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Green Lantern : Earth One, peut-on encore y croire ?

Green Lantern : Earth One, peut-on encore y croire ?

chronique

Il y a presque un an, Joe Michael Straczynski annonçait que DC Comics avait d'autres priorités que d'alimenter sa ligne Earth One, et ce malgré les annonces de Flash et Aquaman dont on est effectivement sans nouvelles. De leur côté, les projets Batman, Wonder Woman semblent pourtant s'acheminer à leur rythme vers les étals de publications - mais que faire de l'appareil général de cet Earth One, une ligne de romans graphiques qui livre ici son neuvième volume en huit années d'existence ?

• Relire : Earth One, symbole d'un certain gâchis chez DC Comics ?
 
Green Lantern : Earth One ressemble à ses prédécesseurs. Le projet de cette gamme lancée par DC Ã©tait l'occasion de voir quelques grands noms du comics donner un regard plus personnel, plus contemporain, sur les grands héros installés. Tout n'aura pas fonctionné à la même équivalence, mais le jeu était bien là : prendre du recul sur les codes, les obligatoires, les poncifs de certains éléments de background immuables. Batman sera devenu, en un sens, plus réaliste encore que sa contrepartie cinéma de la dernière décennie. Avec un portable pré-payé pour tout Bat-Signal et des enjeux moins importants que ceux de métrages à gros budget. 
 
Ce regard quasi critique sur les ajouts faits au fil des ans, sur l'invraisemblable que représentent la plupart de ces personnages, est généralement agréable. Comme une autre lecture, une vision parallèle d'une histoire que l'on connaît. Comme racontée par quelqu'un d'autre, qui emmagasinerait son propre background Ã  l'exercice, en somme, une ligne qui tient sa promesse en annonçant à chaque titre que tout ça se passe bien dans une autre réalité.


Green Lantern : Earth One obéit au même impératif de remise à plat. Débarrassé de son pyjama, de son masque, de son cri de guerre et de sa mythologie d'ensemble, Hal Jordan (ou Harold Jordan) prend une toute autre allure. Si Batman avait en quelque sorte suivi l'élan de réalisme imposé par Christopher Nolan au cinéma de super-héros, le Green Lantern s'inscrit dès ses premières pages dans la nouvelle école de cinéma de science-fiction qui pullule aujourd'hui dans les projets hollywoodiens : un monde plus réel, fait d'astronautes et de vaisseaux moins fantasques que ceux de l'imaginaire space op'
 
Si l'ensemble s'apparente plus à un Life ou The Martian qu'à Gravity, le même regard neuf sur les étoiles est posé par Gabriel Hardman et Corinna Bechko (Invisible Republic) dans cette manière de remettre l'homme au coeur des enjeux extra-terriens. Une jolie entrée en matière qui profite à plein du talent de l'artiste sur les ambiances visuelles, très réussies. Les éléments classiques sont là : Ferris Air (en l'occurrence Ferris Galactic), Abin Sur aussi et tout ce qui concerne Oa ou les Gardiens n'a pas été changé. Pas trop.
 
En revanche, l'ambiance est, elle, différente. Loin de devenir par un coup de baguette magique l'un des plus puissants combattants de l'univers par le gimmick de la volonté ou d'une bague qui l'aurait choisi pour d'obscures raisons, Jordan arpente ici un cosmos plus brutal. Utilisé dans un format classique du héros qui doit libérer l'univers d'une menace X, un récit codifié qui fonctionne parce qu'on a envie que ce soit le cas. Beaucoup de bonnes idées (comme le rôle de traducteur des bagues) rattrapent des hésitations au niveau du rythme - qui va très vite, et on comprend que le format de pagination a été un problème pour l'équipe créative, qui a envie d'en dire énormément avec trop peu de place.

