Sans la moindre espèce de surprise, Shazam : La Rage des Dieux démarre mollement dans les salles de cinéma du monde entier. Pour preuve que les analystes ne se contentent pas d'interpréter le vol des corneilles ou la forme des nuages, la performance avait été même été prédite du point de vue des Etats-Unis : sur le marché "domestique", le second film de David F. Sandberg pour le compte de Warner Bros. et DC Studios se sera contenté d'un score extrêmement modeste de 30 millions de dollars. A cette somme vient s'ajouter celle du marché international, à hauteur de 35 millions de dollars. Le film en est donc réduit à 65 millions de dollars pour son weekend d'ouverture.
Le Crash des Dieux
A titre de comparaison, le premier film
Shazam avait de son côté débuté à 53 millions de dollars sur le sol américain, contre 102 millions à l'international. Ce qui était déjà, pour l'époque, le plus faible démarrage pour une production
DC Films (
DC Studios) jamais enregistrée dans l'ère moderne entamée après
Man of Steel. La valse des experts va donc commencer pour mettre des mots ou des raisons sur cet insuccès massif - dans un moment où le weekend d'ouverture représente une donnée cruciale face à l'essoufflement systématique et souvent extrêmement brusque qui suit généralement la sortie des grosses productions de ce genre, depuis la pandémie. A moins d'une énorme surprise, il est à peu près certain que
Shazam : La Rage des Dieux n'atteindra pas la performance du premier
Shazam avec ses 365 millions de dollars cumulés sur l'ensemble de sa durée d'exploitation.
Alors, à qui la faute ? Pour certains, le film a souffert des retards et des chambardements de calendrier chez Warner Bros.. D'autres estiment que le projet est simplement la première victime collatérale d'un univers tenu sous respirateur artificiel, et qui ne peut donc pas profiter de l'effet du "positionnement canonique" qui oblige les spectateurs fidèles à acheter leur place pour comprendre comment chaque nouvel épisode d'une saga s'intercale dans la continuité d'ensemble. De fait, James Gunn avait prévenu : DC Studios opère en ce moment même un reboot global, et tous les films de cette année ne seront a priori pas utiles pour les plans futurs. Aussi, cette donnée qui aura souvent servi à Marvel Studios pour pousser du pied des films un peu moins aguicheurs que la moyenne ne peut pas s'appliquer.
D'autres évoquent le cas particulier de Zachary Levi et de ses prises de position sur le sujet du vaccin (ou les vues personnelles du comédien sur le thème de la religion et de l'engagement politique). Enfin, certains estiment aussi dans une perspective plus globale que Hollywood peine simplement à séduire et à fédérer depuis la réouverture des salles - et de ce point de vue, à l'exception des invraisemblables mastodontes d'usage (Avatar : The Way of Water, Top Gun : Maverick, Spider-Man : No Way Home), force est d'admettre que l'échec coup sur coup de Black Adam, de Ant-Man & the Wasp : Quantumania et de Shazam : La Rage des Dieux aurait de quoi poser de sérieuses questions au modèle de production des blockbusters affiliés au répertoire des super-héros. Encore que, si d'aucuns prédisent déjà la mort du genre, le succès de Black Panther : Wakanda Forever, The Batman ou Thor : Love & Thunder ne suffisent pas à définir une règle contemporaine sur le sujet. Peut-être que la franchise Shazam n'avait simplement pas vocation à se poursuivre avec cette même équipe créative, ou que le studio ne s'est pas donné les moyens de faire mieux. A votre avis ?
Notons au passage que Shazam : La Rage des Dieux ne sera disponible en France qu'à partir du 29 mars 2023. Inexplicablement, le film est en revanche déjà projeté dans les salles de Belgique (et on remarquera la maigre quantité de projections presse ou d'avant-première sur notre territoire, un signal assez clair de la confiance accordée à ce projet par la division française de Warner Bros.). Enfin, et pour conclure au sujet des nouvelles importations de blockbusters américains sur le sol chinois : le film de David F. Sandberg ne s'en sort pour l'instant pas mieux dans l'Empire du Milieu, avec un démarrage quantifié à 4,4 millions de dollars sur ce territoire, malgré une date de sortie simultanée avec le reste du monde. Aïe.