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Swamp Thing : Dans la gadoue de l'horreur tout public

Swamp Thing : Dans la gadoue de l'horreur tout public

ReviewSeries tv
On a aimé
• Plus moyen que réellement décevant
• Crystal Reed fait le job
• Une scène en Français très marrante au début
• Les marais de Caroline du Nord
• Quelques effets spéciaux réussis
On a moins aimé
• Milieu de gamme, absolu
• Des archétypes et des situations ultra-prévisibles
• Ne fait pas peur
• On s'y ennuie très vite
Notre note

Elle est arrivée : après le succès critique de Doom Patrol et la série Titans qui aura très largement su trouver son public, DC Universe s'associe pour la toute première fois avec un autre partenaire à la production que leur habituel pourvoyeur d'adaptations, Berlanti Prod.. Les vétérans de la série télévisée estampillée DC Comics ont cette fois passé la main à un autre studio, supposément plus habitué aux propositions horrifiques, Atomic Monster, compagnie de James Wan liée à Warner Bros. depuis Aquaman et Shazam - le réalisateur avait, sur le film du petit Billy, placé un de ses poulains en la personne de David Sandberg.
 
Il sera intéressant de prendre cette donnée en considération - pour ceux qui, par exemple, confondent distributeur ou diffuseur et studio de développement. Le fait est que la série Swamp Thing vient casser la routine d'usage des séries DC Universe, qui n'était de toutes façons maintenue que par l'illusion que tous ces produits de commande avançaient main dans la main et menés de concert par un éditorial exigeant. Sorti de Berlanti Productions, la vérité est que ces adaptations n'ont pas de réelle obligation à se ressembler les unes les autres, et qu'on peut tout à fait avoir apprécié les précédentes et ne pas rentrer de plain pied dans les eaux marécageuses de Swamp Thing.
 
Il sera pourtant intéressant de remarquer que la série intervient après ce qui sera passé auprès de beaucoup pour la meilleure réussite de Berlanti, Doom Patrol. A force d'essayer, de côtoyer les héros costumés depuis près de dix ans, le studio a appris à force d'expérience qu'il n'était pas nécessaire de se compromettre auprès du grand public. Qu'on pouvait s'amuser à imiter la folie bariolée ou la richesse des oeuvres séquentielles, et qu'il y avait souvent plus d'intérêt à coller au matériel qu'à s'en éloigner au profit du tout-venant - le fandom aime apprendre, découvrir, et être récompensé. A l'inverse, Swamp Thing semble repartir quelques années en arrière, et s'il n'y a effectivement pas de comparaison logique à tirer dans tous les cas, le fait est que cette production semble plutôt mal tomber pour le moment. Voyons ça plus loin.
 

 
Dans une petite ville de Louisiane baptisée Marais, une épidémie mystérieuse commencer à frapper les habitants. Désarçonnés, les médecins locaux font appels au CDC, une sorte d'organisation mondiale de la santé, pour venir élucider ce mystère - le cas tombe entre les mains d'Abby Arcane, doctoresse qui aura grandi à Marais et semble accueillir avec une certaine amertume l'idée de remettre les bottes dans son patelin natal. L'épidémie, évidemment surnaturelle, a pour source une sorte de mutation des plantes au coeur de l'immense bayou qui entoure la ville, et Avery Sunderland, le millionnaire local, engage un scientifique raté, Alec Holland, pour comprendre ce qui ne va pas dans le marais. La série s'oriente vite vers un mélange de complot, d'expériences de labo' douteuses et de monstres dans la nature.
 
La série Swamp Thing prend énormément de libertés avec les histoires de Len Wein : pas de Linda Holland, un Alec qui n'invente pas la formule bio-régénérative et tombe dessus sur le phénomène à l'état naturel, une Abby sans son tonton maléfique et une utilisation plus générale de la ville et de ses habitants qui échappaient souvent aux premières oeuvres de la Créature des Marais, plus intéressés par l'intérieur du marais que par ses environs. On a greffé à l'ensemble un contexte réaliste, un motif d'épidémie qui justifierait de s'intéresser à une sorte d'horreur biologique, le millionnaire inquiétant habituel de ces séries rurales des Etats-Unis de petites villes, et le stéréotype de l'héroïne qui retourne dans sa ville natale dont elle cherchait à s'enfuir suite à un traumatisme.
 
Dans l'ensemble, Crystal Reed propose quelque chose de correct, à la hauteur de son personnage et si les dialogues ne brillent que très rarement, sa performance répond bien à celle d'Andy Bean, qui ne restera malheureusement pas longtemps dans le rôle. Ce premier épisode (et toute cette première saison en général) est l'oeuvre de Gary Dauberman, un scénariste au patronyme canin qui aura certainement été choisi en raison de son travail sur Swamp Devil, un téléfilm de 2008 où une créature des marais sème la panique dans une petite ville des Etats-Unis. Amusez-vous à regarder ce film après avoir vu ce pilote et vous comprendrez que la vie n'est qu'un éternel cycle d'auto-plagiats déjà très empruntés.

