Après s'être retranché dans un rôle d'éternel itinérant de l'industrie de la bande-dessinée aux Etats-Unis, Frank Miller plonge dans le grand bain de l'édition indépendante. L'artiste annonce en grande pompe le lancement de Frank Miller Presents, une maison d'édition montée en compagnie de Dan DiDio et consacrée à ses futurs projets, ainsi qu'à la mise en chantier de créations originales, avec la promesse d'accueillir de nombreux contributeurs extérieurs (vétérans des comics ou jeunes talents en devenir).
Récemment, DiDio s'était rapproché de Frank Miller pour un poste important - les deux hommes avaient effectivement été aperçus ensemble lors d'une convention il y a encore quelques semaines, et les bruits de couloirs rapportés par la rédaction de BleedingCool laissaient entendre que l'ancien patron de DC Comics allait se charger de gérer le catalogue du dessinateur pour de futurs projets. Finalement, la rédaction du Hollywood Reporter confirme. Les discussions autour de la structure Frank Miller Presents ne datent pas d'hier, et auraient même été entamées il y a deux ans - vraisemblablement, après la mise à pied de DiDio de chez DC par les responsables du pôle décisionnel. Le bonhomme jouera à nouveau le rôle d'éditeur-en-chef, tandis que Frank Miller se contentera d'un poste de président.
Sin City, Ronin, et des projets tout neufs
Frank Miller Presents - un nom qui évoque avec ironie celui de la revue Dark Horse Presents dans laquelle Miller avait attaqué la parution de la première série Sin City, et croisé la route de Geof Darrow pour Big Guy & Rusty - permettra au dessinateur de déléguer à d'autres certaines de ses créations. Pour l'heure, aucune équipe créative n'a été annoncée, mais le patron de cette nouvelle entité assure que son but est aussi de former la génération suivante. En sélectionnant des profils variés, et en se donnant pour mission d'éditer au moins quatre projets chaque année. Une première charrette d'annonces a donc été formée pour accompagner le lancement de la compagnie, avec, au menu :
- Sin City 1858, le fameux projet de préquelle à l'univers urbain et sombre de Frank Miller cette fois déplacé dans l'Amérique du Far West. Il serait surprenant de voir un autre artiste prendre les commandes de ce projet précis compte tenu de la particularité de cette petite saga, pensée comme une surimpression d'aplats de noir sur des structures blanches et inversement. Si Miller a un peu perdu de son coup de crayon d'autrefois, cette technique particulière d'éclairage et de suggestion par les contours pourrait lui permettre de rester pertinent dans sa propre école de dessin.
- Ronin Book Two, une suite à la mini-série Ronin éditée en 1983 et 1984 chez DC Comics, un titre un peu moins connu de la bibliographie Frank Miller mais tout aussi fascinant que ses inventions postérieures. Le premier album de Ronin suivait un samouraï déchu transporté à travers le temps après avoir affronté un démon responsable de la mort de son seigneur (le titre a inspiré le dessin animé Samouraï Jack, pour celles et ceux qui se poseraient la question). Difficile de savoir exactement à quoi ressemblera cette suite, ni qui se chargera de l'écrire ou de la dessiner. On est même assez surpris de savoir que Miller a conservé la propriété intellectuelle de Ronin, un univers inventé longtemps avant la migration du dessinateur vers Dark Horse.
- Deux autres créations originales dont on ne connaît que le titre : Pandora et Ancient Ennemies.
Frank Miller Presents devrait se lancer d'ici à la fin de cette année, avec un plan d'édition en physique et en numérique pour chaque projet. Dans le communiqué de presse qui accompagne cette annonce (massue), Miller évoque l'envie de jouer un rôle de mentor pour les dessinateurs de demain, de pousser leur travail et de les accompagner avec cette nouvelle casquette d'éditeur. De plus amples annonces devraient suivre d'ici les prochaines semaines. Avec ses contacts dans le milieu du cinéma et de la SVOD, le géant ne devrait pas avoir de mal à placer certaines de ses nouvelles créations chez l'un ou l'autre studios en mal d'adaptations. Coup double, comme on dit.