Il s'agit d'un duo que les lecteurs de la grande période Valiant des années 2010 connaissent forcément. Raùl Allén et Patricia Martin ont ravi les lecteurs avec des titres comme Secret Weapons ou Livewire. Depuis la fin de Valiant, le duo s’est attelé à une entreprise ambitieuse : la réalisation d’une adaptation en trois albums du roman Dune de Frank Herbert. Un travail de titan (disponible en VF chez Huginn & Muninn) qui valait bien quelques questions, et ça tombe bien :le duo était présent à la dernière édition de FACTS à Gand en Belgique, où nous sommes allés les retrouver !
Nous sommes donc ravi de vous proposer cet entretien en compagnie de Raùl Allén et Patricia Martin afin d’explorer leur parcours, leur façon de travailler à l’époque chez Valiant, puis de revenir longuement sur leur travail et les choix artistiques faits sur Dune. Une discussion que vous pouvez également retrouver à l'audio et directement en anglais via First Print si vous préférez ce format.
Nous remercions chaleureusement Clément Boitrelle qui s'est occupé de la traduction et retranscription de l'interview. Remerciements également à Stefan van de Walle, Peter Vermaele et Rémi Lach.
AK : Merci de nous accorder un peu de votre temps. Comme il s’agit de notre toute première rencontre, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
RA : Je m’appelle Raùl Allén, je suis un illustrateur et dessinateur. Je travaille pour des magazines, des livres pour enfants et pour des comics depuis maintenant vingt ans. J’ai travaillé par exemple pour Quentin Tarantino, Playboy, Rolling Stones, Time Magazine, mais aussi pour Valiant, DC, BOOM, Dynamite…
AK : Pour tout le monde en fait ! Et quant à vous Patricia ?
PM : Je suis Patricia Martín, je suis également une dessinatrice et illustratrice espagnole. Je travaille aux côtés de Raúl depuis dix ans je crois, je m’occupe de dessiner les intérieurs. Je me suis également lancée dans les illustrations de couvertures, ce que j’aime beaucoup ! Nous venons de réaliser l’adaptation en comics du roman Dune et maintenant nous travaillons sur un projet mais je ne sais pas si nous pouvons déjà en parler…
RA : C’est encore secret, on ne nous a pas encore donné l’autorisation d’en parler.
AK : Oh rassurez-vous on m’a fait comprendre que vous pouviez en parler avec moi !
RA : [rires] Montrez-moi l’email !
AK : Bon j’aurais au moins essayé !
PM : En tout cas nous sommes ravis d’être ici !
AK : Vous travaillez donc ensemble depuis dix ans, comment vous-êtes-vous rencontrés ? Via une convention, un projet sur lequel vous travailliez tous les deux ?
PM : Nous vivons dans la même ville pour commencer, ce qui rend les choses plus simples.
RA : Nous avons commencé à travailler ensemble sur quelques illustrations. A cette époque tu travaillais plus dans le design éditorial, le lettrage ce genre de choses.
PM : C’est exact. Il m’a tout appris en fait. J’ai toujours aimé dessiner et ce depuis que je suis petite. J’avais oublié à quel point j’aimais ça et Raúl m’a montré que je pouvais vraiment m’amuser en dessinant. Je te dois beaucoup !
RA : Nous avons vraiment commencé notre collaboration lors de mon premier comics chez Valiant, Patricia s’occupait du lettrage. Elle est très forte pour la mise en page et m’a donc aidé à organiser mes pages. C’est comme ça que tu as découvert à quel point tu aimais la narration dans l’art séquentiel.
PM : La narration visuelle surtout. J’ai fini par réfléchir et élaborer une narration visuelle pour l’album sur lequel nous travaillions. C’est comme ça que notre duo s’est formé.
AK : Qu’aimiez-vous précisément dans la narration ? Vous expliquiez avoir oublié à quel point vous aimiez ça.
PM : Je n’ai jamais vraiment été une lectrice de récits super-héroïques. Aussi, tous les codes inhérents au genre m’étaient parfaitement inconnus. J’ai peut-être apporté quelque chose de neuf dans notre façon de faire des comics, c’est sans doute pour ça que les lecteurs ont apprécié nos albums. J’ai pu gagner en assurance et ainsi commencer à travailler sur l’encrage, les couleurs. Notre collaboration a évolué de manière très naturelle.
