Un secret qui s'évente. Enfin. Un secret... Sur le papier, tout le monde était déjà au courant, dans la mesure où le bonhomme avait déjà évoqué le sujet dans les grandes largeurs, en assumant sa part de responsabilité. Mais, mettons que ça va mieux en le disant pour les futurs documentaristes et les archives officielles. Rappel des faits : dans la foulée du film Wolverine Origins, première adaptation en solitaire des aventures de Logan sur les écrans de cinéma, l'acteur Ryan Reynolds était théoriquement censé reprendre le rôle de Wade Wilson (Deadpool) le temps d'une aventure consacrée. Plutôt populaire sur le web et dans les communautés comics, le mercenaire semblait alors sur le point de franchir le pallier suivant, avec son propre blockbuster consacré.
Et en l'occurrence, l'histoire remonte même encore plus loin en arrière, dans la mesure où Ryan Reynolds était déjà en bonne position pour adapter le personnage dès le milieu des années deux mille. Et officiellement, la 20th Century Fox validera bel et bien une première mouture dans le suivi de Wolverine Origins. Avec l'équipe créative qui se chargera d'ailleurs de monter le film proprement dit : Paul Wernick et Rhett Reese au scénario et Tim Miller pour la mise en scène. Sauf que, catastrophe, la sortie du Green Lantern de Martin Campbell, avec Reynolds dans le rôle titre, se soldera par une énorme catastrophe industrielle. Echec commercial, massacré par la critique, le projet enterrera pendant un temps la carrière du comédien, en emportant au passage ses rêves de film Deadpool. La 20th Century Fox marquera un temps d'arrêt avant de mettre le projet sur pause, en admettant le risque de voir la production abandonnée pour de bon.
Et finalement ? Vous connaissez la suite. Une petite vidéo (façon "test footage", le genre de contenus que l'on présente aux studios pour donner une petite impression de ce qu'un projet pourrait donner en bout de chaîne) tombe sur le web et inverse la tendance. Le film Deadpool se présentera d'abord au public sous cette forme primaire, officiellement, pour livrer un aperçu de ce que les équipes avaient prévu de livrer au final, avant l'annulation. Or, cette petite moue de vidéo rencontrera un accueil extrêmement enthousiaste parmi la communauté des fans, au point de convaincre les pontes de la Fox que, finalement, la piste d'une adaptation de Deadpool n'était finalement pas si risquée que ça. Le studio finira donc par donner son feu vert (avec un tout petit budget) et la franchise pourra finalement décoller entre les mains d'un Ryan Reynolds trop heureux de pouvoir sauver sa carrière sur ce coup de poker.
Et justement. Maintenant que le bonhomme est officiellement revenu dans les bonnes grâces d'Hollywood, au point de sauver l'honneur pour Marvel Studios l'an dernier avec la sortie de Deadpool & Wolverine (véritable film de la revanche pour celui qui aura failli se faire enterrer par l'échec de Green Lantern), Reynolds a enfin fini par cracher le morceau. De passage sur le Toronto International Film Festival tout récemment, l'acteur a admis les faits. Oui, c'est bien Ryan Reynolds qui s'était chargé lui-même de faire fuiter le test footage de Deadpool. Est-ce qu'il regrette ? Probablement pas, mais mettons que oui, parce que le contenu en question ne lui appartenait pas et que cette fuite constituait une rupture flagrante des clauses de confidentialité classique. Est-ce qu'il est désolé ? Non plus, dans la mesure où cette façon de faire lui a permis de devenir l'un des acteurs les plus importants d'Hollywood.
Maintenant, plus dur : est-ce qu'il dit qu'il regrette et qu'il est désolé ? Bien sûr. Forcément.
"On avait tourné ce test footage quelques années plus tôt, et le studio ne voulait simplement rien en faire. Oui, j'ai un petit peu triché, mais je pense qu'on avait mis le doigt sur quelque chose et je m'étais dit que ça pouvait intéresser les gens. Et je suis heureux d'avoir suivi cet instinct. Je me dis que j'ai fait quelque chose de mal, mais je m'en suis félicité sur le moment."
T'en fais pas, Ryan Reynolds, Kevin Feige aussi il te félicite d'avoir suivi ton instinct. En théorie, plus personne ne risque de te faire un procès (surtout qu'ils comptent sur toi pour financer leur budget juridique dans le présent). En somme, un secret de polichinelle qui s'évente, une fois pour toutes, et qui restitue le narratif du projet Deadpool dans le bon ordre : parfois, les studios ont tort et les vedettes ont raison. Dommage que ça n'ait pas aussi fonctionné pour Donald Glover.