Comme une impression de déjà vu. A une semaine de la sortie de Justice League, le Wall Street Journal publie un long reportage dans sa dernière édition dans lequel moult détails sur sa production émergent, confirmant la plupart des hypothèses émises ces derniers mois - n'en déplaisent à ceux qui ont crié au complot anti-DC tout du long.
L'arrivée de Geoff Johns et Jon Berg à la tête de DC Films suite aux retours de Batman v Superman a eu comme effet immédiat une réécriture de dernière minute sur Justice League (déjà dans sa production) pour que le film soit "moins sérieux et tourné vers l'espoir". De même, la durée du film a été imposée par Kevin Tsujihara, PDG de Warner Bros, qui voulait un film de moins de deux heures. Si les premiers cuts n'atteignaient pas cet objectif, c'est maintenant chose faite, le film devenant désormais le plus court du DCEU.
En début d'année, une première version a été présentée aux exécutifs de Warner par Snyder, qui ont noté l'amélioration tout en exigeant plus. Warner a alors fait appel à Joss Whedon, ce dernier travaillant déjà avec eux pour le projet Batgirl. La tragédie personnelle de Zack Snyder en début d'année a précipité les choses et Whedon a aligné plusieurs semaines de reshoots, portant le budget de production de Justice League jusqu'à 300 millions de dollars, un score record pour le cinéma de super-héros.
Enfin, le gros du travail de post-production a été d'unifier l'ensemble des scènes de Snyder et Whedon pour donner l'impression que le film a été réalisé par une seule et même personne. Plusieurs projections tests ont été menées dans cette optique ; le Wall Street Journal fait état de projections test qui ont réussi à atteindre les mêmes retours que pour Wonder Woman.
La résultante est qu'à l'heure de films qui essaient de renouveler le genre comme Logan ou d'avoir une empreinte marquée comme Thor : Ragnarok, Justice League est qualifié de crowd-pleaser, un film fait pour répondre à des attentes ciblées et calibré comme un produit marketing plus que comme une oeuvre affirmée par la vision d'un (ou deux) réalisateur. Certes, c'est le cas de la plupart des blockbusters, avec plus ou moins de nuances, mais de voir Warner faire tant d'ingérences après les démêlés de BvS et Suicide Squad relève presque de l'absurde.
La conclusion du rapport se veut plus rassurante. Selon les propos de Toby Emmerich, président de Warner Bros, l'année 2018 sera comme un retour à zéro, avec les prochains films DC qui seront plus libres, avec un plus grand contrôle créatif des réalisateurs. "Nous ne voulons pas limiter ce que les réalisateurs peuvent apporter en imposant un ordre de passage des personnages et que tous soient dans le même univers". Au programme, selon Emmerich, un planning chargé avec le film solo Batman de Matt Reeves, Batgirl, Green Lantern Corps, et deux itérations différentes du Joker.