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Du Deadpool haut en couleurs : rencontre avec l'artiste Nic Klein

Du Deadpool haut en couleurs : rencontre avec l'artiste Nic Klein

InterviewPanini

Présent parmi les invités de Panini Comics au récent FIBD d'Angoulême, l'artiste Nic Klein a accepté de nous rencontrer afin d'évoquer son travail dans l'industrie des comics. Artiste attitré sur le nouveau Deadpool relancé avec Skottie Young au scénario, le dessinateur peut être retrouvé sur les nouveaux softcovers Fresh Start de l'éditeur français. L'occasion pour nous de parler dessins, mise en couleurs, relation à l'artiste - en bref, de causer comics avec un professionnel ! Très bonne lecture à toutes et tous !

 

Bonjour Nic, merci de ton temps. En tant qu’artiste de comicbooks, j’imagine que tu as commencé à en lire étant jeune ? Tu peux me dire comment tu en es venu à bosser dans cette industrie ?

Je me suis mis à lire de comics à 14 ans – j’en lisais d’autres avant, c’était plutôt des Picsou & Mickey. C’est à cet âge là que je me suis mis à lire du super-héros. En même temps je me suis mis à dessiner. C’était à l’époque où Image Comics avait débuté. Je lisais Spawn, The Maxx, les séries folles de l’éditeur. À 17 ans, je suis entré en école d’arts après le lycée. J’étais moins dans les comics, j’avais l’idée de faire de la peinture, faire des impressions – des choses plus classiques. À 21 ans, j’ai rencontré des collègues qui m’ont convaincu de me remettre aux comics. J’ai fait un petit détour, mais ça a été bénéfique puisque j’ai appris à peindre.

On remarque ça puisque tu fais tes propres couleurs, par exemple sur Deadpool. C’est entièrement numérique ?

La plupart du temps les couleurs sont numériques. Je fais de la peinture pour mes couvertures, mais la colorisation numérique est plus rapide pour les planches intérieures. Je pourrais faire un travail peint à la main sur mes numéros, mais ça prendrait bien plus de temps, et ce n’est pas idéal pour le marché américain.


Est-ce que tu pourrais détailler un peu ton processus de colorisation, de façon technique ?

Lorsque je sais que je vais faire mes propres couleurs, je n’ai pas besoin de dessiner le rendu, j’ai déjà en tête ce que je vais faire avec les couleurs. Je n’y pense pas avant de les réaliser, mais j’ai déjà une idée de ce que je ferai, les possibilités que j’ai. Ca me permet de faire quelques raccourcis quand je dessine. Si quelqu’un devait s’occuper des couleurs, j’aurais plus de travail à indiquer sur mes planches, pour savoir ce que je voudrais.

Qu’est-ce qui te paraît le plus important dans la colorisation ?

L’éclairage est hyper important. Il faut également prendre en compte les valeurs des couleurs – même si tu travailles en niveaux de gris sur Photoshop. Je crois qu’il y a pas mal de coloristes qui ne prennent pas ça en compte. Il faut pouvoir séparer les différents plans sur une case, et tu dois pouvoir le faire avec l’utilisation des couleurs.

Tu as toujours été attiré par les personnages Marvel ?

Je suis plus attiré par les gens avec qui je vais travailler que les titres. Bien sûr, c’est aussi un élément important, mais je suis plus intéressé par ce que l’auteur a à dire, si je pense que je vais pouvoir travailler avec lui. En tant que lecteur, je suis plus du côté Marvel que DC. J’achète beaucoup de comics que j’empile – et on a déménagé récemment, les déménageurs n’ont pas aimé (rires).

Qu’est-ce qui est le plus important pour toi dans ta relation de travail avec un scénariste ?

Il faut que l’auteur sache quelles sont tes forces. La moitié des scénaristes avec qui je travaille sont aussi des artistes – comme Jason Latour, Skottie Young,Rick Remender. Ils savent ce qu’ils ont besoin d’écrire et ce dont ils n’ont pas besoin, et ce qui peut être attendu de ma part. Certains auteurs n’ont pas une grande compréhension de ce qu’il est possible de dessiner dans une case. C’est donc un avantage pour eux d’avoir une façon de penser très visuelle.


Tu travailles des fois à la « Marvel Way » ?

Je ne pense pas que beaucoup d’artistes travaillent encore à la « Marvel Way ».  Il y a trop peu de contrôle, les scénaristes préfèrent avoir plus de maîtrise. Et même si ça doit changer en cours de route, je préfère savoir quels sont les dialogues, car j’incorpore les bulles de dialogue dans mon dessin – je sais de cette façon l’espace réel que j’ai. Si des personnages parlent, je dois savoir de quoi ils parlent pour leurs expressions faciales, j’ai besoin de ça. C’est peut-être un peu frustrant, je pense que si les auteurs me donnaient un script à la « Marvel Way », ça me ferait plus de travail. Et comme dit, du point de vue du scénariste, il y a peut-être trop peu de contrôle, j’imagine qu’il veut quand même que le résultat final soit comme il l’a imaginé ?

Tu auras remarqué qu’il y a beaucoup de relaunchs chez Marvel, puisqu’on découvre celui de Deadpool  (entre autres) en ce moment. Que penses-tu de cette manie des relaunchs dans l’industrie ?

Ça fait des bons points d’entrée. Je sais que beaucoup de monde les perçoit négativement, mais tant que l’histoire est cool, je ne vois pas le problème. Il n’y a pas beaucoup de comics aujourd’hui où une histoire se suffit dans un seul numéro, c’est découpé en plusieurs parties. Je vois donc bien le problème de quelqu’un qui irait dans un comic shop et se retrouverait, disons, face à un Deadpool #187. Tu as peur de ne pas savoir ce qu’il s’est passé, alors qu’un numéro #1 te sera plus accueillant.

Il y a quand même pas mal de dérives avec ces #1, notamment avec les multiples variantes que les éditeurs proposent. C’est peut-être pour ça que le public ne les apprécie pas ?

Je peux comprendre la frustration que ça peut entraîner pour un collectionneur qui voudrait toutes les variantes. Mais personne ne t’oblige à les acheter, il ne faut pas aussi oublier que c’est un business. Même si c’est frustrant, il ne faut pas en devenir dingue. Ce qui est le plus important, ça reste le contenu des comics.


Tu as aussi fait du creator-owned, comme Drifter. Quel est l’avantage par rapport à tes travaux chez Marvel ?

En toute évidence, je te répondrai qu’il s’agit de la liberté que tu as. C’est à toi, tu fais tout ce que tu as envie de faire. Mais ça peut être aussi un défaut : il n’y a personne pour te dire ce qu’il faut faire, et que ton idée est peut-être stupide. Pour l’un de mes dernier travaux, on a donc engagé un éditeur, pour qu’il y ait une paire d’yeux professionnels qui gère ce qu’il se passe, et faire ce qu’un éditeur doit faire. Ce n’est pas toujours idéal d’être laissé seul. Si je devais refaire du creator owned, ça dépendrait de l’idée, de la personne avec qui travailler, et surtout d’une question de timing. C’est à la fois une question de timing pour que les personnes impliquées, mais parfois aussi pour l’histoire, il faut parfois prendre son temps.

Quels sont tes prochains projets, tu restes sur Deadpool ? Tu as peut être un projet secret ?

Peut-être, oui... Le mot clé étant « secret » (rires) !

Merci !

Remerciements : Sophie Cony

Arno Kikoo
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