La série Peacemaker s'est achevée cette semaine, dans l'ambiance festive et musicale chère aux productions James Gunn. Sur ce projet, le metteur en scène a poussé quelques unes des réflexions entamées avec le film The Suicide Squad, sur une première saison de huit épisodes, tous consacrés à l'enfoiré au casque réfléchissant et à sa bande de potes d'un petit département secret du gouvernement américain. L'adaptation en a profité pour ramener quelques nouvelles têtes du catalogue DC Comics - mais pas toutes, et une partie du public a eu déjà l'opportunité d'exprimer sa juste colère sur les réseaux sociaux à ce sujet. Rien ne change. Rien ne varie.
Pendant que ça fait sécher des bûches pour aller foutre le feu à la maison de Walter Hamada dans de sombres recoins du web, mettons que si vous n'avez pas regardé la série, il vous est commandé d'aller plutôt lire un autre article.
Pour ceux qui sont encore là, le fait que la série Peacemaker a accueilli un couple de caméos inattendus n'a rien d'un secret. Au sortir de la bataille finale, l'équipe de héros, épuisée et passablement agacée d'avoir dû en finir avec la pauvre vache cosmique, tombait nez à nez avec la Justice League appelée à la rescousse pour mettre fin aux plans des papillons. Dans le tas, Jason Momoa et Ezra Miller avaient effectivement accepté de participer à l'épisode. Leurs visages ont été filmés de près, et les deux comédiens portaient leurs costumes. Superman et Wonder Woman, également présents, étaient de leur côté filmés dans la pénombre. Une façon comme une autre de pallier à l'absence d'Henry Cavill (qui ironisera sur les réseaux sociaux en expliquant que son visage "appartient à Netflix par contrat d'exclusivité") et de Gal Gadot. Les vedettes ont été remplacées par des doublures, pour l'occasion.
Si
Warner Bros. semble aujourd'hui assez ouvert avec l'idée de se passer de
Cavill dans l'avenir immédiat (sans avoir pour autant envie de formuler les choses clairement), beaucoup se sont interrogés sur l'absence de
Cyborg et de
Batman dans ce plan en forme de clin d'oeil géant. Même sans avoir besoin d'engager
Ray Fisher - qui a de son côté
exclu toute forme de retour tant que
Walter Hamada n'aurait pas démissionné de son poste de président du studio
DC Films - ou
Ben Affleck,
James Gunn aurait pu se contenter d'embaucher de simples doublures, comme pour
Superman et
Wonder Woman, et avoir ainsi toute l'équipe présentée à l'écran. Une piste de réflexion qui a, manifestement, été envisagée.
Sur les réseaux sociaux, l'acteur Matt Turner explique avoir bel et bien été embauché pour prêter sa stature à Batman pour cet unique plan de la Justice League. Le comédien a posé sur Instagram dans la tenue confectionnée par l'équipe des costumes de la série Peacemaker pour l'occasion, en précisant que le personnage de Cyborg était aussi prévu dans le scénario original. En définitive, les deux héros auraient été supprimés à la dernière minute. Turner ne donne pas de raison précise à cette curieuse correction de tir.
Interrogé sur l'absence de Batman et Cyborg, James Gunn a de son côté expliqué à demi mots que la décision viendrait d'en haut, dans la pyramide décisionnelle des productions Warner Bros. et DC Films, tout en essayant de botter en touche sur le sujet.
"Vous savez, je ne suis pas sûr de ce que je peux dire... Il y a des raisons à ça, mais je ne suis pas certain d'être autorisé à évoquer ces raisons. Ca a peut-être quelque chose à voir avec des trucs prévus à l'avenir."
Pour éviter de retaper l'ensemble de la cabale survenue dans la foulée du feuilleton "
Snyder Cut", les raisons en elles-mêmes semblent très évidentes à décortiquer : d'une part,
Warner Bros. n'aurait aucune intention de réembaucher
Ray Fisher compte tenu des critiques formulées par le comédien à l'adresse des pontes du studio, et sur le sujet de
Ben Affleck, les huiles de
DC Films chercheraient simplement à tourner la page.
Ben Affleck fera bien une apparition dans le film
The Flash avant de tirer sa révérence, pour être remplacé au pied levé par un
Michael Keaton de retour dans la peau de
Bruce Wayne et le costume de la chauve-souris. Au point d'avoir déjà commencé à tourner d'autres films postérieurs à sa réintroduction dans
The Flash,
très récemment.
En somme, la production a peut-être simplement décidé de mettre la poussière sous le tapis. Sans Ray Fisher, il est difficile d'imaginer que l'entreprise se réintéressera dans un avenir proche au personnage de Cyborg. Compte tenu de l'aigreur des amateurs du cinéma de Zack Snyder, remplacer l'acteur par un autre interprète poserait probablement de nouveaux problèmes d'image au studio, en particulier après les accusations de ce-dernier sur le racisme supposé de Geoff Johns et Joss Whedon lors du second tournage de Justice League. Pas forcément essentiel en termes de popularité et d'utilité matricielle dans l'univers DC, Cyborg aurait donc vocation à s'effacer, selon un calcul pragmatique de gains et conséquences. Quant à Batman, la proximité du nouveau film de Matt Reeves a peut-être aussi guidé la main du studio dans l'envie d'effacer cette lecture précédente du personnage, qui risque de toutes façons de disparaître dès cette année une fois que The Flash aura achevé son plan de grande transformation supposée de la continuité.
Reste seulement à justifier la présence de
Superman, éternel caillou dans la botte de
DC Films tant qu'une meilleure solution n'aura pas été trouvée. Mascotte de l'entreprise, héros fondateur de la
Justice League, le Kryptonien est simplement trop important pour être mis à part dans une scène censée représenter l'équipe en déplacement pour une action quelconque. Un problème qui s'était déjà posé
sur le tournage de Shazam, film qui multiplie les références au héros en bleu jusqu'à sa conclusion - tout en se cognant contre le refus systématique de
Warner Bros. à réengager
Henry Cavill pour un modeste retour ponctuel, susceptible de raviver dans le coeur des fans l'espoir d'un
Man of Steel 2 dont le studio ne veut pas.
En définitive, James Gunn, c'est un peu le gars dans une bande de potes à problèmes qui tente une blague pour détendre l'atmosphère, avant de se rappeler qu'il est le seul dans la pièce à être copain avec tout le monde. On ne peut pas grand chose contre l'historique.