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Harbinger Wars : Blackout - un crossover musclé et électrique

Harbinger Wars : Blackout - un crossover musclé et électrique

ReviewIndé
On a aimé• Un panel de héros divers et varié
• Livewire au coeur de l'action
• Du grand spectacle servi par Tomàs Giorello
• Le travail d'édition de Bliss, comme toujours
On a moins aimé• Les discontinuités graphiques
• Moins subtil que la première Harbinger Wars
• Stanchek trop en retrait
Notre note

Il aura fallu quelques années pour que Valiant se laisse tenter à donner une suite (l'appellation étant à discuter) à Harbinger Wars, l'un de ses premiers crossovers lors de sa vaste relance en 2012. Incluant à l'origine les titres Harbinger (de l'excellent Joshua Dysart) et Bloodshot en plus de la mini-série dédiée, ce second volet fait dans l'économie - et aura accusé quelques contrecoups liés aux remous éditoriaux chez l'éditeur l'année passée. A l'heure de la sortie chez Bliss Éditions, regardons ce que nouvel event sauce Valiant a à nous proposer. 

A noter en préambule que l'appellation Harbinger Wars : Blackout choisie pour l'édition française a plus de sens que celle d'Harbinger Wars 2, puisque si l'histoire nous parle bien d'un conflit, elle n'a que peu de rapports avec ce qui était conté il y a quelques années.

Les psiotiques, ces êtres doués de facultés exceptionnelles, n'auront jamais eu la vie tranquille depuis la première guerre Harbinger, qui opposait le prodige Peter Stanchek à Toyo Harada, créateur de la Fondation Harbinger, qui entendait bien les utiliser pour mener son combat, qu'importe l'absence de morale dans ses choix. Depuis, plusieurs petits groupes se seront formés et auront tenter d'échapper à d'incessantes organisations gouvernementales les poursuivants - des évènements à découvrir en amont dans Generation Zero, Harbinger Renegade et Secret Weapons - tous déjà sortis chez Bliss Éditions.


S'il sera recommandé d'avoir lu ces tomes pour aborder sereinement Harbinger Wars : Blackout, un nouveau venu pourra tout aussi bien se servir de l'oeuvre comme porte d'entrée à cet univers, puisqu'un grand panel de personnages nous sera présenté. Après un prologue écrit par Eric Heisserer (l'auteur du très bon Secret Weapons), c'est un Matt Kindt qui est placé comme l'un des architectes de cet univers (on lui doit Rai, la trilogie Divinity, Eternity, entre autres) qui s'occupe de faire se rencontrer tout un tas de monde. Livewire a pris en charge un groupe de psiotiques pour les protéger, et aimerait qu'on arrête de poursuivre tous ces jeunes "mutants", désemparés, que le monde ne voit que comme une menace ou comme une arme à exploiter. Face aux agressions continues de groupuscules tels qu'Omen ou le H.A.R.D. Corps, elle commet un geste important et coupe l'électricité sur tout le continent américain (le fameux Blackout). Un acte qui ne sera pas sans conséquences.

Là où Peter Stanchek était au coeur de l'action lorsqu'il s'agissait de psiotiques, Kindt profite de Harbinger Wars : Blackout pour mettre bien en avant le personnage de Livewire, dont la progression au fil du temps aura été fascinante. La psiotique est désormais surpuissante et ne compte pas laisser se perpétuer les massacres autour de ses jeunes protégés - s'attirant l'attention d'autres héros et pas mal d'ennuis. Le panel est large, avec les plus grandes figures de l'univers Valiant qui répondent présents : X-O Manowar, Bloodshot (avec quelques améliorations surprises), Ninjak et d'autres répondent présents. L'action va vite, les évènements s'enchaînent, à une vitesse par ailleurs maîtrisée. Si l'on perd un peu du propos pour aller dans le spectacle, il faut bien reconnaître que ce dernier est assuré.


Comme les X-Men dans la maison d'à côté, il sera aisé de voir la parabole de l'autre, de celui qui est différent, pour les psiotiques, persécutés depuis trop longtemps dans les pages des publications Valiant. Tour à tour victimes, soldats ou révolutionnaires, ces derniers restent attachants, dans un combat qui n'est au final qu'injuste - une guerre qui n'a que peu de sens, et dont on espère rapidement la résolution. Difficile de voir des héros auparavant alliés s'en mettre plein la figure, et Kindt arrive à apporter assez de justesse pour aller vers une résolution satisfaisante, non sans passer sans quelques grosses scènes de blockbusters. Forcément, Harbinger Wars : Blackout n'a pas autant de grandeur que le conflit Stanchek/Harada (le premier se montrant d'ailleurs assez effacé), mais n'a pas à rougir non plus. Sur terre, dans l'air voire dans l'espace, il y a largement de quoi s'occuper.

On reconnaîtra dans Harbinger Wars : Blackout une volonté de faire évoluer ses personnages et de façon assez directe, notamment concernant Livewire, puisque le chemin est tracé pour sa prochaine ongoing (qui arrivera début 2020 chez l'éditeur). D'autres pistes sont disséminées au sein de l'event, ce qui a quelques atouts - ce sentiment de progression - et quelques limites - quand l'histoire est pondérée par ces impératifs éditoriaux, qui ressemblent un peu à un marketing déguisé. 

Véritable force de vente, c'est évidemment la partie graphique de Harbinger Wars : Blackout qui permet au blockbuster d'être si plaisant. Après une introduction réussie de Raul Allén et Patricia Martin (Secret Weapons), on enchaîne sur le grand spectacle avec Tomàs Giorello, qui nous régalait déjà avec son X-O Manowar. L'artiste est à l'aise pour illustrer de très nombreuses scènes d'action, souvent démesurées, et pour rendre compte du nombre de personnages qu'il utilise, sans aucun souci. Son approche, plutôt photoréaliste, donne un côté crédible à l'univers, même lorsqu'il dépeint des scènes invraisemblables. Le tout se veut de plus varié, puisque chaque héros apporte une petite part de son univers, de quoi alterner les plaisirs visuels. A côté, Renato Guedues est plus en demi-teinte, sa façon de peindre venant dénoter avec les planches de Giorello, tandis que l'on sera plus déçu de l'épilogue, servi par un Adam Pollina pas foncièrement mauvais, mais qui fait pâle figure au côté du reste.


Soulignons également deux bonnes initiatives de Bliss Éditions à l'égard de l'oeuvre : d'une part, de nous inclure en bonus le court récit dédié à Lucia, l'une des Secret Weapons - qui profite du savoir faire de cette équipe créative. D'autre part, d'avoir proposé une forme de prologue complètement inédit dans le FCBD 2019 de Bliss. S'il n'est pas indispensable à la compréhension de cet ouvrage, la manoeuvre était finement jouée pour attirer l'attention sur le livre - et les curieux auront donc pu se le procurer gratuitement.

Harbinger Wars : Blackout ne révolutionne pas la façon de faire le blockbuster, mais il l'applique très bien. Rythmé, spectaculaire, généreux, le récit de Matt Kindt fait progresser Livewire au sein de ce nouveau conflit et offre aux lecteurs assidus comme aux nouveaux venus un joli aperçu de l'univers Valiant. Solidement illustré par Tomàs Giorello, il offre le blockbuster efficace que l'on pouvait attendre. Et si l'on pourrait attendre un peu plus de réflexion que d'action, reconnaissons là la solidité du divertissement. Une jolie proposition pour tout lecteur de l'univers Valiant.

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Arno Kikoo
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