RA : La suite logique pour toi après les illustrations de couverture serait de te lancer dans ton propre comics.
PM : Un jour peut-être…
AK : Comment vous organisez-vous dans votre travail ? J’imagine qu’après tout ce temps, vous devez avoir un genre de routine ? A-t-il été difficile de trouver la bonne organisation ?
RA : Ça a été quelque chose de plutôt naturel. Il y a tellement d’étapes dans la conception d’un comics. J’aime m’organiser en plusieurs petites tâches à faire, ce n’est pas gérable autrement. Patricia a donc commencé à réaliser une tâche par-ci, moi une autre par-là. Cela a commencé par le lettrage, puis la mise en page et l’encrage. Les gens ne savent jamais vraiment qui fait quoi car au final notre travail s’entremêle très vite. Nous communiquons beaucoup l’un et l’autre et nous partageons la même passion pour raconter des histoires. Nous essayons également de rester fidèle à la vision de l’auteur tout en apportant des éléments pertinents et intéressants pour le lecteur mais également pour nous-même afin de toujours rester stimulé dans le processus créatif. Tout ça est très naturel. Nous utilisons aussi beaucoup de références. J’aime les petites subtilités quand une personne bouge ou dans ses expressions. Nous effectuons nos séances de références ensemble, c’est toujours très drôle. J’ai un studio avec un fond vert…
PM : Et beaucoup de costumes !
RA : Effectivement, j’ai des costumes que ma mère a conçus et cousus. Mon père a également bricolé des armes factices.
AK : Vous vous prenez donc en photos ?
RA : Oui mais également certains de nos amis ou même des modèles. Tous nos comics pourraient être des romans photos car grâce au fond vert, nous pouvons découper les références et les placer par-dessus les arrière-plans.
PM : C’est un procédé un peu long mais très amusant. Comme le disait Raul, nous travaillons par petites tâches. Aussi quand l’un a terminé, il peut passer à autre chose. Nous pouvons même parfois travailler sur deux tâches à la fois. Ainsi quand je travaille sur la mise en page il peut par exemple s’occuper des arrière-plans. Il y a toujours quelque chose à faire, c’est un travail sans fin !
AK : Raul est souvent mentionné au dessin et Patricia aux couleurs mais c’est plus compliqué que ça.
RA : Nous essayons d’éviter d’avoir un rôle bien précis, car ce n’est pas vraiment le cas. Pour Dune nous n’avons pas pu faire figurer notre cher collaborateur Jesus Pastrana qui réalise un travail tout aussi crucial. On aime bien rendre fou les gens pour deviner qui a fait quoi précisément !
AK : Une question pour vous Patrica : comment travaillez-vous vos couleurs ? Votre style semble très reconnaissable. Je me souviens que durant votre passage chez Valiant, je savais reconnaître votre travail sur les couleurs.
PM : Nous essayons de trouver des couleurs qui séparent clairement les scènes. Ainsi le lecteur peut savoir précisément où se trouvent les personnages. Dans Dune par exemple nous avons une palette différente pour Arrakis, une autre pour Caladan, une autre pour Giedi Prime, la planète des Harkonnen. Le lecteur ne remarque peut-être pas forcément ces différents changements, mais ils facilitent la lecture. Nous cherchons à mêler chaque aspect du travail pour créer l’expérience la plus agréable possible.
RA : Je tiens à préciser que Patricia a le sens de l’esthétique. Si vous pouviez nous voir en ce moment, je porte des couleurs très ternes. Patricia quant à elle porte des couleurs beaucoup plus vives. Ton style tend vers cette approche de l’esthétique. Vous pourriez l’apercevoir à l’autre bout du hall alors que je me fond dans le paysage !
AK : Que retenez-vous de votre travail chez Valiant ? Qu’est-ce que vous aimiez dans les personnages sur lesquels vous travailliez ?
PM : Nous avions beaucoup de liberté et c’est ce qui nous a le plus plu chez Valiant. Nous avons eu également la chance de travailler avec des auteurs incroyables comme Jeff Lemire, Matt Kindt. On s’est bien amusé, les rédacteurs ont toujours été très sympas avec nous. Il s’agissait également de nos tout premiers comics, ce fut donc une expérience toute particulière pour nous.
