Après un long feuilleton de publications séparées, les choses, enfin, se font. La foule est en délire, le monde retient son souffle, la Terre tremble - bref, Doomsday Clock vient terminer un chantier de longue haleine dans la conception de Watchmen et de DC Comics. Un chantier de continuité, et aussi de dépossession.
Cette partie là aura étonnamment moins fait réagir un lectorat prompt à se hyper sur une promesse, tandis qu'Alan Moore ajoutait dans un épais cahier de notes une utilisation abusive de son travail de plus, pour se souvenir du nombre de fois où il aura plus tard à se retourner dans sa future tombe.
Puisque si Doomsday Clock vient confirmer que Watchmen faisait bien partie des titres en canon de la gamme DC, on n'a évidemment pas pensé à demander son avis à l'auteur original - évidemment, vu que la réponse allait de soi. On a donc mis de côté le sage barbu de Northampton, rangé dans une retraite à l'ombre du monde souvent financier des éditeurs mainstream, qui se cantonne à un discours inchangé depuis quinze ans : "je n'ai rien vu, rien entendu, foutez moi la paix".
La question que Moore pose dans sa retraite bougonne et sa campagne britannique, est cependant monstrueuse d'actualité. A différents niveaux de la culture moderne, l'idée d'auteur est de plus en plus séparée du processus créatif - généralement, et ce n'est pas Justice League qui apportera un contre-exemple aujourd'hui, les projets sont le fruit de décideurs zélés pour des actionnaires plus ou moins compréhensifs.
Ce qui aura jadis été un travail bien fait aura consisté à savoir faire la part des choses entre l'artistique et le pognon, conception qui semble aller de moins en moins bien dans le cinéma, et, apparemment, aussi en comics (si Marvel Legacy passe par là, on est pas contents, mec. Du tout). Mais n'allons pas trop vite.
23 Novembre 2017
kamiyoshiExcellente article sur un sujet intéressant et passionnant. Malheureusement je suis trop pessimiste ou cynique pour croire que les choses vont changer, je crois que ça doit faire 2 ans voir trois ans que j'ai arrêté le big two parce que je pense qu'on a déjà tout fait avec les personnages, il n'y a plus grand chose à raconter. Il m'arrive de lire du image de temps en temps, je pense que chacun devrait ralentir dans sa consommation de pop culture . Sur le cas Watchmen en lui même je peux pas trop parler car je l'ai pas lu et je ne pense pas le lire. Je me répète mais vraiment excellent article : je vais le digérer, réfléchir et "philosopher" dessus avec mes potes
23 Novembre 2017
JeezussArticle intéressant,c'est toute la question de la pop culture de notre temps,elle s'est Netflixisée ,on fait ce qui marche et plutôt bien dans bcp de cas , on copie au mieux,mais y a pas de Génie (y a quand meme plein de trucs mortels hein) .Maintenant ,j'ai tendance à penser que la pop culture elle même se pille en permanence ,ça se mord la queue ,si çà accouche d'un truc mortel pourquoi pas ,en tout cas y a une ambition de grandeur et ça faisait longtemps , j'ai pas encore lu le numéro susnommé mais très j'ai très hâte
23 Novembre 2017
arkham38Media mainstream et art / création et pognon ...on pourrait en écrire des pages la-dessus.
Le système américain du droit d'auteur permet aux maisons d'édition de faire bien des choses ... et finalement, des choses bien pires que la présente offense faite à M. Moore. Quant on imagine que les créateurs de Superman ont vécu pendant des années dans la semi-pauvreté alors que leur personnage faisait l'objet d'une exploitation économique plus que lucrative.
L'industrie du Comics ne me semble jamais avoir fonctionné comme une branche artistique, mais bien comme une industrie qui sert à vendre du papier. Du pulp des années 20 aux majors du trans-média d'aujourd'hui, les choses n'ont pas énormément changées, c'est bien l'argent qui dirige et non pas le créateur.
Seul un système de droit d'auteur comme celui que nous avons en France, permet d'assurer aux auteurs un minimum de contrôle sur leurs créations (et encore ! cf. la crise des auteurs de BD de 2014) .
23 Novembre 2017
pokanyJe vous trouve dur quand vous parlez de piller déjà rien ne forcer Moore à céder les droits de watchmen et en plus Johns a un vrzi sous texte sur l'opposition DC/Watchmen qui en écho avec ce que vous expliquee mets en valeur pourquoi Watchmen ne pouvait être canon en tant que tel dans l'univers DC