar. Nous avions déjà pu nous entretenir avec Pepe il y a quelques années, et c'est donc avec plaisir que nous sommes allés le retrouver pour causer comics, que ce soit donc son prochain projet dans le Millarworld, mais aussi des récentes années passées sur la ligne X-Men chez Marvel, pour laquelle il a pu faire quelques merveilles.

Si vous souhaitez profiter de cette petite interview au format audio, alors vous pouvez cliquer sur le lecteur ci-dessous, l'enregistrement (brut, en VO) vous étant proposé via notre podcast First Print. L'un dans l'autre, n'hésitez pas à partager ces contenus si vous appréciez le travail fourni pour mettre en avant le travail des artistes. Bonne lecture et/ou écoute à vous !


AK : Comment allez-vous, Pepe ?

PL : Je vais bien ! Un peu froid en ce moment parce que…

AK : Le climat parisien.

PL : Oui, on ne peut pas prévoir le climat. 

OC : Ca se réchauffe au bout d’un moment.

PL : Oui. Mais tout va bien, comme ça c’est très bien. Je vais bien, et je suis très heureux d’être ici.

AK : La dernière fois que nous avions parlé - c’était avec mon ancien collègue, Thibaut - et vous veniez de faire Avengers : No Surrender. Depuis, vous avez gravi les échelons chez Marvel. Vous faites désormais partie des gros noms de la maison. En avez-vous conscience ?

PL : Je ne pense pas. Enfin, je ne pense pas que qui que ce soit se dise ce genre de choses, chez Marvel. A moins de faire partie de ceux qui coûtent le plus cher (rires). Mais notre travail est d’abord très solitaire. Nous travaillons depuis chez nous, et on se concentre sur l’idée de produire le meilleur résultat possible. Et d’avoir un bon script avec lequel travailler. Si on a un bon script, on sait que la BD sera bonne. Je ne sais pas, je dirais que je me sens plus légitime aujourd’hui pour… accepter certains projets, et en refuser d’autres. Alors qu’aux débuts de ma carrière, je disais oui à tout ! Parce que c’est une nécessité quand vous commencez. Et c’est quelque chose qui change avec le temps. Les éditeurs, à mesure qu’ils vous font confiance, vous confient de plus gros projets. Et à partir de là, vous gagnez un peu de place pour commencer à manoeuvrer. 

AK : Comment choisissez-vous le projet sur lequel vous voulez travailler ? Est-ce seulement une histoire de script ou de scénariste ? Accepteriez-vous un projet pour travailler avec un auteur précis, même si le scénario vous semblait mauvais ?

PL : Et bien, je viens justement de finir un projet avec Mark Millar. Et… je peux vous dire que celui-là, je l’ai plutôt choisi pour le scénariste. (rires) Parce que c’était un de mes premiers objectifs quand j’ai commencé à travailler dans l’industrie des comics, de travailler avec Mark. Je suis fasciné par cet homme. Je me souviens avoir passé un certain temps loin des comics de super-héros, en tant que lecteur. Quand j’ai fini par y retourner, c’était l’époque des Ultimates. L’une des premières choses que j’avais lu à ce moment là. Et j’ai été complètement renversé. Je voulais vraiment travailler avec lui. Et l’expérience a été fantastique, on a passé un très bon moment.

AK : Comment décririez-vous le script de Mark Millar ? Très détaillé ? Plutôt souple ? Quelle liberté avez-vous en tant qu’artiste pour vous approprier les éléments du script ?

PL : Pour commencer, Mark nous livre - en tout cas, c’est comme ça que ça s’est passé avec moi - le script complet avec les cinq numéros du projet à l’intérieur. En une prise. ‘Ok donc, voilà le scénario. Il y a tout à l’intérieur.’ Et ensuite, il est très réceptif. Il répond à tous les mails. Et il est toujours à un autre endroit sur Terre - il m’avait dit  ‘En ce moment je suis au Mexique ! Parce qu’on est en train de filmer ce truc là’ et tout ça. Mais il répond toujours, et il est très à l’écoute. Il sait exactement ce qu’il veut, mais en même temps, il aime créer un esprit… fun. Au sein de son équipe. Il nous dit ‘hey, amusez vous’, et il est super encourageant. A chaque fois que vous faites un truc, il répond ‘waouh mec, c’est fantastique !’. Il se décrit comme un ‘snob’ sur le sujet de l’art, et c’est quelque chose qui se vérifie puisqu’il ne travaille qu’avec les meilleurs. Alors, être sélectionné par Mark pour travailler sur l’un de ses projets, c’est déjà en soi un genre de compliment. Comme une médaille que vous portez sur le torse.

AK : “Choisi par Mark”

PL : Oui, haha.

OC : Vous avez seulement échangé avec lui, ou aussi avec l’équipe de Netflix qui possède Millarworld ?

