L'annonce de Marvel vs. Capcom Infinite lors du Playstation Experience de l'année dernière n'avait pas excité grand monde, suivie d'une démo du mode histoire peu alléchante et d'un débat sur le visage difforme de Chun-li. Le jeu partait perdant avant sa sortie, les retours dithyrambiques sur Dragon Ball Fighter Z finissant d'enfoncer le clou d'une expérience dont personne n'avait vraiment envie. Mais au final MvCI est-il venu pour souffrir ?
Ne voulant pas réitérer les erreurs de Street Fighter V et voulant sûrement marcher sur les plates bande d'Injustice, on trouve dans MvCI un vrai mode Histoire. Tout commence 80 jours après la convergence (coucou DC Comics), événement durant lequel Ultron (méchant 4,5/5) et Sigma (le vilain de Megaman) ont fusionné les mondes de Marvel et de Capcom. On retrouve donc nos héros aux prises avec les robots de Ultron-Sigma, s'en suivra un voyage à la recherche des Gemmes de l'infini dans de nombreux lieux issus de la fusion des Univers (Valkanda, X-Gard, A.I.M.Brella...) l'occasion d'affronter des robots/zombies à de nombreuses reprises. Si l’intérêt ludique de ces enchaînements de combats est moindre, on peut tout de même souligner la générosité du scénario, ayant parfaitement assimilé les codes d'un crossover de comics, chaque personnage se voyant gratifié de son petit moment de bravoure ou tout du moins d'une à deux punchlines bien senties. On regrettera tout de même que le scénario n'embrasse pas le concept de crossover brainless à fond, on aurait en effet pu aller bien plus loin dans le n'importe quoi, en témoigne la scène post-générique beaucoup plus audacieuse, et donc efficace, que le reste du scénario. Autre intérêt du monde histoire, il permettra de débloquer quelques stages supplémentaires pour le versus.
L'époque de X-Men Vs Street Fighter est bien loin puisque l'intégralité du casting Marvel est composé de personnages Marvel Studios - exit les Mutants et les Fantastic Four. Si l'on peut s'étonner de l'absence de Wolverine et de Deadpool au vu de leur popularité, je regrette surtout Magneto et Fatalis, mes deux méchants préférés chez Marvel. Gageons que cette décision très Permultienne sera corrigée par des DLC dans les mois à venir. Coté Capcom, on est en terrain connu puisque seul Jedha, le méchant de Darkstalkers, est un nouveau venu, Megaman X étant déjà apparu dans le second opus de la série. Au final sur les 30 personnages de base seuls 3 sont nouveaux. C'est vraiment trop peu, surtout si l'on se souvient de MvC2 et de ses 56 personnages.
Le retour au 2v2 apporte clairement de la lisibilité aux combats, là où le 3v3 et la sur-abondance d'effets de MvC3 était incompréhensible ; mon ancien colocataire, certes daltonien, ne pouvant supporter la vue du jeu sous peine d'avoir des migraines. Pour le néophyte MvCI reste lisible (dans une moindre mesure), reprenant les bases des jeux Capcom avec des contrôles se composant de quatre touches d'attaque (poing et pied, faible et fort). Les attaques spéciales sortent la plupart du temps grâce à des quarts de cercle allié à l'une de ces touches et on notera la grande tolérance dans l'input de ces diverses commandes. Un mode mission permettra, en outre, aux débutants de se familiariser avec chaque personnage. Toujours dans un souci d'ouverture à un plus large public, Capcom est allé piquer à la saga Guilty Gear la mécanique d'un auto-combo réalisable en pressant à plusieurs reprises le poing faible, permettant ainsi aux débutants de sortir facilement des enchainements visuellement impressionnants. Adieu les asists' qui faisaient le sel de la série, désormais une seule touche, l'active switch, permet de passer d'un personnage à l'autre quasiment n'importe quand. A tout cela s'ajoute l'utilisation des gemmes de l'infini, au nombre de six, car il faudra en choisir une avant le combat. Elles offrent chacune des attaques spéciales assez puissantes (piège, résurrection du partenaire, ralentissement de l'adversaire...) et de leur bonne utilisation dépendra souvent l'issu du combat. Au final le gameplay se révèle assez intéressant tout en étant accessible, reste à savoir s'il aura suffisamment de profondeur pour faire exister le jeu sur la scène Esport.
Un mode histoire correct, un gameplay sympathique et non prise de tête sur le papier MvCI est plutôt alléchant mais une fois devant nos yeux c'est la catastrophe, la direction artistique s'est perdue dans la zone négative. Soyons francs les designs de TOUS les personnages humains sont ratés, entre vallée de l'étrange, musculature à la Rob Liefeld et strabisme. Je ne serais vous dire qui de Ryu ou Dante est plus moche ou qui entre Chun-li et Captain Marvel ressemble le plus à une poupée inexpressive. Mettez Thor et Captain America cote à cote et vous aurez l'impression qu'ils viennent de deux jeux différents, tant leur rendu diffère. Le jeu souffre également d'une vraie fainéantise dans sa réalisation, les animations de nombreuses attaques sentant bon la réutilisation d'asset. Et si MvC3 jouait la carte comics dans ces menus avec des découpages façon planches de BD, des couleurs flashy et des trames à tout va, ici les menus sont d'une tristesse infinie, aucune personnalité ne s'en dégage. Notons également la piètre qualité de la bande son qui remixe maladroitement d'anciens morceaux afin de faire souffrir nos oreilles au moins autant que nos yeux. Vous allez dire que je radote mais le thème principal de MvC2 a marqué toute une génération de joueurs.
Divertissant pour un soirée entre potes MvCI n'est pas un mauvais jeu pour peu que sa direction artistique ne vous gêne pas mais il n'a clairement pas sa place dans le paysage du Versus Fighting actuel, entre Street Fighter V, Tekken 7, Injustice 2, Guilty Gear Xrd Rev 2 et à six mois de la sortie d'un Dragon Ball Fighter Z qui s'annonce dantesque. Si, en tant que fan de Marvel, vous cherchez un jeu pour vous éclater à plusieurs, je vous conseillerais plutôt de vous replier sur l'opus précédent MvC3, d'autant que la version Ultimate de ce dernier vous coûtera moins cher que le season pass du nouvel opus.