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Batman : The return of Bruce Wayne, la review.

Batman : The return of Bruce Wayne, la review.

ReviewDc Comics
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Notre note

Boudé par les lecteurs autant que par la critique, Batman : The return of Bruce Wayne est une représentation de la Bat-revolution de Grant Morrison : incompris et inégal mais pétri de qualité et d'une vraie volonté d'amener le chevalier noir plus loin. Décryptage d'un mal aimé. 

Adeptes des figures de style et autres pirouettes scénaristiques parfois pompeuses, vous serez servi avec les 6 numéros de ce retour de Bruce Wayne, véritable mise en abîme de la psyché du héros et de son mythe fondateur, derrière des atours de course contre le temps parfois malhabiles.

Step By Step.

Parti d'un concept simple (6 numéros, 6 époques, 6 dessinateurs), the Return of Bruce Wayne est qualitativement à l'image de ses ventes, tantôt fabuleux tantôt plutôt décevant. Ainsi, toutes les époques ne souffrent pas du même intérêt dans "la recherche du soi" auquel fait face Bruce Wayne, apparaissant parfois primordiales, parfois désuètes. Pourtant en 6 chapitres, c'est bien les 6 facettes fondatrices du mythe Batman que Grant Morrison applique à un Bruce perdu dans le temps autant que dans sa tête.
Le premier chapitre, dessiné par Chris Sprouse (Tom Strong...), dépeint un Bruce Wayne revenu au paléolithique, en proie à des doutes et de sérieuses amnésies. Ainsi, c'est torse nu qu'il se retrouve dans une grotte où trône déjà la figure de la chauve souris en filigrane, aux côtés d'autres symbôles tel que le "S" Kryptonien et les "W" de Wonder Woman. C'est la première démonstration du jeu sémiotique qu'instaure le scénariste Ecossais entre le lecteur et l'histoire, au départ perçu par tout un chacun comme un jeu d'Easter Eggs dont les fans raffolent autant que l'auteur (rappellez vous Final Crisis).
Derrière ses allures de gueguerre triviale entre hommes habillés en peau de bête se cache alors la première étape de la "rédemption" du Batman : l'apparition d'un Sidekick. Les deux auteurs ne font alors pas de chichi et proposent un jeune garçon dont les parents sont assassinés, que Batman sauve et "recueille" (dans un laps de temps si court soit-il), et qui appose à la suite de cela un bandeau semblable à celui de Dick Grayson (c'est sans compter la ressemblance physique entre l'homme préhistorique et -l'ex- Nightwing) sur ses yeux, voyant son mentor s'éloigner dans une grande lumière blanche l'amenant dans un futur qui l'attend déjà.

Quelques milliers d'années plus tard, on retrouve notre héros en difficulté, dans ce qui semble être le moins bon numéro des 6 proposés ici. Son dessinateur Frazer Irving y est pourtant inspiré, mais ni l'ère puritaine ni l'enjeu de la rencontre entre "Batman" la sorcière n'y est très bien retranscris. C'est pourtant elle (attention au spoiler!) qui va bannir la famille Wayne pour les siècles et les siècles, chose auquel Grant Morrison est très attaché dans sa quête de "tout réécrire autour de Batman".
Ici, pas de réelle mise en abîme si ce n'est celle d'un amour fuyant et impossible, éternel quête du personnage depuis des années en filigranes entre quelques bastons contre des vilains colorés.

