A l'approche de la fin du mois de juin, les sorties comics se font toujours aussi nombreuses. Le mois a été très chargé et continue de l'être, aussi la Checklist Comics se doit d'être présente pour faire le point, comme chaque semaine, sur les comics qui pourraient attirer votre attention. Qu'il s'agisse de super-héros ou d'indé, de VO ou de VF, il y a des sorties qui font l'actualité, et des titres de bonne qualité à suivre : c'est donc ce qu'on vous propose de découvrir.
Bien entendu, la Checklist Comics n'est pas exhaustive et vous avez là toute l'occasion de nous faire part de vos propres conseils de lecture dans l'espace des commentaires, afin d'en faire profiter le plus grand nombre. Bonnes lectures à tout le monde !
Après le numéro-préquelle, Empyre commence. Ou pas tout à fait, puisqu'il y a encore une introduction dans l'introduction : à défaut de nous avoir imposé le traditionnel numéro Alpha #1, Marvel a quand même tenu à mettre un numéro #0 (ou deux) au début de son événement de l'été, au cas où le numéro #1 ne se vendrait pas suffisamment bien. En résumé, il s'agira ici de présenter les enjeux et les forces en présence pour le grand crossover à venir. Une bagarre cosmique, le retour d'un certain Français amateur de tir à l'arc et d'épées, une intronisation du danger que représente le désormais empereur Hulkling pour la Terre et le reste de l'univers, et c'est à peu près tout. Les Avengers, résolus, partent en guerre, tandis que les Fantastic Four vont de leur côté tenter de négocier. Si Empyre était un film, ce numéro serait un générique déroulant. Pour ceux qui auraient eu la chance de passer entre les gouttes promotionnelles de ces derniers mois, il aura au moins l'intérêt de nommer les protagonistes et de préparer la suite, on s'en contentera. Et puis, Larraz aux dessins, ça fait pardonner beaucoup de choses aussi.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Nouvel anniversaire cette semaine chez DC Comics, et l'on se concentre sur Green Lantern. Et bien entendu, après 80 ans d'existence et de nombreux porteurs d'anneaux, il n'y en aura pas que pour Hal Jordan ou Alan Scott, puisque grosso modo tous les terriens qui ont eu l'uniforme seront mis en avant au terme de la dizaine d'histoires présentes dans cette anthologie, suivant le modèle classique que DC suit pour ces anniversaires. Un numéro aujourd'hui d'autant plus important qu'il comprend la toute dernière histoire écrite par Dennis O'Neil, qui nous a quittés il y a peu, et qui a eu tant d'importance dans l'historique des Green Lanterns. En somme, quel que soit votre porteur d'anneau préféré, vous devriez en avoir pour votre compte, avec ce numéro qui rappelle que la lumière verte continuera de briller même par la nuit la plus noire.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Après la mini-série Joker : Killer Smile, centrée sur la folie sinueuse du Joker, Jeff Lemire et Andrea Sorrentino se retrouvent pour le numéro Smile Killer pour une perspective inversée. Cette fois articulée autour de Batman, la plongée délirante interroge le rapport de Bruce Wayne a son double chaotique. En résumé, ce qu'auront tenté de faire Scott Snyder ou John Layman à différents endroits de leurs runs (les débuts de Last Knight on Earth et Gothtopia), avec la parabole sur les histoires de fous qui s'inventent des mondes, à la Shutter Island ou Vol Au Dessus d'un Nid de Coucous. Plutôt intéressante, l'idée vogue sur un immense corpus d'oeuvres utilisant la figure de Batman comme celle d'un schizophrène traumatisé dans son enfance, et boucle bien l'ensemble Killer Smile avec une note d'ironie grinçante pleine de désespoir. On aurait aimé que le scénariste ait un peu plus de place pour développer son idée, mais c'est déjà ça. Dans la perspective d'une sorte de contre-Killing Joke, Lemire pose l'idée que le Joker ne serait pas un personnage réel mais l'esprit de l'asile d'Arkham tout entier, traversant, via Mr Smiles, l'ensemble des résidents de cet hôpital psychiatrique peuplés de tourmentés. Une lecture originale, complète, et qui assoit le concept même du Joker en tant que personnage voguant d'identités en identités - bien plus qu'un one-shot, une véritable fin symbolique à la première mini-série.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Un peu de travaux pratiques pour varier : prenez du LSD. Ecrivez un comics avec un pote, en essayant d'accentuer l'histoire sur un thème lié à la nourriture. Attendez quatre ans. Puis, inventez une autre histoire, en mélangeant science-fiction et horreur. Là-dessus, reprenez du LSD, et inventez une rencontre entre vos deux séries. Le résultat de cette expérience sera probablement plus cohérent et censé que la mini-série Chew/Outer Darkness (et vous aurez aussi acquis une perspective plus large de votre place sans l'univers). Grosso modo, si le premier numéro a pu passer pour un ensemble sérieux, cet improbable crossover orchestré par John Layman, Rob Guillory et Afu Chan n'avait bien qu'un seul but, rapidement avoué : se marrer, et faire n'importe quoi. En mélangeant un rapport au réel à la Grant Morrison, avec un héros confronté à son statut de personnage de comics (pensez d'ailleurs à lire la