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Daredevil Saison 2, la critique sans spoilers des 7 premiers épisodes

Daredevil Saison 2, la critique sans spoilers des 7 premiers épisodes

ReviewSeries tv
On a aimé• La fin de Saison 1 est bien loin
• Un sommet d'acting et de dialogue
• La meilleure série adaptée de Comics, tout simplement.
On a moins aimé• Gagnerait à être encore un peu plus soignée avec une rallonge de budget
• Une petite impression de déjà-vu, si on veut être tatillon
Notre note
Quand Balzac nous apprenait que l'amour, c'est la poésie des sens (un cas particulièrement vérifiable avec Matt Murdock), Liane Foly nous rappelait surtout que l'amour, ça va, ça vient. Avec Daredevil en l'occurrence, tout avait commencé par un coup de foudre incroyable il y a un an à peine, avant que nos chemins se séparent au petit matin, déçu par la conclusion de ce qui démarrait pourtant comme la plus belle des histoires. Puis, un an sans se parler, à s'approcher doucement, à se craindre, avant de finalement laisser nos histoires de côté pour se redonner une seconde chance et finalement plonger la tête la première dans une histoire que l'on espère durer cette fois. 
 
Cette histoire vous la connaissez tous, c'est aussi celle d'une série qui se cherchait encore l'année dernière, et qui nous avait quitté sur un 13ème épisode qui nous fait aujourd'hui bien rire (même plus si jaune, devant l'incroyable parodie / tentative d'elseworld que représente ce finale), après un an à se demander si Marvel et Netflix ne cachaient pas au travers de cette épouvantable tentative de Steven DeKnight leur véritable intention autour de leur héros le plus sombre et leur show le plus adulte.
La réponse était attendue, et la réponse est un non catégorique. Daredevil reprend en effet sa marche en avant avec cette seconde saison, forte d'une écriture plus dense et plus soignée que jamais, de personnages parfaitement intégrés à ce qui devient un véritable univers au sein de l'univers, d'un casting en forme d'alignement des étoiles et d'une direction globalement plus assurée que la saison passée. On prend les mêmes, on taille le gras, on oublie ce dernier épisode, et on recommence. Sans oublier de mettre la barre beaucoup plus haut, tant qu'à faire.  
 
Lire aussi : Notre interview de Charlie Cox (Matt Murdock)
 
 
Laissée entre les mains de Doug Petrie et Marco Ramirez, scénaristes solides et discrets du circuit TV qui ont travaillé sur les meilleurs épisodes de la première saison de Daredevil (dont ce fameux épisode 3), cette saison 2 tient d'emblée compte des reproches faits à son aînée, qu'il s'agisse du costume ou de cette ouverture vers un contexte beaucoup plus lumineux pour être crédible, sans oublier de jouer avec le spectateur concernant certains de ces aspects bien précis. Consciente de son statut, la série n'hésite pas à tordre ses propres codes pour continuer le travail entrepris sur ses passionnants personnages, Karen, Matt et Foggy en tête. 
 
Hyper malins lorsqu'il s'agit de lier les innombrables passages obligés d'une saison qui promet d'ajouter le Punisher et Elektra à son équation, les scénaristes semblent plus à l'aise que jamais à Hell's Kitchen et nous livrent 7 épisodes sans la moindre exposition forcée, où le dialogue est supplanté par un acting impeccable et où le propos fondamental d'une saison qui oppose deux concepts absolus de la Justice se distille tout au long d'un show homogène sans jamais prendre la forme d'un fil rouge. Mieux, chaque personnage semble suivre sa (passionnante, tant personne ne détonne) route sans que le tout ne ressemble à un énième clone de Game Of Thrones, justifiant sa durée par sa faculté à passer du coq à l'âne. Point de ça dans le contexte très étouffant d'Hell's Kitchen, où certains passés ressurgissent au même moment que des menaces inédites, ultra-violentes et bien concrètes se confrontent à un Daredevil qui ne sait plus où donner de la tête. On nage ici en pleine ambiance Bendis / Brubaker (signalons d'ailleurs que le niveau de symbolisme de cette saison 2 atteint des sommets avec une pelletée d'évocation de noms familiers, de recréation de scènes et de couvertures cultes dans chaque épisode), le tout appuyé par le vibrant et continuel hommage à Frank Miller initié l'année passée. 
 
