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The Wanderer's Treasures #11, Nikolai Dante : Tsar Wars

The Wanderer's Treasures #11, Nikolai Dante : Tsar Wars

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Notre note

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme cette semaine la Russie des Tsars ou presque, une bande de vauriens, des batailles désespérées, et même Georgi Lukassovich. Tout ça dans Tsar Wars (et non ce n’est pas une coquille), saga contenu dans les TPBs volumes 4 et 5 de la série Nikolai Dante chez 2000 AD. Aux manettes pour cette épopée Robbie Morrison (The Authority et surtout WILDCATS : Nemesis), John Burns (2000 AD, Judge Dredd), Simon Fraser (Judge Dredd The Megazine) et Steve Yeowell (2000 AD).

Il ne vous aura sûrement pas échappé que le nom de l’éditeur Anglais 2000 AD (et de sa publication phare portant le même nom) est fréquemment revenu dans le paragraphe précédent. Rien de plus logique puisque Nikolai Dante est une série venue de l’autre patrie des comics, j’ai nommé la Grande Bretagne. Et oui, nos voisins d’outre-manche ne se contentent pas d’exporter leur meilleurs auteurs vers les Amériques. Parfois ils les gardent aussi pour eux, et ils les mettent au travail chez… bon je l’ai assez écrit.

Avant de commencer une dernière précision : certes Tsar Wars vous fera prendre la série Nikolai Dante en cours de route. Mais pas d’inquiétude, il n’est absolument pas nécessaire de connaître le personnage et son génial univers pour en profiter. Les références à des évènements passésNikolai Dante 1(principalement la relation entre Nikolai et Jena Makarov) sont rares et toujours très bien expliquées. A aucun moment le nouveau venu n’a l’impression d’arriver au beau milieu du film. Je peux en témoigner puisque c’est avec cet arc que j’ai découvert la série dont j’ignorais tout. Mais assez palabré, entrons dans le vif du sujet.

L’univers de la série est la première chose remarquable. Il s’agit d’un monde rétro-futuriste. Rétro car largement inspiré de la Russie des Tsars (et de l’Europe de l’époque comme on peut le voir le temps d’une escapade en Angleterre) pour le fonctionnement de la société et l’esthétique. Futuriste parce qu’on a droit à des vaisseaux digne d’ouvrages de science-fiction ainsi qu’à des armes extraterrestres et high tech, à commencer par les crests qui donnent leurs pouvoirs spéciaux à Nikolai (il s’agit de lames sortant de ses mains) et sa famille. Et surtout parce que tout ça se déroule bien après notre époque, en 2669, dans un monde dévasté. Au cours des diverses intrigues on croisera même des vampires. Bref le monde créé par Robbie Morrison est extrêmement riche et c’est avec délectation qu’on le découvre.

Plus concrètement, l’intrigue de Tsar Wars tourne autour de la guerre entre la famille Romanov, à laquelle appartient le héros, et la famille Makarov, qui détient le pouvoir. L’intégralité du conflit nous est comptée dans les deux volumes, de la première bataille au dénouement final. L’écriture de Morrison est très juste. La saga se divise en une multitude d’épisodes qui sont autant d’aventures très réussies. Chacune a sa propre ambiance et le tout forme quand même un ensemble cohérent. Ainsi on voit bien l’évolution globale du conflit au fil du récit. Il serait trop long de résumer chaque épisode, et surtout ce serait du gâchis. Mais disons que Nikolai et ses alliés y livrent des batailles épiques, renversent des situations désespérées par leur astuce, explorent leur passé, s’aiment, meurent, et nous font même rire. Les rebondissements abondent, on ne s’ennuie jamais et si chacun aura son chapitre préféré (le mien c’est celui où Nikolai retrouve son ancienne amante Jena sur le champ de bataille), aucun n’est mauvais. Enfin, on découvre à la moitié du récit les véritables raisons du conflit. Celles-ci sont plus personnelles que politiques et ajoutent à l’intensité dramatique. Ultime détail, l’auteur parsème son œuvre de faux extraits de livres d’histoire (dont Tsar Wars de Georgi Lukassovich) qui contribuent brillamment à l’ambiance.

