HomeBrèvesNewsReviewsPreviewsDossiersPodcastsInterviewsWebTVchroniques
ConnexionInscription
Batman Damned #1 : Souvenirs d'enfance et cauchemars d'adulte

Batman Damned #1 : Souvenirs d'enfance et cauchemars d'adulte

ReviewDC Comics
On a aimé
• Tout simplement magnifique
• Polar/horreur à Gotham City
• Une relecture des parents Wayne pas inintéressante
• La narration entre enquête et conte de Bermejo/Azzarello
On a moins aimé
• On s'y perd
• Deadman et Zatanna, complètement dispensables
• Manque de temps de pause pour s'expliquer
Notre note

Il y a des décennies de cela, DC Comics s'assemblait au sortir du Bronze Age pour séparer ses parutions plus adultes du reste de la production. Il en est ressorti l'apposition du sigle Suggested for Mature Readers sur certaines séries, à la même époque où la mention Parental Advisory venait orner les albums de hip hop. Plus tard, la base de titres concernés par cette mention formera la base de l'imprint Vertigo.

Le temps a passé et DC renouvelle cette opération, conscient du nombre d'auteurs encore intéressés par l'envie de raconter des histoires plus matures, plus politiques ou plus sombres autour des grands personnages de la maison, mais frustrés par l'auto-censure des majors ou pas intéressés par les parutions ongoing. Apparaît alors le DC Black Label, un imprint pour les grands scénaristes et les grands artistes, supposément plus permissif. Batman : Damned #1 est le premier numéro à porter les couleurs de cette nouvelle entreprise, et une nouvelle collaboration entre Brian Azzarello et Lee Bermejo. Deux amoureux de Batman, mais avec des visions plutôt personnelles de ce qu'elle représente pour chacun.
 

 
Batman : Damned #1 se propose comme un mélange d'horreur, de conte et de polar. On retrouve d'emblée le style, les traits et les obsession de Bermejo déployées dans Batman Noël, avec cette narration qui se passe de cases ou de bulles et s'imprime directement sur les dessins d'une Gotham tortueuse, cauchemardesque. La série se présente comme une mini en trois avec des numéros de quarante pages, un format bâtard qui pose quelques soucis en terme de rythme et de placement dans l'histoire.
 
Quand le volume s'ouvre, Batman est blessé. Pourquoi, comment ? Les détails ne seront que frôlés dans cette aventure où le Joker est laissé pour mort, sans que l'on ne sache grand chose des conditions de son trépas. Azzarello écrit vite dans un récit qui ne se repose pas, ne s'autorise pas d'instant d'exposition trop poussée en avançant dans l'urgence. Si le scénariste correspond aux codes d'écritures classiques du polar - avec un cadavre en début de récit - il va ensuite casser toute une batterie de règles en ne se reposant que sur la narration de John Constantine pour guider le récit.
 
On comprend alors vite que l'idée est de proposer une histoire qui tire vers l'horreur, et qui va chercher dans la psyché de Batman en s'attachant au souvenir de ses parents. Une version d'ailleurs inédite de Thomas Wayne où le bienveillant papa de Bruce est présenté comme un coureur de jupons, et son fils, un enfant presque délaissé au milieu d'un divorce. Un personnage mystique aurait influencé le destin du petit Wayne, un personnage qui évoquerait Enchantress (ou autre), peut-être imaginaire, peut-être pas. Les intentions d'Azzarello sont assez peu claires à l'image de sa métaphore du pont et du Batman en pleine noyade - il faudra probablement attendre les numéros suivants pour comprendre ces pistes.
 

 
Reste que pour le moment, Batman : Damned est un magnifique désordre. Les personnages de Deadman et Zatanna semblent avoir été parachutés, au milieu de scènes nonsensiques où on se demande bien quoi récupérer dans ce qui nous est raconté. On se perd vite, l'absence de temps de pause étant un réel handicap - et en même temps, une condition évidente du chassé croisé narratif que cherchent à installer Azzarello et son Batman fou et détective, et Bermejo et son Batman de conte, présenté comme un personnage vertueux avec le monde contre lui.
 
Certaines scènes (dont une dévêtue, en écho à Darwyn Cooke) sont fabuleuses en termes de dessin et de mise en scène, et ce premier numéro est généralement magnifique. Lee Bermejo est à chacun de ses passages sur la Chauve Souris plus habile de ses crayons qu'auparavant, débarrassé de l'encrage trop pointu et sinueux de Joker et des couleurs ternes de sa première incartade à Gotham dans Batman/Deathblow. Ici, tout est beau et dans son style, gris, fou, cauchemardesque. Le décalage de couleurs fonctionne avec une certaine poésie sur les flashbacks de l'enfance de Bruce, et la dernière planche est elle aussi à la fois lourde de sens et plutôt superbe à observer.
 
Cela étant, peut-être s'est on fait trop d'attentes sur le DC Black Label pour prendre ce numéro autrement que pour ce qu'il est : un bon numéro pour les fans d'Azzarello ou Bermejo, mais pas forcément le meilleur ou le plus perméable de leur bibliographie. Il convient d'attendre et de voir si l'ensemble s'éclaircit sur la durée, ou bien si, à l'image de leur Rorschach, le titre sera à ranger dans le bas du panier de leurs collaborations.
 

