Ce n'est plus une surprise pour grand monde - depuis son accession au statut de vedette, ou de Roi Midas d'Hollywood susceptible de sauver la moindre franchise à la force de ses poings, Dwayne Johnson a pris l'habitude de contrôler le moindre des projets dans lesquels il accepte d'apparaître. Au point de co-produire l'essentiel de ceux-là via sa propre société, Seven Bucks Productions, listée sur la moindre apparition récente du colosse - Jumanji, Rampage, Hobbs & Shaw, Jungle Cruise, Red Notice, Super Pets, et bien sûr, Black Adam. Un casquette de producteur-acteur qui assure à Johnson un certain contrôle créatif, pour s'assurer de maîtriser son image publique, de ne jamais dévier de ses propres objectifs, et de garder sa carrière sur le même cap.
Quitte à compliquer la vie à certains de ses patrons
Avec la sortie toute proche du film Black Adam, la vedette entame la tournée d'interviews qui précède la dernière ligne droite de cette longue campagne de promo'. De passage chez Vanity Fair, Johnson a ainsi expliqué qu'à l'origine, Warner Bros. comptait tourner un film Shazam dans lequel Black Adam aurait servi de personnage miroir à l'origine de Billy Batson et de son alter-ego en rouge. Le premier script, écrit à l'époque par le scénariste Darren Lemke, ne fut pas du goût de la vedette qui proposera (ou plutôt, exigera) que les deux personnages fassent bande à part dans deux films bien isolés.
"Quand la première version du film nous a été présentée, il s'agissait de combiner Black Adam et Shazam : deux origin stories en une. C'était l'objectif - et ce n'était pas une surprise totale non plus. Mais lorsque j'ai lu ce script, j'ai tout de suite senti dans mes tripes que ça n'allait pas. Cette version n'aurait pas rendu service à Black Adam. Ca aurait été favorable à Shazam d'avoir deux origines qui convergent dans un seul et même film, mais pas pour Black Adam.
Je leur ai passé un coup de fil. Je leur ai dit 'il faut que je vous donne mon avis... Et je vous préviens, ce n'est pas une opinion populaire.', parce que tout le monde trouvait que le script était bon et qu'il fallait faire ce film. Je leur ai dit 'vous devriez faire Shazam de votre côté, faites ce film en solitaire et faites le dans la tonalité que vous voulez. Et nous, nous devrions en faire quelque chose de séparé de notre côté.'"
Evidemment, il aurait été impossible pour Warner Bros. de refuser d'accéder à la demande de Johnson, attendu que l'ensemble du projet reposait sur ses (larges) épaules. Il n'est d'ailleurs pas difficile de deviner ce qui a pu bloquer à ce moment là. L'idée pour Johnson de partager la vedette, de ne pas être le gars le plus fort du film (dix balles que ses contrats intègrent vraiment ce genre de clauses débiles, qui me suit ?), dans le cadre très "publicitaire" d'un cinéma des super-héros qui aime ses icônes, ancrées dans des aventures solitaires en forme de grands véhicules de popularité, bref, mettons que le studio en demandait probablement un peu trop à un acteur qui n'a pas la réputation d'apprécier les rôles de second plan.
Mais, on pourra s'étonner de la part d'un bonhomme qui se revendique ouvertement comme un fan de comics (au sein de Seven Bucks, beaucoup connaissent leurs classiques et citent volontiers en interview l'une ou l'autre grande BD DC) de vouloir séparer deux personnages si naturellement faits pour se rejoindre. En particulier quand Johnson admet lui-même que le script était bon. Reste à espérer que le public n'y perdra pas trop au change - du côté de Shazam, on peut déjà estimer que le public a des raisons de se sentir lésé.
Black Adam fera ses débuts dans les salles obscures le 19 octobre 2022.