PL : Non, eux, je leur ai seulement parlé pour le paiement. (rires) 

OC : Evidemment.

PL : Oui, et d’ailleurs c’est un peu la même chose chez Marvel. Quand il faut parler comics, je m’adresse à Marvel, et quand j’ai un problème de paiement je vais plutôt aller m’adresser à Disney. Il faut aller à l’étage du dessus, à l’étape supérieure. Mais non, je n’ai pas eu de contact avec Netflix. Je pense que le plus important dans ce cas de figure, c’est d’avoir accès au gars qui a inventé tous les personnages. C’est un peu comme si vous vouliez faire un comics Marvel et que vous pouviez discuter avec Stan Lee. Quand vous travaillez sur un projet, que vous vous dites ‘je ne comprends pas exactement les motivations de ce mec, pourquoi il fait ça’ et dans le cas présent vous avez accès à celui qui est à l’origine des personnages en question. En général, chez Marvel vous vous adressez à l’homme ou à la femme qui écrit le personnage, mais pas au créateur original. Si vous avez un problème avec les X-Men, on ne vous laisse pas en discuter avec Chris Claremont, ou Stan Lee, ou Jack Kirby.

Mais dans ce cas, le fait d’être dans une plus petite maison d’édition… Enfin, Millarworld, la compagnie…

AK : Le label ?

PL : Oui, voilà. Très bien, le label. Le fait que l’organisation soit plus étroite permet d’avoir une ligne directe avec Mark. Ça nous permet d’être très productifs.

OC : Vous travaillez sur Big Game, un crossover de plus anciens personnages de Millarworld. Dans la mesure où Mark Millar travaille d’excellents dessinateurs (Coipel), comment avez-vous réussi à vous réapproprier ces figures créées par d’autres avant vous ?

PL : C’est une très bonne question. Ça a parfois été frustrant, et parfois stressant. Parce que, oui, vous regardez les références et vous devez ensuite produire votre propre version. Et ça peut-être très difficile d’y arriver, quand vous regardez ce que Stuart Immonen a pu faire, ce que Gigi Cavenago a pu faire, ou… Frank Quitely. Parfois, par exemple, Matteo Bufani - je ne sais pas si vous le connaissez, il est extraordinaire - je regardais certaines références de son travail, et j’en venais à me dire… ‘Pfouaaaah.’ (rires) Certains jours, c’était même difficile de travailler, parce que vous regardez tout ça et vous réalisez que vous êtes en face de quelque chose de trop gros, d’énorme… Ca a été compliqué.

Mais, dans le même temps, vous sentez que vous faites partie de quelque chose de vraiment spécial. Et… Vous n’avez pas besoin de vous dire ‘il faut que je dessine aussi bien que ce mec’. En fait, il faut se dire ‘il faut que je dessine du mieux que je peux.’ C’est ce que j’ai essayé de me dire à moi-même, pour m’aider à me relaxer, un peu. (rires)

OC : Vous disiez que le fait de travailler avec Mark Millar était l’un de vos objectifs, sur le marché américain. On sait aussi que vous êtes un fan de Coipel, de Pasqual Ferry, et de quelques autres grands noms qui sont très établis dans l’histoire de Marvel. Pensez-vous avoir mérité votre place aux côtés de vos idoles dans l’histoire moderne des comics ?

PL : Mmmh…

AK : Ne soyez pas modeste. (rires)

PL : Non, non non. Je ne suis pas modeste, j’essaye de trouver une réponse sincère. Laissez-moi y réfléchir… Disons :  quand je lis les comics X-Men qui sortent en ce moment, je retrouve beaucoup de choses que j’ai créées. Parce que j’ai eu cette chance d’avoir été sélectionné pour être le gars qui allait dessiner House of X, la base fondatrice de toute cette nouvelle ère des mutants. Donc je vois beaucoup de gens reprendre des trucs à moi. Des gens qui redessinent mes créations, ou qui se servent de mon travail comme ressource. Et ça me plaît énormément. 

Mais j’espère ne pas être encore une référence pour apprendre le dessin, comme Pasqual, ou comme Olivier parce que… Je ne pense pas être assez doué pour ça. (rires) Quand certaines personnes me disent ‘je trouve votre style génial, je le prends comme support pour apprendre à dessiner’, je leur réponds qu’ils devraient arrêter, et aller copier quelqu’un de plus talentueux. S’il vous plaît. Parce que je vois énormément de défauts dans mon style, je suis incapable de lire mes propres BDs.

AK : Comme beaucoup, beaucoup d’artistes.

