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DC Future State : que valent les premières sorties du 5 janvier 2021 ?

DC Future State : que valent les premières sorties du 5 janvier 2021 ?

chronique

Il sera difficile en ce début d'année 2021 de passer à côté de DC Comics ; l'éditeur à deux lettres commence fort avec un event étalé sur deux mois, DC Future State. Le principe est assez simple : suivant les conséquences de Dark Nights : Death Metal (qui s'est conclu avec son 7e numéro), on nous explique que le Multivers nouvellement formé est propice à toutes les opportunités possibles et inimaginables. Comprendre d'un point de vue éditorial que l'ensemble des publications de DC Comics n'a pas à se tenir sur une même Terre et au même moment.

En résulte donc une première expérimentation, ce DC Future State, qui proposera sur deux mois de se projeter dans un futur plus ou moins éloigné de l'univers DC Comics (toutes les histoires ne se déroulant pas au même moment) ; le but est tant de proposer des situations nouvelles pour des personnages bien connus (un Superman exilé sur Warworld, une Wonder Woman - Diana - qui ère à la fin des temps, ou un Batman laissé pour mort dans une Gotham City tombée sous un régime policier) que de proposer de nouveaux visages pour ces mêmes rôles (qu'il s'agisse de Yara Flor, de Jon Kent en Superman ou du Next Batman). Un panel large d'idées et dans cette série d'articles, nous vous proposerons avec Corentin le ressenti sur chacun des titres publiés au fil des semaines. Alors sans plus tarder, allons y !


Future State : The Next Batman #1

Evénement dans l'événement, la prise de contrôle (momentanée) de John Ridley IV sur le personnage de Batman représentait un enjeu de poids pour le projet Future State et DC Comics au sens large de longs mois avant la sortie de ce premier numéro. Pour le tronc commun de ce futur déliquescent, le titre pose les bases d'une nouvelle Gotham City, pilotée par un personnage mystérieux baptisé "Le Magistrat" (The Magistrate). Ce vilain encore mystérieux instaure une loi martiale à l'encontre des porteurs de masques dans la capitale du crime : un bataillon de fantassins surarmés a pour mission de traquer les héros ou méchants qui choisissent de dissimuler leur identité, suite à un événement particulier survenu en amont de ce premier numéro. La surveillance des masses est aussi mise sur la table, avec une voix de narration qui n'hésite pas à parler d'état fasciste ou policier.

Au-delà de toute parabole plus ou moins directe avec le présent politique des Etats-Unis, la série The Next Batman profite surtout d'un intérêt symbolique : dans le costume de la chauve-souris, un premier personnage noir après plus de huit décennies à suivre différents héros caucasiens dans les ruelles sombres de Gotham City. Couplé à l'écriture de Ridley IV, ce nouveau chevalier convoque mécaniquement le discours politique engagé qui manquait aux comics mainstream de ces dernières années (un refus de s'engager sur certains débats de société, mis en lumière par l'affaire George Floyd de l'an dernier). Le scénariste s'engage sur le terrain de la justice sociale, et commence par situer son Batman en adversaire du système et de la police violente, personnifiée par les forces du Magistrat. Après avoir copiné avec le GCPD, le justicier est rendu à son rôle de hors la loi.

La parabole de "Little Santaprisca", un quartier populaire de Gotham peuplé de descendants de migrants latino-américains fonctionne sur ce plan sociétal. Bane, dictateur et super-méchant, représente l'une des rares couches de personnages hispanophones dans le paysage de la cité maudite. Ridley va donc s'en servir comme une allégorie sur la mécaniques des gangs urbains qui profitent de la précarité globale et de l'abandon ou du racisme systémique des Etats-Unis envers ces jeunes gosses des quartiers pauvres pour recruter de nouveaux membres. Un premier embryon de propos, qui manque toutefois de contexte ou d'enjeux bien définis pour le moment : le numéro va vite sans prendre le temps de se présenter au lecteur, jouant sur un mystère factice autour de l'identité de Batman (on aimerait jouer le jeu que DC Comics nous en empêcherait : l'éditeur a déjà sabordé la surprise le temps d'une couverture variante).

Agréable à l'oeil, cette entrée en matière n'est pas encore la révolution que l'on espérait du premier numéro des séries Future State de Gotham City : bien écrit, plutôt bien rythmé, l'ensemble introduit peu et attaque trop vite dans le dur sans élément déclencheur. Le piège de cette stratégie qui vise à plonger le lecteur dans un futur déjà établi pour rattacher les wagons plus tard : si les séries n'ont pas une énorme surprise en stock qui mérite de poser la question "comment en est-on arrivés là ?", difficile de se prendre au jeu. En l'occurrence, l'arrivée du Magistrat et la disparition de Bruce Wayne évoquent d'autres futurs possibles du même genre, on attendra donc de voir comment Ridley développe son écriture sociale pour trouver le corps de ce nouveau projet.