RA : Nous n’étions également pas très familiers avec les premières versions des personnages des années 90. Nous sommes donc arrivés avec un regard neuf. On ne se préoccupait pas trop de l’héritage des personnages. Ce qui n’a pas été le cas par exemple lors de notre travail sur Wonder Woman chez DC.
PM : Quand vous travaillez sur un personnage si important et si populaire, il peut y avoir une sorte de pression. Tandis que si vous prenez le temps de connaître les personnages, voir même de les créer, ce qui fut le cas dans Secret Weapons avec Eric Heisserer, c’est tout de suite beaucoup plus amusant.
AK : Vous parliez de liberté créative, est-ce quelque chose que vous regretteriez si vous veniez à travailler chez Marvel ou DC sur des projets au long cours ?
RA : Vous savez, j’ai réalisé des illustrations dans la publicité, j’ai donc déjà été très dirigé. Ce manque de liberté peut très vite drainer toute motivation. Si votre travail passe par trop de personnes, cela peut être très pénible. Le processus créatif se retrouve très ralenti. Vous avez une première phase de révision, une seconde voire une troisième. Vous perdez donc toute spontanéité. Valiant nous a entièrement fait confiance. Nous n’avions pas à leur soumettre les ébauches avant la mise en page, ce qui fut également le cas chez DC. Nous avons donc pu nous amuser avec la façon de disposer les éléments sur la page. Je pense que c’est ce que les lecteurs apprécient le plus dans notre travail. Le premier volume de Dune a été un peu plus difficile. Brian Herbert avait par exemple comme idée de ne pas dépasser six cases par page. Cela n’avait aucun sens pour nous. Ils ont vite compris comment nous fonctionnions, et c’est pour cela que pour le deuxième et troisième volume, les auteurs nous ont octroyé plus de cases par page.
AK : Comment êtes-vous arrivés sur ce projet ? Etiez-vous amateurs de l’univers auparavant ?
PM : J’ai lu le roman quand j’avais une vingtaine d’années. Je suis tombée amoureuse de l’univers. J’étais tellement captivée que je l’ai lu en deux jours !
AK : Il m’a fallu deux semaines…
PM : Une de nos anciennes rédactrices chez Valiant, Charlotte Greenbaum, travaille également sur Dune. C’est une très bonne amie. Elle a quitté Valiant pour rejoindre ABRAMS. Quand ces derniers ont obtenu les droits pour adapter Dune en roman graphique, elle nous a contacté pour travailler sur le projet. Nous avons dû passer un petit test car si je me souviens bien, d’autres dessinateurs avaient postulé pour travailler sur la série.
AK : Il y a donc eu une sorte de casting ?
PM : Quelque chose comme ça oui. Nous n’étions pas vraiment sûrs de vouloir nous lancer dans le projet. Comme nous l’expliquions un peu plus tôt, il y avait beaucoup de pression sur nos épaules : l’histoire est importante, personne ne l’avait encore fait avant nous. Tout le monde attendait la sortie du nouveau film. Nous ne savions donc pas vraiment à l’époque si nous voulions nous lancer dans l’aventure. Malgré tout nous avons passé le test…
RA : C’est une opportunité qu’il ne fallait pas laisser passer.
PM : Nous avons finalement décroché le poste ! Cela a été un grand soulagement !
AK : C’est effectivement un peu paradoxal : vous disiez plus tôt vouloir éviter ce genre de pression. Vous pouvez avoir un peu de liberté créative, mais on ne parle pas là d’un album de science-fiction lambda, il s’agit de Dune là quand même ! D’autant qu’il y a déjà eu un film auparavant, il existe déjà des illustrations, des peintures. Malgré tout, vous vous êtes quand même lancés !
RA : Ce projet était très spécial pour moi. Dune était le livre de chevet d’un de mes frères qui est malheureusement décédé il y a un moment déjà. Il n’aura jamais l’occasion de lire le roman graphique. C’est donc un projet qui m’est très cher. Vous l’avez mentionné tous les deux, il s’agit d’une tâche très intimidante que de s’attaquer à Dune. J’aime regarder les différentes incarnations précédentes, les différentes références. Ça a sans doute été la chose la pire chose à faire pour moi car il y a déjà eu tant d’artistes talentueux qui se sont appropriés l’univers de Dune.