 
Avec ou sans pénis apparent, le Batman de Batman : Damned nous cache quelque chose. Difficile de savoir ou de comprendre exactement l'intention de ce texte, à ranger dans la catégorie des Night Cries (Des Cris dans la Nuit) ou Black Orchid sur ces relectures matures de Gotham City, qui empruntent à la démesure et à la folie de certaines BD pour adultes à l'européenne, et qui se perdent en cassant des codes de narration tous publics. C'est aussi ça, une série d'auteurs : des partis pris, et la nécessité de coller au délire pour en apprécier le sel. Pour l'heure, plutôt que de juger à la note, lisez le, faites vous votre avis, et tentez peut-être de l'expliquer ou de voir au-delà des postures - c'est aussi ce genre d'efforts éditorial parfois insaisissables qui font la richesse du medium.
 
Illustration de l'auteur
Corentin
est sur twitter
à lire également
Illustration de l'article

Clayface : le scénariste Hossein Amini (Drive) signe chez DC Studios pour une nouvelle version du ...

Ecrans
Les choses bougent chez DC Studios. Pendant que le projet Sgt. Rock s'enlise dans la boue, un autre développement prend la priorité dans ...
Illustration de l'article

LEGO s'intéresse à la Batmobile du film Batman : Forever pour un nouveau set de construction

Goodies
La marque de jouets LEGO poursuit sa grande farandole des kits de montage consacrés à la Batmobile. Depuis quelques années, la célèbre ...
Illustration de l'article

Predator vs Spider-Man #1, Batman #159, The Power Fantasy #8 : critiques express côté comics VO

Chronique
Bienvenue dans un nouveau numéro de la chronique des "critiques express". A intervalles réguliers, la rédaction vous propose de courtes ...
Illustration de l'article

Al Ewing s'invite chez Batman pour l'écriture du Detective Comics Annual 2025

Actu VO
Vers un bref changement de programme pour la chauve-souris. Dans les sorties prévues pour le mois d'avril, DC Comics avait au départ ...
Illustration de l'article

Val Kilmer (Batman Forever) est décédé à l'âge de 65 ans

Ecrans
Le cinéma perd l'un de ses géants à un âge encore bien jeune, et les fans de Batman, ou du moins d'une certaine version du Chevalier ...
Commentaires (7)
Vous devez être connecté pour participer
Avatar de bella89

02 Octobre 2018

bella89

Salut les amis, j'ai trouvé le meilleur site pour regarder des films de haute qualité gratuitement.
Peut-être que certains d'entre vous veulent aussi le voir!

c'est le site que je vois >>> LOCKERMOVIES.COM

Avatar de Sue Storm

22 Septembre 2018

Sue Storm

Je peux me laisser me tenter par une BD avec de très bons dessins et une histoire pas terrible - alors que le contraire, non.

Avatar de joliaux

21 Septembre 2018

joliaux

Il parait que le zizi de Bruce Wayne fait scandale aux États-Unis (comme c'est surprenant). Attention, numéro collector ?

Avatar de The Batman

20 Septembre 2018

The Batman

Personnellement, j'aime bien être perdu parfois, laisser libre cours à l'imagination. Mais là c'est vraiment mal fait je trouve. C'est un gros tas sans saveur.

Avatar de Corentin

20 Septembre 2018

Corentin

@LPU : C'aurait été une piste, peut-être plus pour les prochaines fois mais je n'avais pas de réel angle de réflexion pertinent pour justifier une review-édito'. Il est en revanche très possible que ce soit le cas à la fin de la mini.

Après je ne commande pas une dictature d'explications, perso' j'adore être perdu et me faire mes interprétations (ça a du se voir sur certaines critiques) mais là, je trouve ça fouillis. Au demeurant c'est pas gravissime, mais y a des lecteurs que ça déroute vraiment et ce genre de papier sert aussi de message préventif pour que certains puissent se dire si ça risque de leur déplaire ou non.

Avatar de LPU

20 Septembre 2018

LPU

Pourquoi mettre une note et en conclusion nous dire qu'il faut le lire sans tenir compte de la note ? Pour ce genre de numéro, mettez juste pas de note.
Sinon moi j'ai trouvé ça bien et quoi qu'on pense du script de Azzarello, les dessins sont tellement incroyables qu'il n'y a aucun regret à avoir. Et puis la dictature des "explications", ça me gave un peu. On lit pas forcément des œuvres de littérature (ou quoi que soit d'autre d'ailleurs) pour que tout nous soit expliqué, même si avec 3# et deux mois d'attente, c'est légitime d'en attendre un peu. J'ai trouvé le numéro intriguant, enivrant, grisant, avec une ambiance forte et un plaisir de lecture sans faille.

Et pis faut savoir mesure garder. Je viens de me taper "Atlantis Sink", et ça c'est "MAUVAIS"...

Avatar de The Batman

20 Septembre 2018

The Batman

Eh bien je serai, pour cette fois-ci, bien plus sévère que toi ! Les dessins de Bermejo sont somptueux et vraiment dingues. Sa Gotham est peinte avec beaucoup de détails, le jeu sur les couleurs, la lumière et les ombres sont impressionnants. Mais selon moi, cela cache un récit des plus médiocres. Y a deux trois trucs intrigants, c'est certain, mais c'est un récit qui a, d'une part, un rythme à la ramasse comme tu le dis et ça donneune histoire qui ne fait qu'enchaîner enchaîner enchaîner jusqu'à perdre beaucoup d'intérêt et faire très artificiel. Cette scène avec Zatanna est un cauchemar de rythme. Et d'autre part, les intentions ne sont pas claires. Comme si Batman ne servait que de prétexte aux délires provocateurs (assez lourds et mauvais) d'Azzarello. Bref c'est mauvais et vu le rythme de publication (2 mois avant le prochain numéro) on se demande pourquoi ce format. Une histoire sans intérêt véritable...