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James Gunn, un réalisateur à part

James Gunn, un réalisateur à part

DossierCinéma

Véritable révélation de Guardians of the Galaxy, James Gunn a franchi un palier considérable avec le dernier film de Marvel Studios. Pourtant installé dans le paysage d'Hollywood depuis de longues années maintenant, le protégé de Lloyd Kaufman a fait ses armes dans le film de genre avant de devenir l'homme providentiel de Kevin Feige.

Retour sur une carrière mouvementée, et sur une personnalité atypique.

• Voir aussi : le programme complet de notre semaine spéciale Guardians of the Galaxy !  

1. L'homme de l'ombre
Chapitre 1

L'homme de l'ombre

Né et élevé à St Louis dans le Missouri, James Gunn a grandi dans une famille cinéphile et proche des arts, en témoigne le fait que ses trois frères travaillent aujourd'hui à Hollywood comme acteurs, scénaristes et/ou producteurs

Après des études d'anglais et de philo' chez lui, le jeune James se tourne vers le cinéma à Los Angeles mais ne termine pas son cursus et s'envole sur la côte Est pour obtenir un master aux beaux-arts de New-York.

C'est à la fin de ses études que son envie de cinéma le rattrape et l'envoie travailler aux côtés d'une légende de la série Z : Lloyd Kaufman, big boss de Troma Entertainment (qui apparait d'ailleurs dans Guardians of the Galaxy, les amateurs de ses productions un peu dingue n'auront pas de mal à le repérer), producteur du classique Toxic Avenger et d'autres chefs-d'oeuvre pour les âmes torturées. C'est d'abord là-bas que le jeune James Gunn fera ses armes de scénariste, en écrivant notamment Tromeo et Juliet, un film où lui et son frère Sean apparaissent d'ailleurs en tant qu'acteurs. On est à l'époque très loin des productions à 170 millions de dollars et le jeune fils d'immigrés Irlandais fait ses premières armes avec les super-héros en écrivant The Specials, une comédie sur le quotidien des sauveurs du monde encapés, que l'on peut d'ailleurs qualifier d'ancêtre de Hero Corp (dont le jeune Astier s'est d'ailleurs un peu plus qu'inspiré). 


Un épisode canonique du Toxic Avenger (le 4ème) plus tard, James Gunn se tourne vers la production de films à plus grande échelle et hérite de l'écriture de Scooby-Doo, un film sutourt (re)connu pour les rencontres qu'il a engendré puisque c'est pendant le tournage que Sarah Michelle Gellar et Freddie Prinze Jr tomberont éperdument amoureux, et que James Gunn rencontrera deux potes appelés à devenir de fidèles amis en marge du tournage : Joss Whedon et Nathan Fillion.

James Gunn poursuivra ensuite sa petite carrière d'acteur avec The Ghouls (2003), un film d'horreur indépendant de Chad Ferrin. Et si vous doutiez de la folie qui habite le réalisateur de Guardians of the Galaxy, je vous conseille de jeter un oeil à cet OVNI total, produit par Lloyd Kaufman, où le réalisateur campe le rôle de Riley, affirmant une première fois son amour pour les animaux (il avait une collection de ratons laveurs quand il était enfant) et pour les chiens particulièrement. Certains d'entre nous ne s'en sont toujours pas remis :

C'est véritablement en 2004 que les choses sérieuses vont s'enclencher et James Gunn héritera de l'écriture de l'excellent Dawn of the Dead de Zack Snyder, le meilleur remake du classique de Romero à ce jour. Quelques mois plus tard, c'est Scooby-Doo 2 qui débarque en salles, et on retrouve le futur réalisateur toujours au poste de scénariste, mais aussi de producteur. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que l'appel de la caméra ne devienne trop fort pour celui qui fera ses débuts en tant que réalisateur en 2006 avec Slither

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2. Un réalisateur aux multiples facettes
Chapitre 2

Un réalisateur aux multiples facettes

Si les liens qui unissent James Gunn et Michael Rooker (meilleurs amis à la vie) ne sont un secret pour personne, c'est en 2006 que leur amitié va donner naissance à l'une des plus belles bizarreries des années 2000. Slither, c'est son nom, présente l'histoire de Grant Grant (oui oui), un redneck tout ce qu'il y a de plus classique qui va malencontreusement faire la rencontre d'une masse gélatineuse venue de l'espace, qui va alors l'attaquer et s'insérer en lui sous la forme d'une tentacule malsaine. La suite est un cauchemar éveillé pour le personnage de Michael Rooker, qui va muter en une horrible créature, magnifié par la façon qu'a le réalisateur de jouer avec la frontière qui sépare comédie et horreur. C'est malsain, drôle et profondément original. Un must-have de série B des années 2000, que l'on connait mieux chez nous sous le nom de Horribilis.