Le constat est en demi-teintes pour les deux autres histoires proposées dans The Next Batman #1. Du côté des Outsiders, Brandon Peterson imagine une version futuriste de l'équipe qui sera propice à voir quelles améliorations ou quelles nouvelles capacités certains de ses membres ont droit. L'intrigue est pêchue et hyper dynamique - sans trop en dire, il s'agit simplement d'un affrontement contre les forces du Magistrate - et comme souvent, l'entente entre les différents partenaires est au coeur des enjeux narratifs. Assez simple à suivre, le récit profite surtout du dessin de Sumit Kumar (These Savage Shores) proprement incroyable sur certaines planches. On pourra rester critique sur l'orientation générale de la direction artistique, mais le dessinateur sait rendre les moments d'actions vivants, et donne à Katana une prestance qu'on ne lui retrouve que trop rarement. Pour la beauté du trait, surtout, mais l'histoire a aussi quelque chose qui donne envie d'y retourner.

Plus amère sera la lecture sur les Arkham Knights de Paul Jenkins, qui décide d'allier différents super-vilains sous la houlette de l'Arkham Knight (la nouvelle version introduite par Peter J. Tomasi dans son run de Detective Comics), là aussi dans le but de lutter contre l'une ou l'autre faction du Magistrate. Une histoire qui reste bien trop bavarde pour ce qu'elle a réellement à dire, avec des personnages qui souffrent largement de la direction d'ensemble. Quoique le dessin de Jack Herbert soit assez solide, le tout donne l'impression que l'équipe créative a un peu trop joué à Arkham Knight et s'est décidé à placer des armures et des plaques de métal dans tous les sens. Une vision assez pauvre et surtout déjà vue dès lors qu'on s'aventure dans du "DC Comics futuriste" ; du reste, Astrid manque de charisme pour qu'on ait envie de poursuivre les aventures, et l'équipe a du mal à être crédible dans sa supposée cohésion. Vous l'aurez compris : ce n'est pas fameux.

Future State : Harley Quinn #1

Bien belle surprise que ce numéro d'Harley Quinn, qui nous permet de nous rassurer d'emblée sur l'écriture de Stephanie Phillips, nouvelle venue sur le personnage, et qui doit en assurer la nouvelle série régulière par après. Si quelques projets Black Label (dont Harleen ou Criminal Sanity) ont pu explorer le côté "docteure en psychologie" d'Harleen Quinzel, l'héroïne a trop longtemps souffert d'un run deadpoolesque dans la continuité principale de l'éditeur à deux lettres. Heureusement, Phillips prend l'héroïne au sérieux, en ancrant Harley dans ce contexte de ville policière qu'est devenue Gotham City.

Capturée par le Magistrate, Harley Quinn se voit faire une proposition par un certain Jonathan Crane qui a abandonné son masque : si elle l'aide à arrêter des super-vilains encore en activité, en s'aidant de sa capacité à pouvoir se plonger dans leur psyché, alors elle aura droit à l'une ou l'autre remise de peine. Un pitch qui lorgne du côté du Silence des Agneaux, le côté cannibale en moins. Mais Quinn n'en reste pas moins redoutable dans cet exercice, avec un récit qui permet en même temps de développer l'univers futuriste de Gotham City et expliquer son nouveau fonctionnement. Les ressorts psychologiques sont nombreux à être utilisés, Phillips faisant un bon usage des protagonistes, quels qu'ils soient. L'image du masque étant ici aussi symbolique qu'importante pour l'intervention d'un personnage en particulier, peu souvent utilisé, et Ô combien à propos. D'autant plus que l'autrice en fait ici une menace à prendre au sérieux - invitant sans problèmes à revenir à la lecture pour le prochain numéro.

Bien entendu, il serait criminel de ne pas mettre en avant ici le dessin exceptionnel de Simone Di Meo (We Only Find Them When They're Dead) qui offre à Gotham City une patte rafraichissante. Sans trop d'effets numériques non plus, le trait qui va chercher dans les inspirations asiatiques autant que du côté de l'animation apporte une plus value indéniable. Le look d'Harley dans ce futur a aussi quelque chose de frais, la rupture avec le costume "New 52/Rebirth" étant bienvenue - mais dans l'ensemble, il faut surtout simplement retenir que Di Meo est un excellent illustrateur. Et que c'est un plaisir de le voir s'approprier cet univers, même pour un bref instant. En somme, si le numéro réussit à donner l'envie de reprendre Harley Quinn en ongoing après plusieurs années de disette, n'est-ce pas une réussite en soi ?