C'est d'ailleurs là la force de showrunners qui savent se glisser derrière de bonnes histoires et un héros aussi passionnant que son univers et ses paradoxes inhérents, tout en avançant un pied devant l'autre en faisant bien attention à ne pas se les prendre dans le tapis, la conclusion de la saison 1 étant là pour nous rappeler tout le bien-fondé de cette fidélité. Mieux, Petrie et Ramirez magnifient et lient ces histoires que l'on aime tous, pour un résultat final aussi dense que bourré d'idées, où les scénaristes jouent avec notre désamour de certains lieux communs pour mieux les envoyer valser, recentrant constamment le propos sur les personnages et l'évolution quasi-organique de l'intrigue. Du très beau boulot d'écriture toute en modestie, qui vient botter le train des débats sur la valeur de l'adaptation stricte des comics, en étant presque trait pour trait une transposition des meilleurs travaux des géniaux auteurs qui sont passés sur Daredevil
 
 
Toujours aussi marquée, la direction artistique de cette saison suit la même dynamique que son scénario et reprend les codes créés par une première saison pour mieux les réadapter, les densifier. Et alors que la seconde moitié de saison 1 laissait présager beaucoup moins de violence graphique que ses premiers épisodes, il n'en est rien et le ton est clairement plus proche de l'amour des portières de Wilson Fisk que des sauts de Power Ranger de Matt Murdock face au Kingpin. Crade, dangereux et débordant de vices, Hell's Kitchen est plus que jamais une poudrière prête à imploser sous le poids du terrorisme urbain, justement représenté dans une époque malheureusement sinistrée. 

On notera, tout de même parfois un sentiment de budget trop serré, ainsi que des chorégraphies de baston pas toujours réussies (voire ratées concernant l'une - seule - d'entre elles) dans les deux premiers épisodes réalisés par Phil Abraham, mais la suite aura vite fait de vous convaincre qu'il était sage d'insister, tant l'épisode 3 s'impose instantanément comme l'un des meilleurs travaux en termes d'adaptation de super-héros, tout simplement. On notera aussi que, s'il s'agit de suivre une histoire rondement menée, la cohérence graphique qui nous a été proposée fonctionnait à merveille, et qu'il n'y aucune crainte à avoir concernant les deux ambiances bien distinctes que sont celles de Frank Castle et celle de La Main, menace qui pèse dans le dos de la vénéneuse Elektra
 
Enfin, parce que c'est là le point fort d'une série qui a su me rappeler à quel point elle était précieuse dans le paysage super-héroïque actuel, le casting de la série constitue un sans-faute rarement vu, tant Jon Bernthal s'impose comme le meilleur Punisher jamais écrit, fort d'une interprétation d'une justesse à des années-lumières de ce que l'acteur proposait sur son fade personnage de Shane dans The Walking Dead. Mieux, c'est tout son pedigree de cinéma qui vient rendre service à un rôle brillant, que les fans ne manqueront pas de chérir dès le 18 mars puis plus tard, dans sa propre série - il ne peut pas en être autrement. Autre ajout majeur, Elodie Yung campe une Elektra très proche de l'essence même du personnage créé par Frank Miller, dangereuse, agile, habile, manipulatrice et un brin fêlée. Plus princesse en manque de sensations qu'assassin éthéré, la française donne un vrai relief à un personnage souillé par l'interprétation minable de Jennifer Garner et rappelle à Frank Miller qu'il serait grand temps qu'il s'abonne à Netflix.
À ce sujet d'ailleurs, notons que Charlie Cox est toujours impeccable (lui qui se débarrasse vite de la gêne esthétique que représente son premier costume "officiel"), qu'il se paie même le luxe d'être encore meilleur qu'en 2015, au même titre que Deborah Ann Woll et Elden Henson, resplendissants seconds rôles d'un casting qui compte en intégralité des acteurs capables de briller au cinéma, lorsqu'ils ne l'ont pas encore fait. Si bien que je suis certain que l'on se souviendra et qu'on reparlera de cette concentration de talents encore longtemps. 
 
 
Violents, profonds, narrativement impeccables et rassurants, voilà ce que sont ces sept premiers épisodes qui nous ont été confiés par Netflix. Tout n'est pas parfait, notamment parce que la saison dernière nous avait refroidis pour les années à venir, mais force est de constater qu'il s'agit là de ce qui se fait de tout meilleur en matière de super-héros, et que Jon Bernthal est la plus grande réussite de casting de Marvel Studios depuis Robert Downey Jr. Oui, Daredevil Saison 2 surpasse de très loin son aînée, assume son statut de série pour adultes et si la qualité ne baisse pas jusqu'à la conclusion de la série tant attendue pour vendredi, on se tiendra bel et bien devant l'un des plus beaux chefs d'œuvre du genre. Que cette semaine est longue. 
Sullivan
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