Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Dark Night : A True Batman Story, la review

Dark Night : A True Batman Story, la review

ReviewDc Comics
On a aimé• La puissance du texte
• La polyvalence de Risso
• Des sujets passionnants
• Très, très touchant
On a moins aimé• Merci de ramener Dini sur un titre Batman !
Notre note

Si vous avez grandi dans les années 1990 ou légèrement avant, il y a de grandes chances pour que vous connaissiez le nom de Bruce Timm, génial dessinateur derrière la patte visuelle si particulière (que certains surnomment Dark-Déco) de Batman : The Animated Series. En revanche, moins nombreux sont les lecteurs qui chérissent celui de Paul Dini, l'auteur derrière des dizaines d'épisodes et d'innombrables idées du show. Après des années de travail dans le jeu-vidéo et l'animation, il est pourtant récemment revenu dans les comics shops avec une bande-dessinée répondant au nom de Dark Night : A True Batman Story, un titre Vertigo qui s'intéresse au traumatisme de son auteur, agressé le temps d'une nuit sombre, à l'époque où il travaillait sur l'une des séries animées les plus populaires du monde.
 
Un pitch des plus intrigants, qui sera ici marié à un classique finalement bien connu de la littérature : la rencontre entre un auteur et ses personnages. Se mettant à nu de pages en pages, Paul Dini revient sur cette expérience, qui a profondément marqué sa personnalité et sa carrière, dans un texte où des protagonistes issus de l'animation américaine et bien sûr de la série animée Batman interviennent librement, commentant les errances et les réflexions de l'un de leurs plus grands scénaristes. Et il suffira d'une introduction assez touchante, centrée sur la jeunesse de l'auteur et la vie qu'il menait alors, pour comprendre que Dini a tout d'un Lewis Carroll ou d'un Charles Dickens, deux auteurs qui l'ont aidé à forger son style, et qui restent des influences majeures pour celui qui était un temps scénariste des aventures de Batman dans Detective Comics.


Comme les deux artistes, il parvient en effet à construire, petit à petit, un propos totalement optimiste et bienveillant au sein d'une intrigue et d'une ambiance qui transpirent pourtant la noirceur, ou à défaut, le spleen. Conscient des propres limites de son écit, le scénariste met également en scène les doutes et les problèmes qui pourraient se greffer à une telle histoire, notamment la xénophobie - via l'identité de ses agresseurs - ou l'égocentrisme - puisqu'il devient ici son propre biographe. Touchants comme peu d'autres scènes dans les comic books que nous pouvons lire récemment, ces moments témoignent de la puissance, émotionnelle et narrative, du récit, qui semble avoir longuement mûri dans l'esprit de Dini, qui ne tenait pas à s'apitoyer sur son sort, mais bien au contraire, se faire la voix de personnes ayant subi des expériences similaires.

Pour l'accompagner dans cette tâche, l'auteur peut compter sur les talents d'Eduardo Risso, capable de changer de style d'une case à l'autre, sublimant ainsi les propos de son scénariste, mais surtout sur les personnages qu'il a créé ou qu'il a pu écrire au cours de sa carrière. Étonnamment, au milieu de cet aller-retour permanent entre la réalité et la fiction ou le passé et le présent, les apparitions du Joker, de Batman ou encore de Two-Face sont diablement fluides. Elles ne s'imposent jamais à nous ou à Dini, qui arrive à nous faire croire, grâce à la beauté de son texte et sa maîtrise des dialogues, qu'il a un soir discuté avec Harley Quinn, ou que Bruce Wayne le narguait parfois le temps d'un rendez-vous galant. 


Plus beau encore : le propos de Paul Dini trouve des résonances bien au-delà de la carrière de l'auteur, et Dark Night : A True Batman Story s'interroge ainsi, de la manière la plus fluide et la plus implicite possible, sur les itérations récentes du personnage, sur ce qu'il représente, mais aussi sur des sujets aussi variés que la violence urbaine (forcément), les relations amoureuses et l'accomplissement de soi, témoignant une nouvelle fois du talent, de la culture et de la pertinence du scénariste.

Pour l'auteur, coucher ce projet sur le papier a sans doute été salvateur. Chaque nouvelle page montre un Paul Dini toujours plus accompli dans ce qu'il fait et ce qu'il est. Et en racontant cette histoire, l'auteur nous aide indéniablement à construire la nôtre. Tout le contraire d'égocentrique, Dark Knight : A True Batman Story est une œuvre finalement universelle qui devrait particulièrement résonner chez les amateurs de bandes-dessinées et de Batman que nous sommes. Un instant-classic mélancolique qu'il convient d'acquérir au plus vite dans les comics shops, en attendant une version française par Urban Comics.

Bonus-Track : à l'occasion de la Paris Comics Expo, Paul Dini nous parlait de son œuvre :


Republ33k
est sur twitter
à lire également
Commentaires (6)
Vous devez être connecté pour participer