Future State : Superman of Metropolis #1

Autre gros morceau, l'entrée en matière de Sean Lewis et John Timms sur Superman of Metropolis est un verre à moitié plein. Enième lecture futuriste en proie au chaos de Metropolis, le numéro s'ouvre sur un contexte de crise sociale et un Jonathan Kent obligé de réduire la ville (à la Brainiac) pour la couper du monde extérieur afin d'empêcher sa destruction. Un autre vilain amateur du contrôle des masses, Andrej Trojan, a converti les urbains aux technologies d'augmentation, en suivant la feuille de route normale d'une bonne société cyberpunk où le peuple a décidé de céder à la folie transhumaine. Une intelligence artificielle machiavélique pilote les décisions des gens, Brain Cells, basée sur la personnalité d'un certain Brainiac.

Jon est devenu le Superman officiel depuis une petite dizaine d'années, et doit à présent assumer d'avois mis en bouteille la ville de Metropolis pour lui échapper une destruction par les armes. Le numéro bavasse beaucoup sur les enjeux de cette décision sans clarifier l'état actuel des choses : pas de traces de Trojan, un Brain Cells qui récite en boucle son monologue d'intelligence artificielle qui a mal tourné, et des habitants dont on ne sait plus s'ils étaient contrôlés ou bêtement et simplement dupes de la tech' modernes et las des super-héros qui prennent les décisions à leur place. Derrière ce synopsis fataliste, raccord avec un propos sur l'humanité en perdition, le numéro se contente de bagarres et de débats moraux pour tenir debout. 

Timms fait le minimum pour rendre les pages lisibles, avec peu de grands moments et un design affreux Brain Cells accolé à un motif très emprunté.  Le numéro a surtout pour intérêt de montrer des bribes de la vie de Jon dans son rôle de Superman, et de poser l'élément déclencheur des séries annexes : une Metropolis sous cloche dont les habitants ne savent pas vraiment ce qui leur est arrivé. Sean Lewis manque de place pour développer son propos sur le transhumanisme dans cette collection de pages très introductives, et l'ensemble prend vite des allures de gloubiboulga très évident vis-à-vis de ces fameux projets à la Futures End : exagération des problématiques liées à la tech', menaces de massacres massifs, industriels tout puissants qui foutent le monde en ruine, IA super-méchante, des perspectives relativement réalistes qui ne demanderaient qu'à être prises au sérieux pour être intéressantes, mais se retrouvent systématiquement bazardées dans cette éternelle parure de fin du monde de série B, très archétypale et surtout pas du tout originale. 

Les premiers numéros des mini-séries The Metropolis Menagerie et The Guardian partent sur des chemins plus intéressants : débarrassés de l'élément déclencheur, ces deux propositions vont s'amuser à suivre les super-héros restés à l'intérieur de Metropolis dans cette nouvelle situation d'isolement à la Under the Dome (ou Les Simpsons : Le Film selon les goûts). A commencer par Shilo Norman, Mister Miracle noir des Seven Soldiers of Victory, premier sur le terrain pour comprendre et interpréter ce nouveau statu quo. Brandon Easton compose une petite aventure pas désagréable, avec un petit propos sur la presse et les situations de panique de foule, et surtout beaucoup d'action. Le scénariste est plutôt aidé par les superbes dessins de Valentine de Landro, sorte de David Aja en découpage classique, avec des contours épais et des faces pleines sur les colorisations. 

Au-delà de retrouver l'agréable personnage de Norman pour les nostalgiques des Seven Soldiers, le numéro offre un complément logique à Superman of Metropolis : DC fait plutôt bien les choses sur la composition de ce premier Future State sur Superman, en faisant résonner les événements de l'introduction dans les deux projets qui suivent. Ce qui sera encore le cas pour le Guardian, autre héros noir de Metropolis, qui va tenter de poursuivre son activité de super-héros dans la ville mise en bouteille. Sean Lewis s'en sort bien mieux sur ce plan plus humain et terre-à-terre, en s'autorisant un propos sur ses contemporains, la politique des fake news et les disparités raciales aux Etats-Unis, mais en s'assurant surtout de raconter une aventure agréable avec ce personnage de second plan.