 

Dauberman s'est aussi rendu responsable de La Nonne ou du récent Annabelle, des oeuvres qui n'auront pas brillé par l'originalité de leurs scénarios. Swamp Thing avance dans les mêmes eaux : un produit de commande très quadrillé où l'on est rarement surpris, et surtout jamais effrayé. La série empile des personnages stéréotypés, que l'on a déjà pu découvrir (en mieux) dans Sharp Objects, True Blood ou Stranger Things pour ceux qui aimeraient chercher plus loin - des archétypes fonctionnels qui n'ont que peu de choses à offrir, et servis par des échanges de répliques très prévisibles dont on ne retient pas grand chose. Sur le plan de l'horreur, cela étant, des efforts réels sont faits au moment d'une scène en particulier où l'on sent l'envie des créateurs de rendre hommage à The Thing de Carpenter ou Evil Dead de Sam Raimi, et ce sont certainement ces moments précis, plus dus aux équipes techniques et de maquillages, que viendront les temps forts de la série.
 
Du côté de la mise en scène, on retrouve ici un Len Wiseman paresseux - qui se retient cependant d'imposer au public ses célèbres plans "bas du dos", qui auront fait la réussite de la saga UnderWorld auprès des adolescents que vous étiez peut-être. Filmé mollement, l'épisode trouve quelques réussites grâce aux superbes décors naturels de Caroline du Nord (de jolis marécages réels et loin des studios) ou dans les scènes les plus resserrées, celles des échanges entre Abby et Alec dans le laboratoire improvisé ou en chemin vers le bar local. Malheureusement, cette mollesse ou cette incapacité à mesurer ses effets de style rendent l'épisode particulièrement brouillon dès qu'il s'agit de faire réellement peur : la scène d'introduction aurait par exemple eu plus d'effet en ne montrant pas directement la menace, ou en faisant apparaître les branches moins explicitement. Les effets spéciaux trahissant le manque de budget général, on a réellement l'impression d'être devant l'ouverture du téléfilm Man-Thing, ce qui est tout sauf une bonne nouvelle.
 
En dehors de ça, on pourra apprécier ce sentiment de série télé' M6 d'un autre temps - comme un bon direct-to-video pour meubler une soirée à lézarder entre les coussins du canap' - mais difficilement plus que cela. En comics, Swamp Thing fonctionne comme une de ces anthologies monstrueuses de l'ère Eery et Creepy, chez Wein, ou une parabole sur la nature, les rêveries psychédéliques ou l'amour par-delà les apparences chez Moore. Ici, on se retrouve devant un produit de milieu de gamme, sans la folie d'une Doom Patrol ou le côté fan service d'un Titans. La crainte serait que derrière l'honnêteté de cette adaptation, qui ne vend pas grand chose de plus que ce qu'elle donne en réalité, serait un peu longue pour ce qu'elle a à dire.


 
Cela fait vingt ans que les amoureux de Swamp Thing savent à quoi s'attendre à chaque adaptation. Wes Craven s'est cassé les dents en son temps avec un long-métrage sclérosé, qui se réfugiant dans la vulgarité des plans gratos de série Z avec Adrienne Barbeau. Un cartoon en six épisodes annulé, une suite parodi-comique vulgaire et une série télévisée pas forcément mémorable à l'époque, le fait est que le personnage est compliqué à rendre sans les bonnes intentions ou les bonnes équipes. Dans le cas présent, sans être malhonnête ou particulièrement insultant pour les personnage présentés, l'ensemble passe pour un produit de milieu de gamme sans grand intérêt à moins de particulièrement accrocher aux acteurs ou de n'avoir aucune envie de découvrir la version BD. Malheureusement, on ne promet pas qu'on sera là pendant dix épisodes.

Illustration de l'auteur
Corentin
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Commentaires (13)
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Avatar de The-Heretik

19 Juin 2019

The-Heretik

L'épisode m'a rendu curieux de voir la suite. J'trouve ça assez osé connaissant leur budget de montrer autant plutôt que de laisser dans l'ombre, surtout pour une série horrifique. Pourtant, moi qui suis plus sensible au body-horror qu'aux jumpscares, j'ai trouvé la série un peu crade quand même, un peu comme dans les vieux Evil Dead, l'humour en moins. A voir la suite puis tant pis si c'est annulé.

Avatar de Malandre

08 Juin 2019

Malandre

Comme d'hab c'est largement passable, ça en devient frustrant...

J'irai pas au bout, surtout qu'on sait maintenant que la série est d'ores et déjà morte.

Je comprends pas comment fonctionne la pré-production de films et de séries chez DC.

Avatar de Abdelmuhsin

03 Juin 2019

Abdelmuhsin

C'est vrai que l'épisode est moyen et peu original niveau scénario. Mais il faut laisser la série avancer un peu, j'ai bien aimé la série Titans alors que c'était mal parti. Les 3 premiers épisodes ne m'ayant pas du tout plu. Wait and See...

