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Maus, la review

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Notre note

Mettons de côté le temps d’une lecture, si vous le voulez bien, Kryptonite, cube cosmique et autre Mjölnir, pour revenir un peu sur notre histoire et notre humanité.

Si il y a un comic-book que tout le monde devrait avoir dans sa bibliothèque, c’est bien Maus. Non pas parce que c’est un chef-d’œuvre incontournable, un « must-have » comme on dit (pourtant ici c’est effectivement le cas), mais parce c’est surtout un outil formidable pour transmettre ce fameux devoir de mémoire pour les générations futures.

 

Ecrit et dessiné par Art Spiegelman pendant près de 10 ans (de 1981 à 1991) et traduit en dix huit langues, Maus a reçu le Prix Pulitzer en 1992 (et son auteur le Grand Prix d’Angoulème cette année).

C’est le récit de deux histoires : celle de la relation difficile entre un fils et son père ancien déporté, et celle avec un grand H à travers le témoignage d’un survivant de l’horreur absolu.

 

 

Par le biais de la technique de la double narration, Spiegelman nous livre son héritage : l'histoire  de son père juif, survivant des ghettos polonais et des camps de concentration d’Auschwitz. Les persécutions nazies, les débuts de la Seconde Guerre mondiale et l'invasion de la Pologne jusqu'à l'effondrement du Troisième Reich et l'après-guerre ou l’antisémitisme perdure. Les « anecdotes » -ou plutôt les témoignages- du père montrent à quel point l’instinct de survie reste le dernier refuge lorsqu’on nous enlève jusqu’à notre humanité.

On le découvre tout de suite, ce récit sert d’exutoire et de psychanalyse à son auteur, face à un passé et un patrimoine excessivement lourd à porter.

Spiegelman n’est d’ailleurs pas tendre avec son père, alors que dans la facilité il aurait pu le dépeindre en homme héroïque et vertueux, c’est au contraire un personnage antipathique, misogyne et acariâtre bourré de préjugés.

 

 

 

 

Le second coup de génie de Spiegelman dans sa technique de narration est d’utiliser le zoomorphisme pour illustrer son récit. Ce procédé extrêmement utilisé en bande dessinée, notamment à ses débuts, fait ici merveille. L’auteur va utiliser les différentes race animales pour illustrer les origines de ses personnages : Ainsi les Juifs seront représentés par des souris (Maus en allemand), les Allemands par des chats, les Français par des grenouilles (forcément !), les Américains par des chiens, les Suédois par des élans, les Polonais par des porcs, les Britanniques par des poissons, les Roms par des mites, et l'enfant né d'une liaison entre juif et allemand par une souris au pelage marqué de rayures félines. Tous les personnages du récit sont donc stéréotypés, comme un rappel aux outils de propagandes et à l’imagerie qu’employaient les nazis à l’époque.

C’est aussi une manière de retranscrire la déshumanisation des êtres, où chacun doit se comporter comme un animal pour survivre, et où la loi du plus fort est vitale. De même, ce procédé sert bien évidemment à montrer que les juifs sont traités comme des animaux

Initialement disponible en deux parties : « Mon père saigne l’histoire » qui relate les évènements propres à la persécution, et dans lequel l’étau se resserre, et « Et c’est là que mes ennuis ont commencé » qui raconte l’arrivé et la (sur)vie des parents de Spiegelman dans les camps, je ne saurais trop vous conseiller de vous procurer l’Intégrale (éditée chez Flammarion).

Maus, est vous l’avez compris non seulement une œuvre magistrale, un classique de la bande dessinée comme on dit, mais surtout je crois un outil pédagogique indéniable pour les générations actuelles et futures. Le genre de livre qui devrait être proposé comme lecture obligatoire dans les collèges ou les lycées.

La note de Katchoo : 4,8/5


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