Aux dessins, Cully Hamner et Michael Avon Oeming font du très bon boulot, avec une préférence (évidente) pour le second qui évoque ces séries DC Comics au trait cartoon du début des années 2000, où les mots "univers" et "partagé" avaient encore un certain sens pour cette maison d'édition. En l'occurrence, ces deux petites lectures fonctionnent bien ensemble, comme un écho des arcs globaux sur un statu quo précis à la Batman : No Man's Land d'autrefois : la Metropolis privée de Superman et inquiète quant à sa situation mériterait de se développer dans le temps ou d'être abordée sous d'autres points de vue, en concordance avec cette époque lointaine où une ville entière pouvait être le théâtre d'un micro-univers particulier permettant de changer la donne. En définitive, des mini-séries plus agréables que prévues, on reviendra le mois prochain pour la suite.

Future State : The Flash #1

Cela fait depuis Heroes in Crisis que le lectorat doit se taper un Wally West fautif en perpétuelle quête de rédemption, et pour Future State, Brandon Vietti a l'idée fort originale de plonger encore une fois Wally dans la sauce, d'en faire un tueur qui a déconné pour on ne sait quelle mystérieuse raison ; de fait, Barry Allen et l'ensemble de sa Flash Family, dépossédée de sa Speed Force, doit partir à sa poursuite pour tenter de sauver ce qu'il y a encore à sauver. Sentiment de lassitude immédiat dans l'univers dépeint ici, où l'auteur ne sait pas faire qu'autre chose qu'une situation désespérée où les morts s'empilent, dans ce que DC sait valider de pire lorsqu'il s'agit d'exposer son futur - forcément triste, noir, et sans émotions.

On reste en effet de marbre devant les enchaînements d'évènements, et l'on s'amusera plus à relever ça et là quelques indices pour d'autres titres annoncés pour Future State et après (une évocation de la Task Force X par-ci, une Earth 3 par là), l'introduction se montrant certainement le passage le plus intéressant de ce côté là. Les pensées de Barry Allen ne passionnent pas, le postulat de speedsters qui utilisent les gadgets de leurs adversaires pour compenser leur absence de vitesse n'est pas si idiot, mais perd toute substance dès lors que chacun doit commenter ce qu'il fait. L'écriture de Vietti accumule donc les défauts à plusieurs niveaux, rendant ce Future State : The Flash #1 on ne peut plus raté. 

Le bilan est si dommageable que même les dessins de Dale Eaglesham n'iront pas remonter le niveau ; alors que ce dernier avait plu sur le Shazam! de Geoff Johns, l'allure hyper body-buildée de Barry est là moins engageante, l'allure général donne trop dans un dessin mainstream qui manque de personnalité. Le dessinateur fait son travail, mais n'est visiblement là que pour faire son travail, sans trop se soucier d'intéresser vraiment son lectorat. On lit, et on passe à autre chose, mais surtout, on voit bien que ce numéro The Flash est tout en bas dans le classement de ces premières sorties. Eurk. 


Future State : Wonder Woman #1

Avec The Next Batman, le projet Wonder Woman était certainement celui aux enjeux les plus importants, puisqu'il s'agit pour l'équipe créative de proposer une nouvelle personne avec ce rôle. Un personnage entièrement neuf, d'origine brésilienne, et dont on ne cache pas l'identité ici : pas de mystère, il faut surtout que le lectorat se familiarise avec la super-héroïne, d'autant plus que DC Comics a déjà de grands plans pour elle. On sait en effet qu'une ongoing Wonder Girl lui est promise (puisque dans le Future State, elle a repris le rôle de Wonder Woman et qu'il faudra bien aller conter ses origines), alors que la CW veut la porter sur petit écran. L'objectif est donc ici assez simple : il faut que Yara Flor aille à la rencontre d'un potentiel public, et que ce dernier s'y attache. 

Pour Joëlle Jones, au sortir de ce numéro, le constat est simple : la mission est réussie. C'est à dire que l'on est bien conscient que Future State : Wonder Woman #1 n'a pas énormément à raconter, et qu'il s'agit plutôt de se familiariser avec Yara Flor. Née de l'union de dieux, la jeune femme affronte une hydre, chevauche une pégase avant d'aller en Enfer pour confronter Hadès. A ce versant grec, Jones ajoute une touche de folklore visiblement sud-américain, et une pointe de modernité dans la représentation des limbes, pour un résultat assez atypique. Dans la caractérisation aussi, Flor est loin de ce qu'on a l'habitude de voir avec Wonder Woman ; un poil têtue, très sarcastique, et n'hésitant pas à "tricher" pour arriver à ses fins. On aime à découvrir un personnage avec quelques défauts, qui ne la rendent pas moins attachante, sinon intrigante. 

