Dans le grand processus de "rationalisation" imposé par la pandémie, DC Comics et Marvel ont annulé une bonne quantité de séries (parfois brutalement) pour faire de la place aux grands événements à venir. La branche "Dawn of X" de Jonathan Hickman n'est pas épargnée par cette réalité : les portefeuilles se vident, la fréquentation des boutiques décroit et les éditeurs doivent trancher dans le gras pour éviter les pertes sèches, sur des titres qui ne se vendraient pas ou favorisaient le cannibalisme avec des Empyre et X of Swords trop imposants.
L'éditeur du département X-Men de Marvel, Jordan White, a confirmé que certains projets annoncés ou prévus avant l'épidémie étaient actuellement remis en question. En l'occurrence, sont évoqués les nouvelles séries Children of the Atom de Vita Ayala et Bernard Chang, X-Cellent de Peter Milligan et Mike Allred, X-Corp, Moira X, et un titre secret par Tom Taylor et Iban Coello, censé démarrer dans le Free Comic Book Day de la Maison des Idées pour cette année avant le décalage.
Paradoxalement, cette remise à niveau ne s'applique pas aux grands événements. Dans la même entrevue, White se félicite de l'importance colossale qu'a pris X of Swords au fil de son développement, expliquant que cette rencontre des différentes séries X-Men aurait doublé de volume. Une stratégie que l'on a beaucoup de mal à défendre : en parallèle de l'envie compréhensible d'assainir le marché en produisant moins de numéros tous les mois, Marvel n'aurait aucune envie de ralentir la cadence sur les très gros crossovers, quitte à annuler des projets intéressants et retirer du travail à ses artistes au profit de l'énième blockbuster bimensuel. Au lieu de laisser les Empyre, X of Swords ou King in Black fonctionner en vase clos, l'envie est toujours la même : charger, surcharger, en écrasant le reste de la production.
Au demeurant, une technique qui se justifie justement par la crise sanitaire, la fermeture des boutiques et les pertes sèches de ces derniers mois : Marvel mise sur les gros événements parce que les gros événements vendent, et l'entreprise préfère parier sur une rentabilité facile et immédiate plus que sur de nouvelles séries qui imposent de parier sur la réussite ou l'échec. Les fans de Mike Allred et Tom Taylor apprécieront certainement, pour peu que ces séries soient bel et bien annulées. Croisons les doigts (ou n'achetons plus les tie-ins) en espérant que le marché des comics ne soit pas trop endommagé après la pandémie, et que cette logique du sauve-qui-peut ne laisse pas trop d'artistes sur le banc de touche.