Pis bon, ça ne peut pas être pire que le dernier Hellboy ????...

Avatar de Corentin

02 Juin 2019

Corentin

Bah, le fait est que, par principe, je n'aime pas produire une critique de ce qui ne me plaît pas. C'est bête à dire mais je me sens rarement inspiré pour dire du mal de quelque chose, et le temps qu'on met dans le site fait que je préfère conseiller des trucs que je trouve bons aux lecteure.
Le fait est aussi que sur les adaptations, et en particulier les adaptations DC, les gens ont tendance à se braquer dès qu'un avis ne leur correspond pas. Ou à se lancer dans le dénigrement, le mépris, ou éventuellement l'insulte.

Donc ouais, ça me fait que moyennement plaisir de ne pas avoir aimé, et j'aurais sans doute plus envie de vous conseiller de lire les BDs Swamp Thing que je trouve indispensables pour le coup. Mais c'est pas grave, il en faut pour tout le monde, et on aura l'occasion d'en reparler quand Urban publiera le volume de Moore.

Avatar de Knightwing

01 Juin 2019

Knightwing

@Corentin Je comprends, le seul truc c'est que quand on entendait parler de la série et de son développement on te la vendait pas en disant "tu vas flipper ta race" c'est pour ça que je comprends pas trop qu'on fasse se reproche là. Et même si les noms impliqués pouvaient "laisser penser que" ça veut pas dire forcément "que"... Et tu sais, Vampire Diaries c'était censé être de l'horreur aussi ^^'

Après le fait que ça te plaise pas ça me dérange pas du tout, et je comprends tout à fait pourquoi en lisant ta critique, c'était juste ce petit point là ;)

PS: C'est dur de te voir dire "on en parle parce qu'on est un peu obligés" en parlant de Swamp Thing. Qui aurait cru qu'un jour on t'obligerait à parler de Swamp Thing XD

Avatar de Corentin

01 Juin 2019

Corentin

@Knightwing : je suis d'accord, mais les comics d'horreur n'ont pas la même propension à faire peur que les films ou les séries d'horreur (je ne sais pas si c'est très clair^^).
Le fait est que Dauberman est l'un des co-scénatistes du film It de 2017, donc je ne crache pas dans la soupe évidemment, mais James wan à la prod', Atomic Monster, lui, des hommages à Carpenter et un appareil général qui évoque des oeuvres horrifiques, ça a tendance à me faire dire que les gars ont cherché à faire quelque chose d'effrayant. À mon sens, la première comme la dernière scène cherchent à faire quelque chose d'effrayant. Certains sites US ont même parlé d'un pari "scary" réussi, qui ne marche pas sur moi, du tout.

Après, je veux pas faire la guerre à cette série, on en parle parce qu'on est un peu obligés mais je ne suis certainement pas le client idéal pour ce type de productions. Le fait est que ça me plaît pas mais j'en veux à personne.

Avatar de Knightwing

01 Juin 2019

Knightwing

@Corentin L'horreur ça veut pas forcément dire avoir peur. Tu peux faire de l'horreur sans faire toute les 10 secondes des jump scares ou ce genre de trucs. L'horreur peu être que visuelle, des monstres, du sang partout, des cadavres qui... Je vais pas spoiler ^^

J'ai jamais eu peur en lisant du Swamp Thing, donc je vois pas pourquoi on aurait peur en regardant une série qui l'adapte

Avatar de nasroby

01 Juin 2019

nasroby

Je vais passer le chemin aussi alors... Dommage la dernière bande annonce m'avait plutôt hypé

Avatar de Corentin

01 Juin 2019

Corentin

Et hésitez pas à me dire ce que j'ai loupé le cas échéant !

Avatar de Corentin

01 Juin 2019

Corentin

@Robb : après, j'ai vu pas mal de critiques US en dire du bien donc je suis peut-être pas objectif avec ce personnage ou cette mythologie que je connais par coeur, et qui se retrouve assez mal adapté.

Tout n'est pas mauvais, j'exclus pas d'y revenir (d'où la moyenne, je ne dis pas que c'est mauvais) mais il y a tellement de bonnes séries que ça vaut pas vraiment le coup. Même niveau adaptations, par rapport à Doom Patrol, Titans, Happy ou Preacher, c'est très fade quoi.

Mais j'empêche personne de kiffer, évidemment^^

Avatar de Corentin

01 Juin 2019

Corentin

@Knightwing : tout le monde, depuis le studio jusqu'aux organes de presse qui en ont parlé. C'est vendu comme une série d'horreur, par un studio spécialiste de l'horreur, un scénariste de films d'horreur et un comics rangé dans le genre de l'horreur.

Avatar de Knightwing

01 Juin 2019

Knightwing

Pardon mais qui a dit que ça devait faire peur ?...

Avatar de Robb Stark

01 Juin 2019

Robb Stark

Ah ouais, donc c'est juste très moyen quoi. Bon bah, ça sera pour une autre fois.