fin de Chew avant de vous plonger dans la mini, sans quoi ça n'aura pas d'intérêt), croisé à une histoire relativement anecdotique sur une tractation alien, le projet devient vite complètement cinglé et ouvertement parodique, servant plus aux créateurs à faire plaisir aux fans de Tony Chu et ses potes en revenant une dernière fois sur cet univers à la marge. Rares auront été les comics alliant aussi bien le génie et la bêtise, et les amateurs du poulet Poyo seront probablement les grands gagnants du projet en règle très générale. A part ça ? Conclure Outer Darkness sur ce crossover n'avait aucun sens, et on imagine que Layman n'aurait pas pris cette route s'il avait reçu plus tôt l'annonce de la mort de ce projet. En résumé, un immense délire satisfaisant et un micro-gâchis, qui reste tout de même à lire pour les fans de trucs sans queue ni tête.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Le voilà enfin ! Le troisième volume de X-Men : Grand Design (X-Tinction) vient parachever l'un des projets les plus inattendus et les plus réussi de Marvel depuis de longues années. Au moment où Hayden Sherman s'amuse à imaginer un Spider-Man dessiné par Frank Miller, Ed Piskor se sera essayé, de son côté, à reprendre toute l'histoire des premières décennies mutantes si elles avaient été écrites et dessinées par Harvey Pekar. Dans un style évoquant les comics undergrounds, l'artiste recompose toute la transition des X-Men entre 1980 et 1990. Moins bordéliques ou denses, les épisodes en question suivent l'évolution de l'écriture de BD aux Etats-Unis, avec un volume plus homogène où, enfin, l'impression de suivre une trame de fond plus claire se ressent. Dans le tas, on retrouve avec plaisir les Cable, Psylocke ou Madelyne Pryor, entre autres grands moments de cette troisième génération d'aventures, avec la figure omniprésente d'un certain Sinister. Les dessins sont superbes, les couleurs aussi, et pour les fans comme les débutants, un autre excellent tome pour connaître les X-Men, monument à part dans la mythologie de Marvel.
A côté, on vous rappellera aussi que cette semaine les très bons Daredevil Tome 1 et L'Histoire de l'Univers Marvel sont aussi sortis (et chroniqués par nos soins, déjà).
Cette semaine chez Urban Comics, on retrouve l'énorme pavé Justice League Doom War (on vous explique bientôt pourquoi on trouve ça trop indigeste pour lui accorder un paragraphe dans cette Checklist), mais surtout les premiers titres que DC avait proposés initialement dans son offre exclusive aux magasins Walmart. L'éditeur à deux lettres avait fait fort en plaçant deux de ses auteurs superstars sur les personnages qu'ils écrivaient alors : soit Tom King sur Superman, et dans ce cas Brian M. Bendis sur Batman. Un exercice efficace qu'est ce Batman Universe, dans lequel le Chevalier Noir justement, ne reste pas cantonné à son seul environnement local, avec un oeuf aux propriétés surnaturelles que convoite Vandal Savage, et qui va pousser Batman à s'allier à Green Lantern ou Jonah Hex. On est ravi de retrouver Bendis sur le super-héros, et les planches de Nick Derington sont savoureuses. A tester.
Dans la longue saga Hellboy, Mike Mignola se sera amusé à voguer entre différentes époques pour conter les aventures de son rejeton démoniaque ou du BPRD. Avec le volume consacré à Raspoutine, dans la collection des Dossiers Secrets de Delcourt (Rasputin : The Voice of the Dragon), l'auteur revient aux origines des origines. Avant même que n'apparaisse sur Terre le petit Anung Un Rama au coeur du fameux rituel que l'on connaît, lorsque Trevor Bruttenholm n'était encore qu'un jeune spécialiste des sciences occultes mis sur la piste d'un complot secret fomenté par les nazis. Le volume suit son enquête et son aventure, avec la première rencontre entre le héros, père adoptif de Hellboy, et le trio de tête des forces maléfiques du Reich : Raspoutine, Karl Ruprecht Kroenen et Ilsa Haupstein. Plutôt ludique, l'histoire a surtout un intérêt en tant que première porte ouverte sur l'univers de Hellboy et de la légendaire première mini-série, Les Germes de la Destruction (où le vieux prof' n'avait pas forcément eu l'occasion de briller). Une petite pierre utile dans cette grande mythologie, gorgée de fanservice pour les uns et de petits accents de film d'aventure rétro' pour les autres, une bien chouette lecture pour les amateurs de la pensée Mignola.
On vous le disait donc un peu plus tôt, le second tome des anciens "walmart exclusive" s'intéresse au Superman écrit par Tom King, qui dépeint donc sa vision de l'Homme d'Acier après nous avoir longuement exposé son point de vue sur Batman. L'auteur pose sur la table le dilemme d'un héros qui est attaché à sa ville, mais aussi capable d'affronter des menaces bien au-delà des frontières de la Terre. Un voyage vers l'espace se profile donc pour sauver une petite fille disparue, et King, comme à son habitude, en profite aussi pour parler des angoisses que peut ressentir Kal-El, notamment son attachement à l'espèce humaine (et à celle qui compte le plus pour lui) alors qu'il n'est pas né sur cette planète. Là aussi, la présence d'Andy Kubert est une plus value indéniable pour inciter à la lecture.