Dans les premiers temps de la récupération des comics par les antennes civilisées d'Hollywood, il n'était pas rare de retrouver de nombreuses trahisons aux grands canons des super-héros. Dans la saga de Sam Raimi, Spider-Man avait par exemple une toile organique à la place de ses célèbres bracelets. Dans le film Daredevil de Mark Steven Johnson, Matt Murdock se foutait à peu près de trahir son identité civile, en se bastonnant dans un parc public avec Elektra sous le regard médusé des passants, et balançait les mafieux qui auront échappé à la justice sous des rames de métro. Et dans le Catwoman de Pitof - bref, vous aurez saisi le principe.
A sa façon, le
Venom de
Ruben Fleischer nous ramenait à cette époque dorée du début des années 2000, quand les bandes passantes et les connexions bas débit rendaient le téléchargement impossible, obligeant le curieux moyen à emprunter le nanard de son choix au loueur de DVDs du coin. Le regard froid et moqueur du caissier, frappant comme une sentence juste, mais arbitraire, nous laissant entendre qu'il était ravi de prendre notre pognon pour un film que l'on regretterait d'avoir vu, au moment de le lui rendre le lendemain. Fort heureusement, RTL9 et AB1 offraient déjà à l'époque le sauf-conduit que le téléchargement illégal et la VOD imiteront des années plus tard, pour cette catégorie de saloperies qu'on aime regarder, oui, mais sans que personne ne puisse nous juger.
Dans les corrections opérées par Venom, on notera l'absence de Spider-Man, une origine bien différente, l'absence du père d'Eddie Brock comme explication de ses mauvais penchants, un héros généralement plus bienveillant et maladroit, et pas de logo arachnéen sur le torse. Si Sony n'avait pas la licence pour plastronner le célèbre emblème sur son anti-héros, l'idée de mettre un motif sur le costume avait pourtant été envisagé.
ComicBookMovie compile cette semaine les concept arts du film de Ruben Fleischer, avec des travaux signés par les artistes David Masson, Matt Millard et Paolo Giandoso. Ce-dernier, responsable de cette version du baveux avec une sorte de logo à la Punisher sur la poitrine, aura bien fait ses devoirs, citant le Lethal Protector de David Michelinie et Mark Bagley comme inspiration de certaines postures, et de la "joie grotesque" de son sourire permanent. Si l'apparence générale de Venom reste suffisamment proche des comics pour faire illusion, on pourra regretter que le travail des dessinateurs ait été quelque peu sapé par les équipes responsables des effets spéciaux.
On pense notamment au combat gluant entre les deux symbiotes, déjà brouillon sur le papier, mais tout de même relativement ambitieux - pour un résultat difficilement lisible à l'écran. A voir
si le second film en cours de gestation proposera quelque chose de plus entier vis-à-vis du personnage de
Marvel - avec un
Tom Hardy plus impliqué dans l'écriture, un espoir timide serait envisageable.