Et puis, il faut bien avouer que le travail artistique est à s'en décrocher la mâchoire. On avait peu de doutes que la prestation de Joëlle Jones ne serai pas réussie mais la dessinatrice explose dans un registre de fantasy qui lui permet de mettre en valeur Yara Flor et un bestiaire que l'on reconnaît aisément, qui n'en reste pas moins formidable sous la patte de l'artiste. L'encrage épais assez caractéristique du dessin de Jones nous manquait, et le travail soigné est sublimé par une mise en couleurs de Jordie Bellaire, qui ne fait de toute façon qu'exceller - quoique certains ont à redire sur certaines tonalités utilisées pour les arrières plans. En somme, si le tout ne peut être considéré comme parfait, du moment que l'on accepte d'avoir un récit très bref, et un numéro qui est surtout là pour s'intéresser à un personnage qu'on ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, Future State : Wonder Woman #1 est déjà parmi les expérimentations les plus réussies de cet event.

Future State : Swamp Thing #1

La série Swamp Thing de Ram V et Mike Perkins vient caler un creux végétal aux amateurs de l'homme-plante, après quelques années à errer dans les arrière-plans de DC Comics sans jamais mériter de nouvelle série rien qu'à lui. Le scénariste va là où on ne l'attend pas, en choisissant le futur comme territoire de cette dernière croisade pour l'avatar du Vert. L'humanité a finalement perdu la bataille écologique, rattrapée par son infatigable destruction de la biosphère, et s'est naturellement éteinte, comme prévu. Toute l'humanité ? Non. Quelques poches de survivants arpentent le monde désolé, pendant que Swamp Thing s'est installé dans les ruines des villes d'autrefois avec sa petite famille, de jeunes pousses humanoïdes qui le voient comme le patriarche ou le chef de tribu. 

Celui qui fut autrefois baptisé Alec Holland reste toutefois attaché à l'ancienne espèce dominante. Sans relâche, le héros cherche les derniers survivants du monde des hommes, dans un rapport de force qui évoque (évidemment) la saga de La Planète des Singes : une espèce a perdu, l'autre l'a emporté, à ceci près que des singes mutants n'ont cette fois pas hérité de la Terre. En lieu et place, Ram V donne une voix à la nature, qui devrait normalement reprendre ses droits sur le monde une fois les conséquences du réchauffement climatique passées et l'humanité réduite à peau de chagrin. Dans cette perspective, Swamp Thing évoque César, seule de sa fratrie à avoir un jour aimé les hommes et à avoir même combattu à leur côté, il fut un temps.

Comme d'hab' dans ce genre de situations, la perspective d'une sorte de confrontation finale se manifeste à l'horizon avec un adversaire bien connu de la mythologie du personnage. Le numéro prend son temps pour installer son ambiance, avec de superbes dessins et un sentiment d'univers entre post-monde et planète préhistorique, avec tribus, grandes plaines désertiques et grand froid. V file une métaphore sur le vivant avec des pages d'anatomie verte où Swamp Thing détaille la composition de ses organes internes (ou explique peut-être comment il a dû se faire repousser des poumons et une trachée pour pouvoir parler avec les hommes, après s'être contenté du langage secret des plantes pendant si longtemps). Cette intérêt au corps pose une lecture inédite du personnage, généralement associé à l'idée d'une "essence" spirituelle attachée à un simple habitacle - jusqu'ici, Swamp Thing n'avait jamais eu besoin d'organes pour fonctionner, et il sera intéressant de voir où le scénariste compte aller avec ce rapport particulier aux tissus et aux cellules.

On regrettera tout de même que Mike Perkins n'ait pas eu envie de marcher dans les pas de séries précédentes sur les avatars du vert. La dernière série Swamp Thing en date, pensée comme une épopée chevaleresque, avait été l'occasion de découvrir toute une variété d'autres avatars du Vert avec de fantastiques designs. En comparaison, les enfants de Holland sont de simples humanoïdes verdâtres (ou indigos) moins inspirés, mais dans une certaine logique, permettent aussi à la créature de se démarquer en étant le dernier de son genre. Résolument déprimé, le titre annonce sa propre fin chaotique comme une sorte de tragédie grecque, qui assume l'élan triste de cet éternel irrespect de l'homme vis-à-vis de la nature et l'incapacité de l'espèce à fonctionner en harmonie avec cette autre forme de vivant. Reste à voir dans quelle direction le titre compte s'orienter à terme, si DC Comics laisse à l'équipe créative le temps nécessaire pour une histoire qui voit loin.

Arno Kikoo
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