Rhudinstein Irregulars 

L’autre attrait majeur de la série, c’est son casting haut en couleur. A commencer par le héros qui donne son nom à la série, Nikolai Dante. Enfin, je dis héros, je devrais plutôt parler de personnage principal. Car Nikolai est loin d’être parfait et c’est au contraire un personnage magnifiquement ambigu, capable des actes les plus nobles comme de réelles vilenies. Dragueur, provocateur, beau parleur, incontestablement courageux et même noble et loyal à sa manière, Nikolai est un personnage extrêmement charismatique auquel on s’attache immédiatement. Et cela rend encore plus fascinants les moments où il se montre bien moins sympathique, manipulant, trahissant et allant jusqu’au meurtre. Mais il  ne rebute jamais. C’est comme si on était sous son charme du début à la fin du récit. Et lui-même n’est pas invulnérable, bien au contraire, ce qui contribue à le rendre très humain. Ainsi Robbie Morrison nous fait partager les peines et les doutes de son personnage (illustrés notamment par ses hésitations quant au patronyme qu’il désire adopter, Romanov ou Dante).

Et les autres protagonistes, hauts en couleurs sont aussi réussis. Il y a au premier plan la troupe spéciale commandée par Nikolai, les Rhudinstein Irregulars, ou les douzes salopards sous amphétamines. Entre Elena la guerrière Mongole à cheval sur l’honneur, le lord Anglais trouillard, la fratrie de psychopathes (enfin fratrie…) ou le puant Spatch il y a de quoi faire. Mais tous sont attachants à leur manière et c’est avec plaisir qu’on les suit tout au long du conflit. La famille de Nikolai est tout aussi fascinante, du patriarche Dimitri au mouton noir Andreas en passant par l’arrogant Konstantin ou la redoutable Lulu, tous ont une personnalité propre et s’avèrent intéressants. Jocasta, la matriarche est de surcroît particulièrement touchante à travers ses efforts pour les protéger. Dante by BurnsLes méchants ne sont pas en reste, du Tsar tyrannique Vladimir à l’alien Pyre, on aime les haïr. La cerise sur le gâteau c’est Jena Makarov, tiraillée entre son devoir, sa haine des Romanov et ses sentiments pour Nikolai qu’elle aime et hait à la fois. Elle est un personnage très fouillé et aurait mérité elle aussi sa propre série.

Pour ce qui est du dessin on alterne entre le très bon et le purement génial. Le très bon c’est le travail de Simon Fraser et Steve Yeowell. Les deux artistes ont un style qu’on qualifiera de classique et efficace qui sert bien l’histoire. En fait s’il n’y avait eu qu’eux, on aurait dit que la série était remarquablement écrite et bien dessinée. Mais voilà, il n’y a pas qu’eux. Il y a aussi John Burns. Et si vous ne connaissez pas (comme c’était mon cas), préparez vous à prendre une sacrée claque. Son trait est remarquable, évoquant un mélange parfait entre John Buscema (Conan) pour les poses et Michael WM Kaluta (Madame Xanadu) pour la finesse. Mais en plus il peint, et là on touche au sublime. Chaque page est sublimée par ces magnifiques couleurs à mi-chemin entre peinture acrylique et aquarelle (oui je sais c’est paradoxal dit comme ça mais regardez et vous verrez) et les splash pages donnent envie d’être encadrées. Le tout a un aspect très authentique, naturel, à des lieux de peintures digitales qu’on voit souvent. Et en plus le storytelling est irréprochable.

Plus globalement l’univers visuel de la série est remarquable. L’esthétique empruntée, on l’a dit, à la Russie des Tsars se marie parfaitement avec les éléments de science fiction. Les divers vaisseaux et véhicules sont très réussis, des jets aux monstrueux vaisseaux amiraux aux chevaux à réaction (et oui). Les uniformes militaires sont parfaits, juste assez distinctifs pour ceux des personnages principaux. Enfin les décors de champ de bataille et de villes dévastés créent un climat qui convient tout à fait au récit. C’est superbement laid et sale.

Tsar Wars est donc une excellente saga, épique, fascinante, dans un univers passionnant et peuplée de personnages tous plus intéressants les uns que les autres. A commencer par le héros Nikolai Dante qui mériterait une place de choix aux côtés des stars de 2000 AD que sont Judge Dredd et Rogue Trooper. Et qui n’a rien à envier aux meilleurs personnages américains. Les dessins superbes de John Burns pourraient justifier à eux seuls l’achat de ces deux volumes, et ceux de Fraser et Yeowell ne gâchent rien. La série n’est hélas pas disponible en français mais les TPB se trouvent facilement, surtout qu’ils sont en train d’être réédités outre-manche. Sur ce, il ne me reste qu’à vous souhaiter bonne lecture, en compagnie de Nikolai Dante, un héros « too cool to die ».

Nikolai Dante 2 

 

Jeffzewanderer
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