Le groupe virtuel Gorillaz envisage (enfin) de se positionner sur un projet de long-métrage. Damon Albarn, figure de proue du collectif, évoque dans les colonnes de NME la mise en chantier d'un film d'animation basé dans l'univers des personnages de Jamie Hewlett, 2-D, Noodle, Murdock et Russell, prévu pour la grille de Netflix. Le géant de la vidéo-à-la-demande aurait déjà d'ores et déjà signé le projet, actuellement en cours d'écriture. Albarn évoque une première session de travail sur le scénario, sur la piste d'un film "abstrait" et inspiré par les productions du Studio Ghibli.
Hallelujah Money
Les premiers pas du groupe
Gorillaz remontent au début des années 1990, lorsque le guitariste de
Blur,
Graham Coxon, proposera à
Hewlett d'interviewer
Damon Albarn pour le compte du magazine
Deadline. Grand admirateur du dessinateur, connu au Royaume-Uni pour son travail
sur le personnage de Tank Girl,
Coxon facilitera la rencontre des deux loustics, qui deviendront vite de grands potes, puis, plus tard, de futurs colocataires. A force de squatter le canapé devant l'absurdité des productions
MTV et de la génération boys band,
Albarn et
Hewlett finiront par développer une sorte de projet parodique des groupes artificiels, sur la base d'une troupe de gorilles de dessin animé.
L'imaginaire de Gorillaz évoluera rapidement vers une formation de quatre personnages à grosses mâchoires, croisés avec les obsessions graphiques de Hewlett et l'esprit de jeunes cons des deux créateurs. Suite au succès de leur premier album (Gorillaz, 2001), l'équipe s'intéresse à l'idée de développer le narratif du groupe sous la forme d'un long-métrage. Après avoir rencontré plusieurs sociétés de production intéressés par le projet, Albarn et Hewlett finiront par baisser les bras, démotivés par l'esprit rationnel et commercial des cols blancs d'Hollywood. L'idée d'un film Gorillaz n'est toutefois pas directement abandonnée à l'époque, mais remise à plus tard, "quand on aura les moyens de le faire nous-mêmes, ou de lever des fonds nous-mêmes un jour, peut-être."
La popularité du groupe et l'apparition progressive des "albums visuels" dans le paysage musical contemporain auront fini par donner raison à la patience des créateurs. Après avoir envisagé de passer à l'animation en trois dimensions pendant quelques années, Gorillaz a fini par opérer un chemin inverse vers le dessin animé traditionnel, pour le plaisir des fans. Plus populaire que jamais, le groupe de Damon Albarn s'est récemment distingué lors du projet "Song Machine", album distillé en plusieurs morceaux au coup par coup, accompagnés de clips vidéos minimalistes et toujours illustrés par un Jamie Hewlett en grande forme.
Reste à espérer que cette ultime tentative sera la bonne, et une intéressante transition pour le dessinateur de Tank Girl, débarqué de l'industrie de la bande-dessinée depuis un assez long moment.