Dans les méandres du catalogue Charlton Comics, le personnage de Peacemaker n'a jamais eu les faveurs de DC. L'enseigne aura généralement préféré s'intéresser à la Question, plus compatible avec l'idéal local du détective en environnement urbain, plus malléable, plus aisé à moderniser, ou au Blue Beetle, un héros très classique capable de fonctionner en équipe, en mentor, avec sérieux ou avec humour en fonction du scénariste à la barre. Le Peacemaker, lui, pose problème : trop conventionnel dans sa version classique, trop noir et terrifiant dans ses lectures postérieures (l'angle "tueur fou", "dédoublement personnel" ou "papa nazi" n'aident généralement pas à se faire de nouveaux copains aux soirées apéros), le personnage aura eu un certain mal à trouver sa place dans l'éditorial bien huilé des éditions DC Comics.
Jusqu'à ce que James Gunn dise : Hey. J'laime bien lui. Il est marrant.
Effectivement, le regain de popularité de
Christopher Smith doit beaucoup au coup double
The Suicide Squad/
Peacemaker. Les deux adaptations,
en décidant de capitaliser sur l'absurdité du héros, un temps vilain infiltré, un temps loser magnifique, auront offert à l'enseigne de bande-dessinée la lecture débridée qui manquait à ce héros poussiéreux : dorénavant, le
Peacemaker est un rigolo. Une satire de ce qu'il était autrefois en comics, une parodie du héros américain traditionnel de l'iconographie Ronald Reagan, un homme-enfant à gros bras qui aime les bêtes, les armes, et danser à poil dans son salon. Merci,
James, difficile de dire que t'auras volé ton poste de président.
Grâce au rapprochement naturel des imaginaires entre adaptations et comics, qui pousse généralement les éditeurs à se caler sur les versions "canonisées" au cinéma ou à la télé',
DC Comics a donc décidé d'embrasser à fond cette nouvelle posture avec un
Peacemaker un poil plus dégingandé. Et pour cause, l'éditeur a été chercher
Kyle Starks (
Assassin Nation) et
Steve Pugh (
Billionaire Island) pour la série
Peacemaker Tries Hard!,
annoncée il y a quelques semaines pour l'enclave du
DC Black Label. Deux champions de la comédie en BD, qui vont assumer de pousser le concept du
Christopher Smith de
John Cena jusqu'à atteindre un statut de quasi-spin-off. Même gueule, même costume, même personnalité, même caravane. La seule différence notable, c'est qu'on a troqué l'aigle de compagnie pour un sympathique bouledogue français.
Kyle Starks a livré une petite entrevue à la rédaction du site ComicsBeat (vous pouvez la retrouver en lien source, le gars livre un avis assez intéressant sur la différence chien/chat) assortie de quelques planches de preview en avance sur le premier numéro. Pour motif de cette histoire en six numéros : libéré de la Suicide Squad et rendu à une vie de justicier proactif, Peacemaker adopte un mignon petit toutou au cours d'une mission. Un vil enfoiré décide d'enlever le toutou en question, et donc, forcément, ça va barder. John Wick rencontre donc John Cena dans cette aventure résolument loufoque et servie par deux grands noms de la BD américaine - il s'agira au passage des premiers pas de Kyle Starks à l'écriture d'une série publiée en mainstream. Le hasard veut qu'un fan avait suggéré l'idée à DC Comics sur les réseaux sociaux, et que l'enseigne aura fini par contacter le scénariste lorsque ce-dernier avait partagé le post en question. Croyez en vos rêves, tout ça tout ça.
Peacemaker Tries Hard! #1 est attendu pour le 2 mai 2023.