PM : Cela a quand même été intéressant d’étudier l’imaginaire collectif autour de cet univers. Nous avons fait des recherches mais il fallait également développer notre propre vision et interprétation pour ne pas être trop influencé par ce qui avait déjà été fait.
RA : Après avoir étudié les anciennes versions, nous avons tout mis de côté sans jamais y retourner. Comme la tâche était immense, j’ai contacté Alex Jay Brady qui est une concept artiste britannique. Elle a notamment travaillé avec Luc Besson. Ses travaux sur Dune sont très différents de notre approche. Je l’ai donc contactée et je lui ai demandé si elle était intéressée pour nous donner un coup demain. Elle nous a aidé en designant par exemple les ornithoptères. A bien des égards, ce projet ressemble beaucoup à une grosse production hollywoodienne mais avec le budget d’un comic-book ! Il a donc fallu tout imaginer de zéro. Il ne fallait pas que cela ressemble au Dune de David Lynch, ni au casting de l’adaptation de Denis Villeneuve car c’est la seule chose qui était connue de son film à l’époque.
AK : Vous n’avez donc regardé aucune bande annonce…
RA : Pas du tout. Je me souviens qu’un de mes premiers designs pour Paul ressemblait trop à Kyle MacLachlan. J’ai donc recommencé et on m’a ensuite fait remarquer que ses cheveux ressemblaient un peu trop à la coiffure de Timothée Chalamet. Il a donc fallu changer à nouveau !
AK : Quand avez-vous réussi à trouver les bons designs ? Je pense notamment au personnage de Paul Atreides ou du baron Harkonnen.
PM : C’est avant tout Raul qui s’est occupé de cette partie. Il y a eu beaucoup de modifications et d’échanges avec la rédaction pour se mettre d’accord sur les designs des personnages.
RA : Nous avons également travaillé avec David Astruga, qui a réalisé des travaux pour Magic the Gathering notamment. Nous avions déjà collaboré sur Wrath of the Eternal Warrior chez Valiant. Il a un bon sens du design. Sur ce type de projet, j’aime impliquer plusieurs artistes, si possible les meilleurs !
PM : Comme le disait Raul précédemment, c’est vraiment comme un tournage de film : il faut tout imaginer et concevoir, c’est très compliqué de faire ça tout seul.
RA : Le fait que nous travaillons en équipe, que ce soit Patricia et moi ou avec d’autres collaborateurs, rend plus facile le fait de rebondir sur les idées des autres. Quand vous travaillez seul sur un projet, vous pouvez vous retrouver bloqué et ne pas réussir à surmonter cette difficulté. Avec notre organisation, il devient plus facile d’avoir des idées fraîches et d’aider ses collègues. C’est ce qui me plaît dans ce travail : on additionne nos talents et on s’aide.
AK : Concernant le découpage des planches, aviez-vous votre mot à dire ou bien cette tâche revenait exclusivement aux auteurs ?
PM : Comme nous l’expliquions un peu plus tôt, nous avions un script avec un certain nombre de cases par pages. Nous avons échangé avec notre rédacteur en lui expliquant que nous préférions représenter l’intrigue à notre manière, celle avec laquelle nous avions l’habitude de travailler. Evidemment que nous respecterions la vision des auteurs, mais nous souhaitions travailler à notre manière. Ainsi, à chaque fois que nous recevions un script, nous trouvions de nouvelles mises en page qui intégraient le scénario qui nous était donné. Nous avons par exemple utilisé des gouttières noires pour que le lecteur puisse se représenter l’obscurité, le fait d’être dans une caverne. Nous avons donc pu jouer avec ça car c’est une histoire très dense avec beaucoup de dialogues. On ne s’est jamais senti perdu.
RA : Nous avons effectué pas mal de changements. Le premier volume devait faire à la base 150 pages. Nous nous sommes rendus compte une fois le travail de mise en page entamé, que 150 pages nous paraissaient très peu. Il nous fallait plus de pages pour pouvoir faire respirer l’intrigue. Nous avons donc demandé 13 pages de plus, ce qui n’est pas énorme mais cela nous a bien aidé.
PM : Cela a vraiment fait la différence.
RA : Si le timing n’avait pas été un problème, nous aurions demandé davantage de pages. Nous n’avons rien contre le fait de condenser les récits via des ellipses par exemple, mais cela me fait penser à Tintin : tout le monde parle tout le temps, il n’y a que des bulles de dialogues ! Ici, on parle d’une histoire épique avec des enjeux importants, des scènes de bataille.
