AvX maintenant bien installé dans nos comic-shops, les divers tie-ins de l'event commencent à y bourgeonner comme pour enjoindre un soleil printanier encore un peu timide à se joindre à la partie. Contrairement à ce qui s'est vu ces dernières années chez Marvel, les quelques tie-ins sortis à ce jour s'avèrent utiles. Plus que ça, sans eux la lecture seule de AvX peut s'avérer fadasse. Sans Secret Avengers, pas moyen de savoir ce qui se passe dans l'espace, vaste endroit où le destin de la planète se joue peut-être plus que sur Utopia. Sans New Avengers, pas moyen de comprendre le retournement de veste à venir de Iron Fist. Sans Uncanny X-Men, pas moyen d'avoir accès aux états d'âme des mutants en état de siège. Certes d'un intérêt objectif moindre par rapport à ses collègues porteurs de la bannière AvX, Uncanny X-Men #11 s'avère être une lecture captivante et enrichissante pour tout fan d'histoires mutantes.
Non seulement Kieron Gillen ne s'est
pas laissé perturber par l'arrivée de AvX dans les pages de la
série X dont il a la charge, il s'y est préparé et poursuit son
récit de la façon la plus cohérente possible. Tout d'abord, comme
à son habitude l'auteur prend le temps de s'offrir de petits moments
d'écriture légère, teintée d'humour, qui en disent long sur des
personnages de second plan, tels que Namor ou Nemesis. Il revient aussi sur l'état affectif de Hope qu'il a
travaillé à construire en vue de l'event depuis la renumérotation
de la série. Son traitement du personnage est non seulement
éclairant mais fait office de seul espace de parole alloué au
personnage central en ce début de crossover.
Uncanny X-Men #11, c'est surtout, comme sa couverture l'indique, l'affrontement Colossus/Red Hulk ! Gillen a pris soin de pointer du doigt dix numéros durant les conséquences du seul véritable changement apporté par Fear Itself à l'univers mutant (à l'univers Marvel dans son ensemble ?) : la transformation de Piotr en nouvel avatar de Cyttorak. Après une petite frayeur souterraine il y a peu, le colosse mutant perd une nouvelle fois le contrôle sous l'eau cette fois-ci face à un Red Hulk bourré d'arrogance comme on l'aime. Véritable combat bien plus intéressant que ce que AvX : Versus #1 nous a donné à nous mettre sous la dent cette semaine, l'affrontement fait sens à la fois au sein de l'event et de la construction du mythe mutant. Enfin, Gillen achève de prouver qu'il sait depuis longtemps où il va avec une dernière page qui répond directement à la chute du premier numéro de la série.
Côté dessins, Greg Land ne lâche pas le morceau. Il est là que ça nous plaise ou non et on croirait presque de Gillen pense ses scénarios en conséquence. Autant sa Hope semble avoir 40 ans et ses portraits de Namor et de Captain America sont pour le moins effrayants, le point fort de Land reste les monstres. Il l'a prouvé lors du récent arc se déroulant à Tabula Rasa et réitère ici. Que ce soit à travers la gueule cassée de Hulk ou la transformation d'un Colossus désemparé, l'artiste donne toute sa mesure au script qui lui a été remis et semble avoir été taillé sur mesure pour lui.
Uncanny X-Men #11 est l'occasion pour Kieron Gillen de poursuivre son exploration de la nature des mutants les plus dangereux sur Terre. Loin d'être coupé dans son élan par un event dont il n'a pas choisi la direction, il l'embrasse et s'en sert comme carburant pour faire tourner à plein régime la mécanique qu'il a mis en place.