Si les grandes structures de production ont décidé, pour la plupart, de centraliser leurs contenus au même endroit, Warner Bros. Discovery semble aujourd'hui plutôt ouvert à l'idée de partager la force. La société WarnerMedia a été rachetée par le groupe Discovery Inc., un conglomérat de la télévision et du documentaire déjà équipé de sa propre plateforme de SVOD, Discovery+. La difficulté de savoir quoi faire pour assembler les deux services, et l'énorme facture à payer pour éponger le rachat de WarnerMedia a fini par convaincre David Zaslav, le nouveau président du groupe, de l'intérêt de segmenter l'offre sur plusieurs plateformes concurrentes.
Ou plus précisément, Prime Video pour le moment
Si la plateforme
Netflix semblait la mieux placée pour accueillir les futurs programmes de la marque
Warner Bros. Discovery,
Zaslav et ses équipes
ont visiblement opté pour Prime Video. Voire avec le groupe
Amazon en règle générale. Un choix étonnant, dans la mesure où
Netflix aura accueilli pendant de longues années les séries originales de la chaîne
CW sous licence
DC Comics, l'adaptation de
Sweet Tooth sortie du catalogue
DC/Vertigo, et avait même posé le modèle de ce qui est devenu, depuis, la feuille de route des coproductions
Warner Bros. pour les produits extérieurs à
HBO Max avec la série
Sandman.
Pour rappel, à l'époque,
Warner Bros. Television avait estimé que le budget serait trop important dans le cas d'une adaptation ambitieuse. Il avait alors été décidé de céder à
Netflix les droits de diffusion de la série, en échange du financement
de la majeure partie des coûts de production. L'énorme dette contractée par
Discovery pour le rachat de
WarnerMedia impose désormais à
Zaslav de miser sur cette stratégie pour le moment, en autorisant davantage de projets à migrer vers d'autres plateformes pour partager les dépenses et permettre à
Warner Bros. de garder la tête hors de l'eau pendant cette période compliquée.
Alors, pourquoi Prime Video et pas Netflix ? Selon le Hollywood Reporter, David Zaslav aurait apparemment été frustré par la façon dont le géant du streaming aurait géré la problématique des délais de paiements. La façon dont les contrats entre Netflix et leurs partenaires sont conçus prévoit effectivement des règlements articulés sur une période de 18 à 24 mois. Si différentes sources en interne s'étonnent de la façon dont Zaslav aurait découvert cette situation - qui n'avait absolument rien d'un secret en interne, la plateforme a pris cette habitude depuis de longues années déjà - le fait est que Warner Bros. Discovery a besoin d'argent rapidement pour se remettre à flot. Voir paragraphes plus haut sur le sujet de la dette. La question n'est absolument pas secondaire de la part du groupe, qui avait déjà dû repousser certaines grosses sorties au cinéma par manque d'argent à investir dans les budgets de promotion. Ou encore, annulé Batgirl en échange d'une exonération fiscale.
Pour l'heure, donc, David Zaslav aurait donc énoncé une consigne à ses différents lieutenants des sous-divisions de Warner Bros. Discovery : ne pas aller frapper à la porte de Netflix en cas de programmes à mettre en vente dans l'immédiat. Ou pour les prochaines semaines.
Sur le sujet des autres produits nés de l'association entre Netflix et WB, personne ne serait en danger d'une annulation dans l'immédiat. Neil Gaiman a pris la plume sur les réseaux sociaux pour rassurer les foules. Selon le showrunner de The Sandman, il n'existe aucun conflit susceptible de bloquer la seconde saison de la série. Celle-ci a bien été commandée et est une réalité. La nouvelle règle concerne certainement de futurs projets qui auraient pu finir sur Netflix, mais termineront a priori sur Prime Video ou ailleurs tant que Warner Bros. Discovery n'aura pas résolu ses problèmes de trésorerie.