Lentement mais sûrement, le label Vertigo tente de refleurir derrière les décisions éditoriales qui l’ont amputé (Hellblazer et Swamp Thing étant complètement passés chez DC Comics), les séries au long cours qui se sont arrêtées (Fables / Fairest par exemple), et celles qui souffrent d’un rythme lent (American Vampire, Scott Snyder étant bien occupé d’autre part). Vertigo a encore de bien belles choses à offrir, on vous conseille notamment les séries anthologiques Vertigo Quarterly, et la toute nouvelle Art Ops aimerait bien faire partie de ces nouvelles sensations indé.
Après avoir co-créé The True Lives Of The Fabulous Killjoys avec son compère Gerard Way, l’ex-musicien Shaun Simon trouve son bonheur avec Mike et Laura Allred pour créer Art Ops. Une rencontre qui ne pouvait donner que quelque chose de très arty et légèrement tripé, ce qui n’a pas loupé.
Le concept d’Art Ops est posé dès ses premières pages : les œuvres d’art sont vivantes, ou au minimum les peintures, et leurs personnages peuvent s’en échapper, agir de leur propre chef, et se mélanger au monde. Les Art Ops, une organisation secrète, a pour but d’empêcher des vilains encore mystérieux de s’en prendre aux œuvres qui jonchent notre monde, mais aussi de protéger le monde d’œuvres d’art qui pourraient mal tourner. C’est ainsi que Mona Lisa finit dans un programme de protection, ou que des graffitis viennent vous arracher un bras au milieu de la rue.
Au milieu de ce monde particulier, on retrouve Reggie, vingtenaire en rébellion contre son père qui l’a abandonné, et sa mère dont la vie secrète (vous le voyez venir, elle fait partie d’Art Ops) l’a amenée à délaisser son fils. Pris dans un combat qui le dépasse, Reggie est gravement blessé et sauvé par sa mère, dont il découvre le secret, avant de devenir de dernier espoir des Art Ops quand ceux-ci sont pris pour cible.
Se basant sur un concept intriguant, ce premier numéro souffre nettement du format single. On y trouve beaucoup d’exposition et une caractérisation encore trop peu poussée, Reggie ressortant comme l’enfant rebelle lambda. Mais c’est réellement le potentiel de la série, et toutes les portes qu’elle peut ouvrir (seules les peintures sont-elles concernées, ou les autres types d’art aussi ? Si les humains peints peuvent prendre vie, est-ce aussi le cas des monstres, des dieux, des démons ?). A l’instar de nombreuses séries Image Comics, ou même celles déjà présentes chez Vertigo, le format TPB sera probablement à privilégier.
Au dessin par contre, rien à redire dès ce numéro. Mike Allred a de base un style très arty et psychédélique, qui donne instantanément vie à l’univers de Shaun Simon, mais c’est la colorisation de Laura Allred qui vient donner tout son côté décalé à la série, tranchant entre la vie punk et crasseuse de Reggie, et l’univers dans lequel il est plongé. L’art de Art Ops vaut à lui seul le coup d’œil, et l’investissement.
Si ce premier numéro montre quelques faiblesses de mise en place, le potentiel d’Art Ops est indéniable et déjà bien soutenu par Mike et Laura Allred. Tant que la liberté créative sera là, le label Vertigo aura encore de beaux jours devant lui.