PM : Le désert est également un endroit silencieux, il faut savoir aussi amener un peu de silence dans le récit. Tous les personnages n’ont pas à parler constamment. Il faut pouvoir ressentir l’isolement.
AK : Pour revenir à la question du design : a-t-il été difficile d’imaginer les vers des sables ?
RA : Tout dans Dune a été difficile ! Il a fallu travailler plusieurs idées, nous avons testé différentes formes. L’imaginaire collectif que nous partagions a eu une grande influence dans notre design final. Nous avons opté pour une approche très organique, comme une créature préhistorique sans oublier l’aspect monstrueux.
PM : Nous avons essayé de le rendre facilement identifiable : que vous en dessiniez un petit ou un grand, vous savez qu’il s’agit d’un vers des sables. Il fallait le rendre identifiable rapidement pour le lecteur.
AK : Nous parlons donc de trois albums de plus de 150 pages chacun. Comment avez-vous tenu sur le long terme ? N’étiez-vous pas trop épuisés à la fin ?
PM : Oui !
AK : S’agit-il du projet le plus long sur lequel vous ayez travaillé ?
RA : De loin oui !
AK : Comment avez-vous survécu ?
RA : On s’est beaucoup soutenu. Sans ce type de soutien, nous n’aurions pas pu le faire. Le premier album a été très difficile car il a fallu le réaliser en huit mois, en comptant les recherches de design. Durant le confinement, nous sommes tous les deux tombés malades ! J’ai été souffrant pendant un mois au début de la production de l’album.
PM : Ils voulaient publier l’album avant la sortie du film pour la promotion. Le film a été repoussé d’un an et demi ensuite… Le chemin a été mouvementé ! C’est pourquoi nous sommes très contents du résultat. Je suis particulièrement fière du dernier tome, c’est mon préféré. Cependant, il fallait vraiment que nous passions à autre chose pour nous changer les idées. Ce projet représente cinq ans dans nos vies, nous sommes satisfaits du travail accompli et nous sommes prêts à passer à autre chose !
RA : A la fin du deuxième volume, nous étions épuisés mais nous connaissions bien les personnages et étions bien plus à l’aise avec notre méthode de travail. Lors du premier album, il y avait beaucoup de stress à l’idée d’adapter Dune.
PM : On était un peu perdu ! Il fallait s’adapter aux auteurs, à la rédaction.
RA : Nous n’étions pas aussi à l’aise à l’idée de changer des éléments du script que nous avions pu l’être pendant nos anciens projets. On parle de l’adaptation d’un roman. Nous avons échangé avec Brian Herbert et Kevin J. Anderson, mais pas autant qu’avec les autres scénaristes avec qui nous avions travaillé auparavant. La période de transition a donc été un peu compliquée. Mais je suis très content du résultat, le troisième tome est également mon préféré.
AK : Quel est donc le nouveau projet dont vous pouvez nous parler ?
PM : Nous travaillons avec Kevin J. Anderson sur le personnage de Doctor Strange. C’est une série qui a été choisie par Alex Ross. Je ne sais pas si vous avez lu son Fantastic Four : Full Circle ?
AK : Oui.
RA : L’album aura le même format : ce sera un roman graphique de 64 pages.
PM : Nous travaillons donc avec Abrams Comics et Marvel. Le livre va être magnifique et l’édition sera très soignée [en français dans l’entretien]. On est très content de cette opportunité.
RA : C’est d’ailleurs Alex Ross qui nous a choisi pour cet album. On très content. Après mes études de beaux-arts en Espagne, je suis parti aux Etats-Unis étudier l’illustration et le design. Je me souviens de ma rencontre avec Alex Ross et Chip Kidd qui présentaient un ouvrage en commun. J’ai pu avoir leurs autographes… Et vingt ans plus tard, je me retrouve en visio avec Alex Ross et Charles Kochman ! Je lui ai montré mon livre signé, la boucle est bouclée !
AK : Nous attendons donc avec impatience cet album, ainsi que vous futurs projets.
RA : Dans quelques temps nous serons sans doute à Paris pour parler plus longuement de Doctor Strange et de notre projet secret !
AK : Merci beaucoup à vous !
RA et PM : Merci !