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Édito #13 : Comixology, une start-up au coeur d'une querelle de géants

Édito #13 : Comixology, une start-up au coeur d'une querelle de géants

Chronique

Si celle-ci n'a pas eu le retentissement des plus gros titres du mercato culturel, la vente de Comixology au géant Amazon est loin d'être passée inaperçue. Et à peine deux semaines après un rachat dont le montant reste inconnu, le nouveau papa de la start-up New Yorkaise frappe un grand coup : impossible d'acheter vos Bandes Dessinées au sein même de l'application. La raison ? L'impossibilité morale d'Amazon de reverser 30% de chaque transaction à ses voisins de la Silicon Valley, Apple et Google.

Conséquence ? Les utilisateurs les plus fidèles de l'application doivent désormais sortir de celle-ci pour acheter leurs Comics sur le site officiel de Comixology (une véritable lutte pour les utilisateurs mobiles qui doivent lutter contre leur 3G et perdre de précieuses minutes pour finalement acheter leurs comics). Antinomique avec le côté pratique inhérent à toute application, donc. Vous l'aurez compris, le surpuissant Amazon (qui n'en a apparemment pas marre d'expérimenter à grands coups de millions, en témoigne la diarrhée de série TV qui porte le nom de Zombieland) a décidé d'enlever une bonne partie de sa substance à une application qui, si elle était loin d'être parfaite, vivait grâce à son côté (ultra-)pratique. Il n'en fallait pas plus à des légendes de l'univers des Comics pour montrer au créneau, à l'instar de Gerry Conway par exemple qui dans un autre tweet, appelle à boycotter l'entreprise. 

 

Fonctionnant telle une start-up pleine d'employés motivés et avançant dans le même sens, Comixology paye aujourd'hui le prix d'un pacte avec un géant, qui utilise son dernier achat comme bien d'autres avant lui, avec le seul appât du gain en ligne de mire.

Le marché de la BD numérique est encore moribond et Amazon met la charrue avant les bœufs, en voulant transformer un petit moteur d'une petite industrie en faiseur de millions, tout en oubliant ses utilisateurs de la première heure, ceux qui ont mis leur confiance et leur salaire dans une application aux reflets vraiment pratiques, notamment pour les lecteurs dépourvus de Comics Shops près de chez eux. Certes, le don de 5 euros pour pallier à cet énorme changement est un beau geste (utilisateurs Français, foncez par ici pour récupérer votre dû), mais certainement pas à la hauteur de l'importance de l'achat in-app.  

 

Si l'on ajoute à ça la faille de sécurité récente qui a frappé Comixology, la balance commence à sérieusement pencher du côté des sceptiques. David Steinberger, CEO et fondateur du logiciel, a sûrement eu raison d'encaisser un chèque à beaucoup de chiffres pour couler des jours heureux, mais à quel prix ? Amazon empile ses achats comme on empile une mini-série et les utilisateurs doivent subir un changement fondamental pour laisser les géants gérer leur business comme ils l'entendent, eux qui semblent connaître un sérieux problème avec la fiscalité. Certes, l'offre est toujours la même, mais quelle latitude est aujourd'hui laissée à la jeune et modeste équipe de Comixology ? Celle de dire oui à ses nouveaux actionnaires, qui sont bien loin des problèmes du quotidien tant que l'entièreté d'un marché leur appartient. Ainsi va la vie du business et des industries, sauf que comme le précise Gerry Conway, les Comics sont encore un milieu de passionnés, presque familial, où les millions ne transitent que lorsqu'il s'agit d'écran géant, pas de bulles et de dessins.

Évidemment, on souhaite un futur heureux aux très sympathiques équipes de Comixology ainsi qu'à leurs utilisateurs qui on l'espère, passeront au-dessus des impitoyables cordons de la bourse.

Illustration de l'auteur
Sullivan
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