Pour la petite anecdote, Nathan Fillion, Lloyd Kaufman et Rob Zombie font tous une brève apparition dans le film, au même titre que deux volumes de Chair de Poule sur le lit des deux jumelles. Malgré son statut de petit film culte ultra référencé et en forme d'hommage au cinéma de genre, Slither sera un échec commercial presque total et ne rapportera que 12 millions de dollars au box-office mondial, à peine moins que son budget original (15 millions). 

La suite ressemblera étrangement à un chassé-croisé avec Joss Whedon (saviez-vous que le personnage de Charles Gunn de Buffy/Angel était nommé ainsi en hommage au réalisateur de Guardians ?), puisqu'en 2008 et alors que le papa de Firefly réalise l'excellent Dr Horrible pendant la grève des scénaristes à Hollywood, James Gunn récupère lui aussi Nathan Fillion le temps d'une web-série à l'image de son géniteur : James Gunn's PG Porn, une série de parodies de films porno sans la moindre scène "adulte" pendant les 5 minutes qui composent un épisode, le tout avec la crème des actrices X des années 2000.

C'est drôle, plutôt bien mis en scène et franchement efficace à regarder pour rigoler un grand coup. Pour l'anecdote, le projet (qu'il a monté avec ses frères Brian et Sean) remonte au début des années 2000 et c'est grâce à l'essor d'Internet qu'ils ont enfin pu le mener à bien. Je vous laisse juger par vous même, ci-dessous.

"For the people who love everything about porn. Except the sex."

C'est en 2010 que les choses vont s'accélérer une nouvelle fois, et James Gunn va prendre en charge la réalisation et l'écriture de Super, sa seconde approche super-héroïque complètement barrée avec Kevin Bacon, Nathan Fillion, Michael Rooker (encore et toujours), Liv Tyler (sa future ex), Ellen Page et Rainn Wilson dans le rôle titre. Vous connaissez sûrement le film, mais n'hésitez pas à le redécouvrir en intégralité, ou avec sa bande-annonce.

Pour l'anecdote, sachez que nous avions croisé James Gunn à Londres lors de la Kapow Comic Con, sans savoir qu'il deviendrait, 3 ans plus tard, le réalisateur du 10ème film de Marvel Studios !

La suite de sa carrière sera ensuite variée, à défaut d'être riche, puisque James Gunn va s'associer au génial Suda 51 pour le foutraque beat'em all Lollipop Chainsaw qu'il écrira dans son intégralité. L'occasion pour l'auteur d'étendre son imaginaire sans bornes une fois de plus, et de s'associer à une culture différente pour les besoins d'un média qui lui était encore inconnu. 

En 2013, en dehors de la fameuse scène post-générique de Thor : The Dark World qui met en scène The Collector (Benicio Del Toro), c'est un segment de Movie 43 (le projet le plus fou d'Hollywood depuis un moment) qui lui sera confié, et le réalisateur ne va pas se priver pour faire parler une fois de plus son esprit délicieusement chaotique, mêlant notamment félin et masturbation. Anecdote encore : le film permet également de retrouver le couple Chris Pratt / Anna Faris à l'écran, dans un segment non moins drôle que celui du réalisateur de Guardians


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3. Derrière la caméra
Chapitre 3

Derrière la caméra

Véritable écorché vif, James Gunn est un hyper-sensible sur de nombreux tableaux. Passionné d'art (et de Jackson Pollock en particulier), il fait partie de ces artistes qui ne peuvent concevoir la création qu'à partir d'un message, d'une idée. Obsédé par l'idée (le besoin) de transmettre, il est d'ailleurs l'un des rares artistes d'Hollywood à partager, quotidiennement, des informations avec ses "fans" et ceux qui aiment le suivre. 


C'est aussi un coeur tendre au potentiel comique décalé, amoureux d'absurde et d'humour noir, mais surtout du rire et du bonheur partagé. Abordable, impliqué et conscient des problématiques d'indépendance d'une société où les grandes corporations trustent la pensée (géants pour lesquels il travaille d'ailleurs, lorsqu'il réalise un film pour Marvel Studios), il n'hésite pas à soutenir des projets mineurs et à épouser des causes humanitaires et/ou liées à la protection des animaux, sans jamais le crier sur les toits. Un vrai guerrier de la lumière, comme dirait Paulo Coelho

Fidèle en amitié, James Gunn aime travailler avec les artistes qui l'entourent au quotidien, tels que Nathan Fillion, Lloyd Kaufman (son père spirituel dans l'industrie du cinéma), Mikaela Hoover, Michael Rooker et Joss Whedon, qui aurait soufflé son nom très fort à Kevin Feige pour sortir Guardians of the Galaxy du bourbier dans lequel il était début 2012. 

Côté coeur, on prête beaucoup de relations de haute volée au réalisateur, qui s'est marié avec Jenna Fischer avant de divorcer et de conquérir ensuite Liv Tyler, la violoniste Mia Matusmiya et le Top Model Melissa Stetten, entre autres. 

