Fin de partie pour Chris Wozniak. La justice américaine a tranché : l'accusation de plagiat formulée à l'encontre de Matt Reeves et des studios Warner Bros. sur le scénario du film The Batman a été classée sans suite. Une conclusion attendue, compte tenu des détails de l'affaire. En clôture d'audience, le juge Paul Engelmayer, chargé de l'instruction, a expliqué que le dossier de Chris Wozniak ne reposait pas sur des preuves suffisamment solides, et que les ressemblances entre son comics et le scénario du long-métrage étaient insuffisantes pour rentrer dans le cadre d'un plagiat en bonne et due forme. Une bonne opportunité de se rappeler de cette affaire, survenue quelques mois après la sortie du film de Matt Reeves sur les réseaux sociaux.
Pour le rappel des faits, Chris Wozniak, ancien dessinateur à la commande chez DC Comics, estimait avoir été plagié à la suite d'un curieux concours de circonstances. Suite à la sortie de The Batman dans les salles de cinéma, celui-ci explique que, lors de son passage chez la maison d'édition dans les années quatre-vingt dix, il aurait proposé à Archie Goodwin, alors en charge du pôle Batman, une histoire qui devait se concentrer sur le personnage du Riddler. Le comics en question s'appelait, au départ, The Ultimate Riddle. Mais la proposition ne sera pas retenue.
Plus tard, Chris Wozniak affirme avoir rencontré le producteur de cinéma Michael E. Uslan lors d'une convention en 2008. Le dessinateur obtient les coordonnées de ce nouvel interlocuteur, et propose, pour la seconde fois, cette même histoire comme base de travail pour un éventuel nouveau film Batman à définir. Celle-ci a alors droit à un nouveau titre : Blind Man's Hat. Si Wozniak ne reçoit pas de nouvelles à la suite de cet échange, il croit reconnaître des morceaux de son propre scénario lorsque démarre la campagne de promo' du film The Batman, presque quinze ans plus tard. Entre temps, le dessinateur a migré vers le marché indépendant, adhéré à la mouvance ComicsGate, et ne se prive pas pour faire un esclandre sur les réseaux sociaux.
Il va même plus loin : selon lui, le plagiat est avéré, et il est donc logique d'attaquer le studio en justice. Dans la mesure où la plainte a finalement été déboutée, il est inutile d'entrer dans les détails - mais si le dossier vous intéresse, vous retrouverez à cette adresse une longue chronique récapitulative qui explique, dans les grandes lignes, pourquoi les accusations de Chris Wozniak avaient été qualifiées "d'arnaque" à l'époque. En résumé, beaucoup avaient envisagé l'histoire du #BatmanGate comme une façon pour le dessinateur de faire parler de lui, au moment où celui-ci lançait justement une campagne IndieGoGo pour son nouveau comics.
A noter pour les détails : en amont de son procès, Chris Wozniak avait aussi eu la mauvaise idée de déposer un brevet pour le comics Blind Man's Hat en passant par le Bureau du Copyright aux Etats-Unis. Malheureusement, le droit américain a la dent dure concernant les comics en work for hire. Même si, techniquement, le scénario de Blind Man's Hat n'a jamais été publié chez DC Comics, celui-ci comprend tout de même toute une batterie de personnages qui appartiennent, légalement, à la maison d'édition à deux lettres. A commencer par Batman et le Riddler. En somme, même si Wozniak avait été capable de prouver que Matt Reeves s'était effectivement servi de son histoire pour alimenter le script de The Batman, l'accusation de fraude au droit d'auteur n'aurait probablement pas pu être appliquée dans ce cas de figure précis.
On imagine tout de même que certains autres chefs d'accusation auraient pu passer entre les gouttes si, encore une fois, l'affaire se reposait sur des éléments crédibles ou sérieux. Pour rappel, les différents artistes dont le travail a effectivement été utilisé pour servir de base au film The Batman (et qui sont crédités au générique : Brian Azzarello, Darwyn Cooke, Jeph Loeb, David Mazzucchelli, etc) ont été compensés financièrement, en accord avec la politique interne de Warner Bros. sur les adaptations DC Comics. Merci d'avoir joué.