
Le Festival International de la Bande Dessinée (FIBD) est-il en train de vivre ses dernières heures ? La décision de l'Association du FIBD de reconduire la société 9eArt+ pour l'organisation du festival sur la prochaine dizaine d'années ne passe décidément pas. Depuis le 8 novembre, les appels au boycott se sont multipliés de la part des auteurs et autrices et des maisons d'édition indépendante. En début de semaine, c'est un nouveau cap qui est franchi, avec un message d'alerte signé par une vingtaine de récipiendaires du Grand Prix du FIBD, expliquant que le festival est en "danger de mort". Mardi 11 novembre, les maisons d'édition de Media-Participation (Urban Comics, Dargaud, Kana) et Madrigall (Futuropolis, Casterman, Sarbacane) ainsi que Rue de Sèvres annonçaient ne pas se rendre à l'édition 2026 du festival. Une décision très lourde de sens pour ces "grands éditeurs", à laquelle il fallait s'attendre à ce que d'autres prennent le pas. C'est donc aujourd'hui le cas pour Delcourt.
S'il s'agit du premier article que vous lisez sur la crise que traverse actuellement le FIBD, nous vous renvoyons à ce long récapitulatif qui vous permettra de comprendre les tenants et aboutissants du sujet.
Ce mercredi 12 novembre, le groupe Delcourt s'est exprimé par communiqué de presse pour acter également de son boycott du FIBD : "Le Groupe Delcourt fait savoir qu’en l’état actuel des choses, il ne parAcipera pas à l’édition 2026 du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême qui n’est malheureusement plus, depuis quelques années, le rassemblement festif de toute une profession et des amoureux de la bande dessinée.
Nous nous joignons aux auteurs et à nos confrères éditeurs pour dénoncer la mainmise opérée sur le Festival par la société organisatrice 9eArt + et son dirigeant, ainsi que la brutalité de leur gestion humaine. La responsabilité de l’Association du Festival, soutien sans faille de 9eArt+, ne saurait être sous- estimée."
La mention "en l'état actuel des choses" est on ne peut plus importante. En effet, le SNE (syndicat national de l'édition) et les maisons d'édition qui le composent ont donné un ultimatum aux pouvoirs publics partenaires du FIBD pour que la situation actuelle soit changée d'ici au lundi 17 novembre arrivant. En somme, il est demandé à ce que 9eArt+ soit écarté de la gouvernance du FIBD passée le contrat qui le lie à l'Association du FIBD, et aussi à ce que la présidente de cette dernière, Delphine Groux, ne puisse pas se présenter à une possible réélection pour son poste en 2026.
"Seule une refonte radicale à tous les niveaux – structurel, humain et artistique – menée à bien dans les plus brefs délais avec le concours des pouvoirs publics, serait susceptible de préserver non seulement la prochaine édition, mais l’existence même du Festival, menacée par celles et ceux qui sont censés le faire vivre."
L'édition 2026 du FIBD représentait un temps fort pour la maison d'édition Delcourt, qui fêtera ses 40 ans d'existence l'an prochain. Il est désormais clair qu'en l'absence de tous ces éditeurs - sachant que l'on s'attend à ce que Glénat prenne le pas ensuite - et des auteurs, autrices et artistes qui travaillent avec eux, l'édition 2026 du festival ne représentera plus aucun intérêt pour le public. L'Association du FIBD et 9eArt+ sont mises au pied du mur, et doivent désormais faire face aux conséquences de leur tentative forcenée de garder le contrôle de l'organisation de cette manifestation. Avec le risque de voir le FIBD, littéralement, mourir sous nos yeux.