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Hawkeye Tome 1 : le plaisir de viser juste

Hawkeye Tome 1 : le plaisir de viser juste

ReviewPanini
On a aimé• Une ambiance terre à terre agréable
• Les dialogues de Thompson
• Ainsi que son engagement
• Romero et ses codes de narration
On a moins aimé• Quelques bizarreries qui tranchent avec le reste
• Michael Walsh ne fait qu'imiter Romero, en moins bien
Notre note

Après avoir fait équipe bon gré mal gré dans le titre Hawkeye de Matt Fraction et David Aja, Kate Bishop a  besoin d'un peu d'air frais. Puisqu'on l'avait déjà vue dans ce run vivre sa propre aventure sur la côte californienne, pourquoi ne pas retenter l'expérience ? C'est ce qui nous est proposé dans le premier tome de cette nouvelle série, sorti chez Panini Comics au début du mois dernier.

Pour ceux qui auraient été conquis par ledit run d'Aja et séduit par la personnalité de Kate, alors vous serez en territoire connu. Kelly Thompson reprend pour elle un certain nombre d'éléments qui ont fait le succès du titre et du personnage : une ambiance à petite échelle, une héroïne toujours en galère, un humour mordant servi autour de répliques bien trouvées, avec un soupçon surréaliste qui incombe au fait de se retrouver, malgré tout, dans un univers faits de super-héros et super-vilains. Mais Thompson fait plus que de reprendre les codes de Fraction, en s'appropriant dans ses histoires des thématiques sociétales bien actuelles, et qui nous remettent en mémoire les soucis que la scénariste a pu avoir vis-à-vis de ses détracteurs.


Kate Bishop est Hawkeye, mais elle partage ce nom avec Clint Barton. Et même dans un monde de super alter-égos, être une femme ne place pas l'héroïne à égalité avec son équivalent masculin. Thompson joue de cette situation, en véhiculant avec humour, mais non sans sérieux également, des messages qui reflètent l'état d'esprit du personnage, mais également de son autrice. Le premier arc est sûrement le plus démonstratif avec Kate Bishop qui enquête pour une jeune fille qui se fait harceler en ligne, le méchant de l'histoire comme parabole de la négativité ambiante qui pollue beaucoup de nos réseaux sociaux - ou de l'espace numérique en général. Dans la seconde histoire, il y sera plus question d'apparence et d'une jeunesse assez superficielle, qui impose aux femmes une certaine façon de se comporter, quitte à aliéner les concernées. 

Il faut forcément un peu de sensibilité pour voir à quel point un titre comme Hawkeye se montre important au delà de l'histoire qu'il raconte, et du message à faire passer auprès d'un lectorat d'un médium encore plein de stéréotypes sur les personnages féminins. Mais dans les récits en eux-mêmes, Thompson réussit à développer tout le nouveau lore d'installation du personnage. Entre les sidekicks récurrents, les renvois aux précédentes aventures sous la plume de Fraction, et l'arrivée d'une guest plus que bienvenue, le titre respire d'un air assez frais, et l'on se plaît à rester dans ce petit monde que Kate cotoie, sans se soucier d'une grosse menace ou d'enjeux démentiels. A cet effet, c'est d'ailleurs lorsqu'elle part un peu trop de son ambiance terre à terre que Thompson perd dans sa qualité d'écriture - mais hey, on est dans du comic book, n'est-ce pas ?


Il est également agréable de retrouver dans les dessins de Leonardo Romero une patte graphique à la fois simple, et colorée, qui n'est pas là non plus sans rappeler l'excellent travail d'Aja. Avec ce qu'il faut pour s'en distancier, Romero développant ses propres tics visuels qui font que la série devienne reconnaissable au premier coup d'oeil par ses gimmicks. Avec un découpage somme toute classique, l'artiste illustre de façon dynamique le récit de Thompson, ses personnages étant très expressifs, pour un ressenti et une empathie auprès d'eux immédiate. On relèvera que le second artiste, Michael Walsh, essaie de maintenir une continuité graphique ; mais ce dernier souffre de la comparaison. Le trait est moins précis, l'encrage plus appuyé, et il en ressort de ses planches comme une impression de "brouillon" de Romero, qui nuit à la seconde partie du tome. 

Loin des Vengeurs ou des menaces cosmiques, Hawkeye Tome 1 poursuit la tradition instaurée par l'excellent run de Fraction et Aja. Mais plus qu'une copie, c'est une vraie continuation que Kelly Thompson, en apportant ses thématiques, sa façon d'écrire, et ses gimmicks, qui donnent aux aventures de Kate Bishop un charme fou. Le tout étant bien aidé par une composition graphique aussi pop que réjouissante. Si l'on sait que l'aventure est déjà terminée du côté de la VO, elle ne fait que commencer dans nos contrées, et vous auriez tort de passer à côté.

Arno Kikoo
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