Et pas seulement. Si l'opacité traditionnelle des chiffres réels pour la production et la promotion de cette catégorie de blockbuster interdit pour le moment de dégager une estimation précise, le film Superman de James Gunn a bien été capable de dégager un bénéfice net selon la rédaction du site Variety. Dans un article publié récemment, pour faire état de la situation du groupe Warner Bros. avant l'ouverture du dernier quart de l'année, le premier long-métrage de DC Studios aurait effectivement terminé sa course dans le vert. On ne s'avancera pas forcément sur un commentaire des montants évoqués dans cette tribune (qui fait état d'un bénéfice de 125 millions de dollars pour Superman, une donnée difficilement vérifiable sans un dépatouillage chirurgical de la répartition de l'argent collecté sur les entrées en salles) mais la nouvelle reste tout de même utile pour l'avenir de la marque d'ici les prochaines années. Ou au moins, pour la confiance des actionnaires et des pontes du groupe.,
Et cette précision aurait aussi valeur de marquer net compte tenu des conversations qui ont agité la sortie (et l'exploitation) du film depuis sa sortie. Sur les réseaux sociaux, on a effectivement pu entendre toute une variété d'opinions contraires autour du Superman de James Gunn. Avec, d'un côté, certains spectateurs plutôt hostiles aux idées proposées par le cinéaste, ou simplement nostalgiques de la période des productions Zack Snyder, qui auront insisté sur le fait que ce produit n'a pas été en mesure d'égaler les chiffres de la précédente adaptation des aventures du héros en bleu.
En l'occurrence, il s'agit d'un fait objectif : avec ses 615 millions, le Superman moderne reste loin du score de Man of Steel et de ses 670 millions. En revanche, de l'autre côté de l'équation, compte tenu de l'activité du cinéma moderne des super-héros, chez Warner Bros. (207 millions pour Joker : Folie à Deux, 270 millions pour The Flash) ou Marvel Studios (515 millions pour Fantastic Four : First Steps, 382 millions pour Thunderbolts*) et d'une fréquentation toujours en baisse pour les salles de cinéma à l'échelle globale, le film peut se comprendre comme un succès contextuel, relatif, dans une industrie en transition. D'autant plus si on prend la seule donnée du box-office "domestique", où dès lors le film de Gunn (353 millions) fait mieux que Man of Steel (291 millions).
En revanche, du point de vue du groupe Warner Bros., l'objectif premier était surtout de dégager un bénéfice compte tenu des réalités du groupe. Pour rappel, depuis la fusion entre Discovery Inc. et WarnerMedia, l'entité née de cette curieuse alliance doit encore rembourser un prêt conséquent de plusieurs dizaines de milliards de dollars, et valider une stratégie rentable dès que possible et sur l'ensemble des départements concernés. Au point de commander des réorganisations par pôles de compétences (pour économiser sur les taxes et s'assurer que les zones de rendement puissent respirer indépendamment les unes des autres). Or, sur cette année, Warner Bros. peut tout de même revendiquer plusieurs franches réussites : les films Sinners, Weapons et Final Destination : Bloodlines ont été rentables, l'exploitation de F1 en partenariat avec Apple a aussi permis de dégager quelques dizaines de millions de dollars sur le département distribution, et Superman passe pour la bonne nouvelle de plus dans ce peloton de productions utiles pour tirer les chiffres vers le haut.
Une source au sein du studio aurait même affirmé aux micros de Variety que Warner Bros. serait actuellement dans le vert avec 600 millions de dollars de bénéfices réalisés sur l'activité cinéma depuis ces douze derniers mois (donc, depuis septembre de l'an dernier). Estimation optimiste et pas forcément actée... mais même sans avoir besoin de rentrer dans les détails, le pari de confier les clés du navire DC Studios à James Gunn participe tout de même de ce constat d'une stratégie réussie pour la présidence du groupe et des actionnaires. C'est déjà ça. Et on aurait tort de l'oublier : pour un studio de cinéma, l'essentiel reste de ne pas perdre de l'argent sur un exercice fiscal, avant de se poser la question du milliard de dollars de recette. Surtout dans un contexte aussi mouvementé.
Dans le même temps, les audiences de la seconde saison de Peacemaker semblent plutôt encourageantes pour le moment. L'année devrait donc plutôt bien se passer pour James Gunn et Peter Safran en attendant la seconde vague des productions DC Studios.