 
 
Les premières pages et leur envie d'un Jordan Ã  revers de la légende du pilote vaillant et courageux fonctionne avec le temps. Son voyage avec Kilowog est agréable, et la façon dont il traverse l'univers fonctionne comme un véritable récit de hard science, avec tous les codes possibles (la planète attaquée, le voyage, la révolte des esclaves, etc). Par une série de petits changements apportés au mythe, on renoue peu à peu avec la base. Vraiment beau, le tome trouve une façon intéressante de représenter l'énergie de la bague, là-encore nouvelle, loin de l'habituel champ de force vert ou de la panoplie de formes et d'objets qu'imaginent en général les porteurs.

En somme, une sorte de Green Lantern remis à plat qui raconte un autre type d'histoire. Loin de se reposer sur l'idée de courage ou de volonté, le volume tisse la métaphore du héros Hal Jordan sous un autre angle, quitte à aller trop vite et à se griller quelques cartouches. Mais on apprécie l'aspect justement plus neutre, moins clinquant et simpliste du monde de base (dont les règles remontent au Silver Age, mine de rien), y compris du côté de tout l'univers lui-même, plus cynique, plus pessimiste, moins clair. Voire plus politisé en sous-couche sur la partie terrienne, un peu maladroite mais plutôt bienvenue. La promesse de mieux correspondre à notre époque respectée, finalement, mais c'est aussi là que derrière un bon récit généralement bien fichu se posent deux trois questions.


D'abord sur un cliff de fin qui rappelle un peu trop la "méthode" Earth One : finir en annonçant le vilain du prochain tome avec cette narration télévisuelle récupérée de Stracz et Johns. Là où, effectivement, l'effet fonctionne - on a envie de lire la suite - on commence à comprendre la formule et les routines : prendre un héros bardé de codes, les remettre à plat très explicitement (ici, l'absence du serment est assez soulignée), écrire le héros tel qu'il n'est pas écrit d'habitude et inverser des éléments dans le rapport de méchanceté des vilains. Emballer le tout dans une origin story et peu à peu recoller à ce que le lecteur connaît.
 
Ce qui n'empêche pas la recette de fonctionner et reste une lecture ludique et ici bien exécutée, mais qui minimise forcément ce qu'on va attendre de cette ligne. Avec leur rythme de parution éclaté (c'est peu dire), les projets mettent des années à nous parvenir, avec un nombre de pages réduit à l'arrivée si l'on attend un véritable arc avec début, milieu et fin. Un format et une échéance qui montrent l'étendue de leurs limites : certes, le récit est bon, mais il est classique. Et autant, l'idée semble toujours prendre sur le format origin story, mais si on prend l'exemple de Superman : Earth One, on voit le concept s'émousser au fil des volumes, une fois l'effet de découverte passé.
 
En définitive, il serait presque intéressant que DC lance une ongoing en suite directe de ce type de publications, ou une terre dédiée qui relancerait les parutions classiques pour les amoureux ou les curieux de cette nouvelle optique. Lancée à l'aveugle, cette Earth One se contente aujourd'hui d'être un habitacle à de bonnes publications très occasionnelles, tandis que le gros du navire DC Comics, lui, innove et va de l'avant tous les mois. Alors, à voir ce qu'on peut attendre de la ligne Earth One : de sympathiques nouvelles origin story de temps en temps ? Un véritable travail de fond étalé sur huit autres années ? Dans l'ensemble, personne ne crachera sur plus de bons comics, mais à défaut de n'avoir que des Morrison en stock, cette branche de l'éditeur ne semble pas devoir se sauver sur cette nouvelle proposition.

 

Mais, ne boudons pas un plaisir mesuré. Green Lantern : Earth One fait le job sans être renversant, on l'apprécie pour ses idées nouvelles, sa déconstruction et l'aspect perméable qui laissera certains déçus des porteurs de bagues s'autoriser un plongeon bref mais agréable dans cet univers lointain. Beau, mal rythmé mais efficace sur la majeure partie du tome, il n'a contre lui que sa promesse de base. Être un roman graphique sans espoir de retour, plus une expérience ou l'application d'une méthode qu'une lecture d'auteur sur un univers comme on l'aimerait. Il sera intéressant d'observer comment se comportent les prochains volumes éventuels de ce nouvel entrant, des fois que la malédiction Earth one finisse par se briser.

Corentin
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