Poursuite de la quête du chevalier noir dans le temps, qui se paye avec ce troisième chapitre un morceau d'histoire en "devenant un pirate" contemporain de Barbe Noir. Le dessinateur est bien connu des lecteurs actuels de V.O puisque c'est Yannick Paquette (le sous-estimé) qui s'y colle et qui livre une très bonne copie, meilleure que ses deux premiers épisodes de Batman INC. Véritable continuité d'un Final Crisis au moins autant incompris que ce Return of Bruce Wayne, une séquence dans le passé (éditorial) du Caped Crusader propose la scène de sa disparition face à Darkseid, sous un autre angle ou Batman apparaît sur de lui et conquérant face au New God, erreur qui lui coûtera cher puisque c'est de ce "combat" que découlera sa course contre le temps et contre son "lui" qui y est retranscrite dans la présente mini-série.
En termes de mise en abîme, c'est ici l'ignorance de la peur, l'aise dans le noir et l'affinité avec les chauve souris que retrouve un Bruce plus à l'aise que deux chapitres plus tôt, guidant la légende Barbe noire et ses flibustiers au travers de pièges et de mise en scènes digne d'un pirate des caraïbes sous hormone. Le choc viendra alors du costume que va revêtir le héros, celui d'un fantôme effrayant et aux traits étrangement proche de son costume historique, les oreilles en moins. L'alter ego du milliardaire commence ici sa véritable reconstruction iconique, (re)devenant synonyme de peur et de danger pour les vilains.
Autre élément représentatif du manque de plusieurs aspects du Chevalier Noir, celui-ci se permet de tuer, parfois de manière violente, ceux qui se dressent face à lui, chose que le Batman historique s'interdit par dessus tout lorsque son esprit n'est plus morcelé à travers les âges. Dernier symbole marquant, c'est encore au sein d'une grotte et de l'obscurité que la reconstruction du vigilant de Gotham se poursuit, chose à laquelle semble tenir le scénariste star.

Death Race

Loin de moi l'idée de vous raconter un par un les chapitres qui constituent ce Return of Bruce Wayne ainsi que ses enjeux, et je vous laisse le soin vous même de découvrir le 4ème chapitre qui se déroule au Far West mettant aux prises Bruce Wayne et un cowboy bien connu de l'univers DC (même s'il est important de noter la superbe référence à Lucky Luke en dernière page!). Franchement réussi, celui-ci sert avant tout d'introduction à un chapitre 5 capital dans la reconstruction du héros.
Revenu au début du 20ème siècle, Bruce Wayne se voit offerte la chance d'enquêter sur LE meurtre fondateur de Batman au sein d'une Gotham City dystopique à souhait. Sous peur de vous gâcher ce chapitre, je vous donnerais pas plus de précisions quant à cette enquête, mais l'idée de Grant Morrison fait partie au bas mot des 10 meilleures jamais trouvée dans les aventures de l'Homme chauve Souris.

Le dernier chapitre, plus anecdotique puisqu'il se passe de nos jours (sous ses atours qui semblent pourtant échapper au temps et à l'espace) et qu'il présente, au travers d'une pirouette scénaristique franchement regrettable, le retour du Héros dans le présent, presque retrouvé à 100%.
La suite de ce Return présente d'ailleurs un attrait que seuls les lecteurs de la mini-série sauront percevoir : Bruce Wayne s'est-il réellement retrouvé au travers de ces chapitres? N'a-t-il pas laissé une partie de lui même lors de son combat face à Darkseid? La franchise (puisque c'est de ça qu'il s'agit) Batman INC. est-elle directement issue de ce combat perdu face au New God? Grant Morrison semble loin d'avoir tout raconté et si le retour du héros en terres et en temps connus ne s'est pas fait sans douleur, autant dans le fond que dans la forme, le scénariste écossais a au moins su surprendre en imposant une ligue de Batmen après avoir fait vivre à son héraut des aventures venues du fond des âges.
On pourrait encore parler du fait qu'à l'instar de J.M.S sur Spider-man (même si Marvel n'a su faire fructifier cette idée ces dernières années), le scénariste à imposé la chauve souris comme leitmotiv et symbole de la dynastie Wayne, ou du fait que Bruce Wayne semble un moment proche de passer le "4ème mur" cher à Deadpool s'adressant par le biais d'un dialogue directement au lecteur ("What do you read? A Story close to my heart, you could say. The plots got a few holes, but it's starting to make sense" faisant directement référence à la Bat-revolution de Grant Morrison), mais mon petit doigt me dit qu'un dossier sur les révolutions de l'auteur devrait y revenir d'ici quelques mois.

Grant Morrison s'offre avec ce return la possibilité de réécrire  toute la mythologie Batman dans ses moindres recoins, du paléolithique aux sombres rues de Gotham en retraçant la vie des ancêtres de Bruce Wayne et en jouant allègrement avec la psyché de son personnage par le biais de mises en abîme bien senties et fondatrices du chevalier noir. On regrettera toutefois une inégalité flagrante entre les différents chapitres, tantôt aux sommets tantôt franchement fades.

Sullivan
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