Enfin, en ce jour de deuil partagé par un nombre colossal d'amoureux du 7ème Art, James Gunn a rédigé un magnifique message au sujet de l'immense Robin Williams, revenant notamment avec tact sur la délicate question de la dépression et de l'addiction : 

Si vous souffrez d'une addiction ou de dépression, demandez de l'aide. Si vous êtes blessé, trouvez quelqu'un avec qui partager votre peine. Je suis passé par là. Vous n'êtes pas seuls. Parfois la vie paraît irrémédiablement sans espoir et la joie paraît impossible. Mais il y a de la joie, je vous le promet. Dans ces moments, vous ne pouvez simplement pas le voir. C'est pour ça que la raison est un don si précieux chez l'humain - pour que nous SACHIONS ce que ne nous parvenons parfois pas à ressentir. C'est la raison pour laquelle les amis et la famille sont notre bien le plus précieux - ce sont eux qui nous aident à voir au delà de notre vision étriquée. J'ai perdu trop d'amis à cause de l'addiction et du suicide. C'est la nature des choses d'où je viens, où j'ai été, et je sais que je suis encore ici grâce un peu de chance, à une dose de grâce et à la gentillesse des autres. Je leur suis profondément reconnaissant.

Encore une fois, si vous allez mal, partagez votre peine avec un ami ou un membre de votre famille. Si des gens souffrent autour de vous, aidez-les. Dites leur que vous les aimez. Dessinez leur un petit dessin. Chantez leur une chanson stupide. Posez leur des questions. Peut-petre qu'ils ne vous écouteront pas, mais ils vous entendront au fond d'eux et vous aurez peut-être changé leur vie.

Je vous aime, James.

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Chapitre 1

L'homme de l'ombre

Né et élevé à St Louis dans le Missouri, James Gunn a grandi dans une famille cinéphile et proche des arts, en témoigne le fait que ses trois frères travaillent aujourd'hui à Hollywood comme acteurs, scénaristes et/ou producteurs

Après des études d'anglais et de philo' chez lui, le jeune James se tourne vers le cinéma à Los Angeles mais ne termine pas son cursus et s'envole sur la côte Est pour obtenir un master aux beaux-arts de New-York.

C'est à la fin de ses études que son envie de cinéma le rattrape et l'envoie travailler aux côtés d'une légende de la série Z : Lloyd Kaufman, big boss de Troma Entertainment (qui apparait d'ailleurs dans Guardians of the Galaxy, les amateurs de ses productions un peu dingue n'auront pas de mal à le repérer), producteur du classique Toxic Avenger et d'autres chefs-d'oeuvre pour les âmes torturées. C'est d'abord là-bas que le jeune James Gunn fera ses armes de scénariste, en écrivant notamment Tromeo et Juliet, un film où lui et son frère Sean apparaissent d'ailleurs en tant qu'acteurs. On est à l'époque très loin des productions à 170 millions de dollars et le jeune fils d'immigrés Irlandais fait ses premières armes avec les super-héros en écrivant The Specials, une comédie sur le quotidien des sauveurs du monde encapés, que l'on peut d'ailleurs qualifier d'ancêtre de Hero Corp (dont le jeune Astier s'est d'ailleurs un peu plus qu'inspiré). 


Un épisode canonique du Toxic Avenger (le 4ème) plus tard, James Gunn se tourne vers la production de films à plus grande échelle et hérite de l'écriture de Scooby-Doo, un film sutourt (re)connu pour les rencontres qu'il a engendré puisque c'est pendant le tournage que Sarah Michelle Gellar et Freddie Prinze Jr tomberont éperdument amoureux, et que James Gunn rencontrera deux potes appelés à devenir de fidèles amis en marge du tournage : Joss Whedon et Nathan Fillion.

James Gunn poursuivra ensuite sa petite carrière d'acteur avec The Ghouls (2003), un film d'horreur indépendant de Chad Ferrin. Et si vous doutiez de la folie qui habite le réalisateur de Guardians of the Galaxy, je vous conseille de jeter un oeil à cet OVNI total, produit par Lloyd Kaufman, où le réalisateur campe le rôle de Riley, affirmant une première fois son amour pour les animaux (il avait une collection de ratons laveurs quand il était enfant) et pour les chiens particulièrement. Certains d'entre nous ne s'en sont toujours pas remis :

C'est véritablement en 2004 que les choses sérieuses vont s'enclencher et James Gunn héritera de l'écriture de l'excellent Dawn of the Dead de Zack Snyder, le meilleur remake du classique de Romero à ce jour. Quelques mois plus tard, c'est Scooby-Doo 2 qui débarque en salles, et on retrouve le futur réalisateur toujours au poste de scénariste, mais aussi de producteur. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que l'appel de la caméra ne devienne trop fort pour celui qui fera ses débuts en tant que réalisateur en 2006 avec Slither

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Sullivan
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