MàJ 24/04/22 : comme il fallait s'y attendre, d'autres pays ont pris le pas sur l'interdiction de diffusion de Doctor Strange : in the Multiverse of Madness, sur la même base de représentation d'un personnage LGBT+. Ainsi, il est rapporté que ni l'Egypte, ni le Koweït ne diffuseront le film de Marvel Studios.
A mesure que la représentation des identités LGBT+ progresse à Hollywood, à l'inverse, de plus en plus de long-métrages sont interdits dans les états du Golfe Persique. Après Les Eternels de Chloe Zhao, le film Doctor Strange : in the Multiverse of Madness se retrouve proscrit en Arabie Saoudite. Cette interdiction repose sur le motif habituel : la présence de l'héroïne lesbienne America Chavez dans cette seconde aventure du sorcier suprême au cinéma, dans un pays qui criminalise ouvertement l'homosexualité et applique une censure immédiate à toute forme de représentation de ces sujets à l'écran.
Les pays voisins devraient suivre
Le film de Sam Raimi ne devrait pas tarder à être interdit dans les pays voisins de la péninsule : le Qatar et le Koweït, où l'homophobie d'état s'applique sur les mêmes critères, avaient ainsi proscrit la sortie de Les Eternels pour le personnage de Phastos (Bryan Tyree Henry), explicitement présenté comme un homme gay dans le long-métrage de Zhao. Le Hollywood Reporter confirme que le Koweït aurait déjà décidé de se positionner pour une interdiction mais que l'annonce n'est pas encore officielle. Elle ne serait pas, en revanche, particulièrement surprenante le cas échéant.
Petits territoires sur le plan de la fréquentation des salles (ou du prix du ticket), les états du Golfe Persique ne comptent pas pour un secteur particulièrement important dans les plans de conquête de Disney en général. Le studio a pris depuis très récemment la décision d'affronter la colère des censeurs en refusant de couper les personnages LGBT+ au montage de leurs grosses sorties, comme cela avait pu être pratiqué pour des projets importants, quitte à assumer le risque de se couper d'une partie du public. Un paradoxe pour une entreprise mêlée à des politiques publiques visant à restreindre le champ de l'homosexualité dans l'éducation aux Etats-Unis, mais qui témoigne toutefois d'un effort réel, pour un sujet difficile à faire passer dans de très nombreux pays.
Par exemple, si la présence de personnages LGBT+ n'est pas officiellement criminalisée en Russie, les projets concernés se retrouvent toutefois affublés de classifications précises, pour adultes, peu importe la tonalité ou la réalité thématique des oeuvres en question (pour les plus de 18 ans dans le cas de Les Eternels, un film considéré comme "familial" à l'image de toutes les productions Marvel Studios). Récemment, Warner Bros. avait de son côté décidé de couper six secondes du dernier film Les Animaux Fantastiques évoquant la romance de Dumbledore et Grindelwald pour aider à l'implantation du projet dans ces territoires plus stricts.
Espérons pour Disney que cette stratégie finira par payer, et que les spectateurs d'Arabie Saoudite sauront surmonter le drame de ne pas savoir si Wanda a bien récupéré ses gamins après WandaVision. Espérons peut-être aussi que les choses changent, même si l'espoir commence à se tarir à force de générations.
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