PL : Oui, je ne pense pas que ce soit spécifique à mon cas personnel. A mon avis, on doit tous ressentir ça. Une des choses que je trouve les plus dingues, c’est que Stuart Immonen est par exemple le gars le plus humble de la planète. Il ne pense pas comme nous. Il vit dans un monde où… Stuart Immonen n’existe pas. Et je pense que c’est l’une des marques de fabrique des grands artistes - l’humilité. Ils n’ont pas envie de se vanter ou ce genre de choses;

AK : Mais tout de même, vous avez fondé le principe de Krakoa avec Jonathan Hickman dans House of X. Ca a dû représenter énormément de travail, pour les designs de costume, l’aspect de cette civilisation…

OC : Le monde floral de Krakoa, avec cette esthétique solar-punk.

PL : C’est une sorte de piège que je me suis tendu, et dans lequel j’ai fini par tomber. Je suis très fan de cette idée de dessiner un univers en construction, et tout ce qui va avec. Je crois que concevoir le ‘world building’ est ce que je préfère dans les comics. Et quand on a commencé à poser les concepts pour Krakoa - c’est quelque chose que je répète souvent en interviews, parce que je trouve ça assez intéressant. Jonathan nous a donné une consigne, qui disait ‘tout ce qui a à voir avec les mutants doit se connecter à l’idée de la vie biologique, et des plantes, etc.’ C’était à la fois très précis, mais aussi très ouvert à l’interprétation. Et alors on a commencé à dessiner. Il y avait des choses qui étaient dans le script, mais je voulais convoquer une certaine idée vis-à-vis de Krakoa… En gros, qu’il ne s’agissait pas juste de bâtiments recouverts de plantes. 

Parce que si vous dessinez un bâtiment en béton et que le recouvrez de plantes grimpantes, il va surtout avoir l’air abandonné, ancien, et pas accueillant, et froid. Je voulais créer quelque chose de différent. Quelque chose qui donne envie d’aller visiter ce bâtiment. Quelque chose d’attirant, de moderne, d’alien, qui ne fasse pas humain. Comme si les mutants étaient vraiment en train de créer une toute nouvelle culture. Et c’est quelque chose de très important pour moi.

Donc c’est pour ça que je me suis obligé à beaucoup me documenter sur l’architecture, à étudier beaucoup de références, dans la construction et à d’autres niveaux. Je pense que c’est l’une des plus belles expériences que j’ai eu à travers ma carrière dans les comics. Ça a été très positif : l’idée a pris, ça a bien fonctionné, les gens ont apprécié, et je pense que ça a été un bon moule pour de nouveaux artistes qui ont pu ensuite développer leurs propres parties de Krakoa. Et le pire dans tout ça, c’est qu’en fait, en ce qui me concerne, je n’ai pas dessiné tant que ça de la civilisation en elle-même. Les scripts qu’on m’envoyait ne se passaient presque jamais sur l’île ! (rires) Je voulais dessiner l’île mais on ne me laissait pas faire. ‘X of Swords : Ouais, on commence par Krakoa, mais on la quitte au bout de deux pages’ QUOI, SEULEMENT DEUX PAGES ? JE VEUX DESSINER L’ÎLE. Valerio Schiti m’avait dit qu’il avait une histoire qui se passait sur Krakoa, je lui ‘woauh, mec, je suis jaloux. J’aimerais bien y aller de temps en temps.’

AK : Êtes vous toujours exclusif à Marvel ?

PL : Oui.

AK : Donc vous n’allez pas travailler avec DC dans l’immédiat.

PL : Non, il me reste quelques numéros à honorer dans mon contrat avec Marvel. Je crois même qu’il me reste quelques années avec Marvel sous contrat, oui.

C : Alors, nous arrivons bientôt à la fin de… Enfin, ON PENSE que bientôt, l’ère de Krakoa prendra fin pour les X-Men, avec Fall of X. Vous qui avez été là depuis le début, et qui avez accompagné les mutants pendant toutes ces années, comment appréhendez vous l’avenir de la famille mutante avec ce qui se présage à l’horizon ? D’un point de vue artistique, pensez-vous que ce sera différent ?

PL : Et bien… J’ai peur de vous décevoir, parce qu’en réalité, je viens de passer un an loin des X-Men à travailler sur le projet avec Mark Millar. Et aussi, à devenir père, puisque je suis père depuis l’année dernière. Donc vous imaginez bien que mon année a été assez chargée. (rires) Et je n’ai pas vraiment été très connecté aux X-Men depuis que je suis parti. Donc je rattrape mon retard en ce moment, puisque je signe quelques pages dans le numéro Hellfire Gala (je crois que ça a été annoncé ?). Mais je suis justement en train de rattraper mon retard, je lis tout ce qui est sorti depuis, mais je n’en sais pas encore assez pour former une opinion sur ce que ça va être, ou ce qui va se passer. J’ai recommencé seulement cette semaine à échanger avec Marvel. Je viens même d’écrire à Jordan D. White pour lui dire ‘je me suis seulement absenté un an ! Un an ! Et vous avez réussi à tout casser en aussi peu de temps !’ (rires)

AK : Très bien ! Merci beaucoup Pepe.

Arno Kikoo
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