L'étonnante carrière de Mike Deodato Jr. se poursuit, une insertion de vedette au format comics à la fois. Le dessinateur s'est fait une spécialité du décalque ou de l'imitation de véritables personnalités du cinéma, à tel point qu'une sorte de jeu du "qui est-ce" s'est institué parmi certaines poches de lecteurs, toujours prompts à mettre le doigt sur le dernier caméo du moment. D'autres lui reprochent cette méthode de travail, qui évoque la fameuse technique du "tracing" à la Greg Land, même si le constat est généralement plus positif. Deodato utilise des photographies comme références, c'est vrai, mais le dessinateur est avant tout un génie du découpage capable de belles prouesses graphiques avec ou sans l'appui de ses vedettes de coeur.
A partir de là, la méthode est donc plus amusante qu'autre chose
Et pour l'actualité du jour : devenu l'artiste de référence des éditions
AWA Studios depuis quelques années, en tenant compagnie à
Joe Michael Straczynski sur
The Resistance,
Mike Deodato Jr. enchaîne depuis les créations originales au sein de cette société.
Redemption,
Not All Robots,
The Fourth Man,
Absolution, etc. Le dessinateur est aujourd'hui une sorte de figure de proue pour la maison d'édition d'
Axel Alonso, et entretient cette fidélité en s'associant cette fois au scénariste
Cullen Bunn pour le titre
Red Zone.
Le projet se présente comme une série d'espionnage dans le sillon de la guerre froide, dans laquelle un ancien agent infiltré aux Etats-Unis va être forcé de rentrer au pays. Alors que celui-ci espérait mener une vie normale, des anciens éléments surgissent de son passé, d'anciens adversaires se mettent à ses trousses, et le héros n'a pas d'autre choix que d'utiliser l'ensemble de ses compétences d'agent pour se frayer un chemin à travers le complot. Une sorte de petit manuel du synopsis routinier pour un titre évoluant dans le répertoire de l'espionnage, avec pour principale originalité le fait d'opérer en Russie plutôt qu'aux Etats-Unis, comme souvent. Red Zone est annoncé en quatre numéros, dans les standards d'AWA Studios.
Aparté nécessaire : si vous n'avez vraiment jamais vu à quoi pouvaient ressembler les fameuses imitations de Deodato, en dehors de Ed Harris et Harvey Keitel dans The Resistance, de Zendaya sur la couverture de The Joneses, ou encore de Gérard Depardieu dans Absolution (oui oui - on vous a dit que c'était marrant), le bonhomme a aussi fait le tour du web pour sa représentation du personnage de Doctor Doom dans la série Invicible Iron Man. Pourquoi ? Parce que le super-méchant, dans l'idéal graphique curieux du dessinateur, évoquait un certain grand acteur du cinéma français passé par La Haine, Mesrine, Irréversible ou Black Swan. Voyez plutôt.
L'anecdote est en fait très connue dans le présent - et la raison pour laquelle on vous en reparle, c'est parce qu'à force de chercher les sosies dans les planches de Deodato, on en vient peut-être par avoir des hallucinations. Donc, à vous ne nous dire. Si Vincent Cassel est sans doute aujourd'hui un peu trop âgé pour suivre les pas du Nick Fury de Samuel L. Jackson, à savoir, embrasser le rôle que les artistes de comics ont préparé pour lui dans l'univers Marvel Studios, l'artiste a visiblement décidé de réutiliser sa bouille pour le héros de Red Zone, mais cette fois dans une version plus moderne. Et au passage, vous remarquerez que Gal Gadot et Andy Serkis (et... Nick Offerman ?) seront aussi de la partie, si l'on en croit la couverture.
Félicitations, donc, à Vincent Cassel qui nous permet de faire rayonner la francophonie à travers l'ensemble du paysage de l'art séquentiel américain depuis toutes ces années - un peu comme Jean Réno dans les jeux vidéos japonais à une époque. Le moment est peut-être venu de prêter le DVD des Rivières Pourpres à Mike Deodato Jr., histoire de mettre bien tout un tas de gens.
Red Zone #1 est attendu pour le 1er mars 2023 avec des couleurs de Lee Loughridge et une couverture variante de Razzah.
