Le débat sur les intelligences artificielles progresse de mois en mois - au point de s'inviter sur les plateformes de grandes antennes, pour évoquer les différentes questions induites depuis leur apparition. Actuellement, la grève des scénaristes de la Writers Guild of America a marqué un premier coup de semonce sur une partie précise de ces débats, du point de vue de l'automatisation du travail, en formulant assez clairement le risque de l'obsolescence pour un corps de métier face à l'évolution des technologies d'IA génératives.
De leur côté, les artistes de comics (et les illustrateurs du web en règle générale) avaient déjà tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises, dès les premières prouesses des algorithmes Midjourney, Stable Diffusion, Dall-E etc, sur les réseaux sociaux.
Mais évidemment, rien n'a évolué de ce point de vue
Dans le milieu de la bande-dessinée, beaucoup voient d'un assez mauvais oeil la mécanique "d'entraînement" des IAs - une méthode qui va consister à enseigner aux algorithmes la réplication d'objets précis, d'esthétiques précises et de compositions spécifiques. Autrement dit, en renseignant une certaine quantité d'images en formes d'échantillon, une intelligence artificielle sera ensuite capable de répliquer indéfiniment un modèle donné. Pour les artistes, cela signifie donc que leur façon d'aborder le dessin peut être répliquée par ces nouveaux "outils". Sans leur accord, et face à la question juridique du droit d'auteur. Une zone grise que les organes de régulation américains (en première ligne de front) étudient au cas par cas.
Dans l'immédiat, les dessinateurs sont toutefois incapables de protéger leur travail de ces séquences "d'entraînement" - dans la mesure où la réplication d'images se fait souvent à l'initiative de particuliers, dont l'origine est souvent complexe à retracer. Dernier exemple en date : Pepe Larraz, artiste vedette de la Maison des Idées, a partagé sur les réseaux sociaux un cas assez flagrant de plagiat, réalisé sans son accord. Comme d'habitude, le résultat est à la fois bluffant et terrifiant, dans la mesure où les images réalisées copient à la perfection son coup de crayon (pour les personnages, décors, etc).
Seul rempart légal avantageux : la justice américaine semble pour le moment considérer que les bandes-dessinées réalisées par algorithmes ne peuvent pas être protégées par la juridiction des copyrights en vigueur. Ce qui semble plutôt logique, dans la mesure où les bases de données des intelligences artificielles reposent sur des images qui n'appartient pas aux sociétés à l'origine de ces programmes.
A voir comment cette situation évoluera d'ici les prochaines années, et si des maisons comme Marvel ou DC Comics n'auraient pas intérêt à étudier les pistes légales pour se prémunir de ce genre de situations - dans la mesure où il s'agit, pour Pepe Larraz, de dessins sous licence utilisés pour l'IA training.