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A propos de Bob Chapek, les pertes de la plateforme Disney+ sous sa présidence plus élevées que prévu ?

A propos de Bob Chapek, les pertes de la plateforme Disney+ sous sa présidence plus élevées que prévu ?

NewsCinéma

Les plaques tectoniques d'Hollywood se remettaient à trembler, récemment, lorsque la couronne de président du groupe Disney quittait le crâne lustré de Bob Chapek pour réatterrir sur la tonsure grise de Robert Iger, l'ancien roi en préretraite appelé à la rescousse pour contenir un désastre potentiel. Imaginez ce que Netflix aurait fait de ce genre de séquences si la plateforme avait eu les droits pour une série biographique, à la The Crown. Le crescendo des violons et les lumière en contre-jour sur de vieux millionnaires qui se serrent la paluche à l'aube du régicide - on croirait déjà entendre les tonnerres d'applaudissements dans l'assistance des Emmy Awards lorsque George Clooney sera nommé pour son interprétation d'un Bob Iger étonnamment beau gosse.

Mais en attendant, que dire ?

La rédaction du Wall Street Journal revient sur le départ de Bob Chapek, dans un article qui évoque avec davantage de détails la gestion problématique de la plateforme Disney+. Véritable obsession de cette présidence de deux ans, l'antenne de SVOD affichait à la clôture du dernier trimestre fiscal une perte sèche d'1,5 milliards de dollars. Soit plus du double du déficit annoncé l'année dernière à la même période (à l'époque, 630 millions de dollars). Une situation tendue, dans la mesure où la quantité d'abonnés à la plateforme est en constante augmentation avec 164 millions de clients - après avoir déjà largement profité de la période des confinements et couvre-feux, à l'instar de l'ensemble du marché de la vidéo-à-la-demande - mais les profits tardent à se matérialiser.
 
Si Bob Chapek envisageait dans une prise de parole publique adressée aux actionnaires quelques semaines avant sa mise à pied que les chiffres de Disney+ finiraient par tomber dans le vert, les investisseurs n'étaient pas vraiment prêts à se laisser convaincre. Pendant que différentes rédactions (probablement composées de platistes ou de naturopathes) évoquent la perspective d'un licenciement relatif à l'idéologie supposément "woke" de Chapek, le président a surtout été foutu à la porte après cette fameuse présentation publique des résultats trimestriels. Engendrant une perte de 13% sur la valeur des actions du groupe. Pour un conglomérat de cette taille, cette estimation représenterait un montant chiffré à 24 milliards de dollars, pour un total cumulé de près de 100 milliards de dollars de décroissance sur deux ans pour le cours de l'action Disney. De 260 milliards à 167 milliards. Pas forcément un bilan très positif pour l'héritier de Bob Iger.
 
L'enquête du Wall Street Journal valide cette thèse des chiffres - quitte à nous arracher au passage les théories du complot sur d'éventuels motifs de licenciements plus personnels à l'endroit de Bob Chapek. Selon cette antenne de presse, l'ancien président avait même dû maquiller les chiffres pour éviter de gonfler la note des productions originales destinées à Disney+. Comme toutes les plateformes de streaming, le service de SVOD du groupe Disney dépense le gros de son argent dans la création de séries, films et documentaires destinés à alimenter la base d'abonnés en contenu. Séries Star Wars, séries Marvel Studios. Des longs-métrages originaux comme le film Prey. Etc. Cette partie de l'activité pèse lourd dans la fameux déficit d'1,5 milliards de dollars présenté aux actionnaires, et on comprend donc que Bob Chapek a pu chercher à alléger la facture... quitte à abuser le système de calcul au passage.
 
"Disney a déplacé des programmes qui avaient été pensés au départ pour être des créations Disney+ en choisissant de les diffuser au préalable sur d'autres réseaux comme Disney Channel, selon des sources proches du dossier. Ce faisant, les coûts de production et de marketing de ces contenus - qui incluaient les feuilletons 'The Mysterious Benedict Society' et 'Doogie Kamealoha, M.D.' - n'étaient pas comptabilisés dans les chiffres du service de streaming, pour donner l'air d'une meilleure performance commerciale."

Si la manoeuvre n'a rien de très surprenante à l'échelle de ces énormes groupes qui savent généralement jouer avec les chiffres en amont des grands sommets actionnariaux, le staff de Disney avait visiblement identifié cette situation comme hautement problématique en interne. Christine McCarthy, présidente des opérations financières au sein du groupe (un poste situé très haut dans la pyramide, pas très loin du PDG) avait été la première à sonner l'alarme face à cette gestion dangereuse, menant une véritable fronde en interne, selon le Wall Street Journal, contre le président en poste. 
 
Comme dans le cas de la hausse du prix des plateformes de streaming, ou de l'éternel problème de certains groupes qui parviennent à s'en sortir en échappant à l'impôt dans les territoires où ils choisissent de s'implanter, le cas de Bob Chapek et ces deux ans à la tête de Disney ne font que surligner l'illusion de l'eldorado streaming. A la fois pour les grands groupes, qui réalisent la difficulté de rester concurrentiels sur un marché déjà saturé, à l'heure où le public réclame des séries télévisées aux budgets de blockbusters à rythme soutenu, et pour les consommateurs, qui refusent de plus en plus de payer une certaine somme en échange de l'accès au contenu dématérialisé. Un équilibre précaire, que Chapek n'a visiblement pas su manoeuvrer, accumulant les dépenses sans générer de retour sur investissement pour conquérir le marché des écrans connectés - un bilan positif de ce point de vue là, mais qui n'a fait qu'accélérer la dette de Disney en encourageant ce système de "streaming à perte". 
 
Voilà pour ces quelques éléments de clarification, qui nous préparent au passage à des vagues d'annulations et de licenciements sur Disney+ ou dans les autres divisions de l'entreprise d'ici les mois et années à venir. Merci, Bobby.
 
Corentin
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