La semaine fut chargée en sorties pour Scott Snyder, avec un nouvel arc pour Batman, une nouvelle série sur l'Homme d'Acier, et un one-shot sur American Vampire alors que la série principale est en pause. Heureusement pour lui, si sur ce dernier le nom de Scott Snyder apparaît, c’est principalement son compère Rafael Albuquerque qui a fait le boulot. Et l’artiste s’en sort très bien au scénario !
Alors que la série a été mise en pause pour une durée indéterminée en février dernier, probablement pour laisser le temps à Scott Snyder de travailler sur ses nombreuses autres séries, de nombreux lecteurs ont eu peur de ne jamais voir la série revenir. Mais si le scénariste est bien pris chez DC Comics en ce moment, American Vampire reste son bébé et il ne va pas le laisser mourir de sitôt. Pendant qu’il prépare la reprise qu’il nous promet pour la fin d’année, il se rappelle donc à notre bon vouloir en compagnie de son complice Rafael Albuquerque. De quoi rassurer les fans, lancer de nouvelles pistes et pourquoi pas gagner de nouveaux lecteurs !
Car dans cette histoire, "co-plottée" par les deux artistes et scénarisée par Albuquerque, on retrouve l’esprit de la série, les bases de ce qui fait le succès d’American Vampire, et même un personnage entraperçu il y a un peu plus d’un an, évitant toutefois l'écueil d'une continuité trop lourde pour les lecteurs irréguliers de la série Vertigo. Ce n’est pas forcément pour le pire car nous avons l’habitude de suivre régulièrement de nouvelles intrigues sur la série, de nouveaux personnages, et les éventuels nouveaux lecteurs ne sont pas perdus. Ça restera cependant l’un des deux points noirs pour les fans qui attendaient peut-être autre chose. Ce numéro peut se lire totalement indépendamment du reste si on le souhaite, même s’il suggère des pistes qui seront développées plus tard.
Albuquerque est à la base un dessinateur et n’a donc pas le talent de story-telling de Scott Snyder, mais l’histoire est cependant très fluide et évolue naturellement. On nous y présente un jeune couple à la fin des années 50 qui va se faire vampiriser et qui partira à la recherche d’un antidote. On se prend rapidement d’affection pour les deux personnages auxquels on peut aisément toujours s’identifier. Ils sont rapidement et agréablement développés, et on retrouve l’idée que les vampires de l’univers de Snyder ne perdent pas fondamentalement leur âme, mais son contraints pas certaines pulsions primaires. Leur quête, si elle est rapide, est un beau mélange d’horreur et de romantisme, avec l’insertion d’un personnage qui pourrait devenir clé par la suite.
On ressent vraiment l'esprit de la série, sa poésie et parfois sa brutalité qui en font un succès depuis le début. On ne peut rien trouver de très original dans cette aventure tant le thème du couple maudit et en fuite a été souvent utilisé à travers les âges et les médias, mais ça n'en demeure pas moins très bien traité et agréable à lire. On hésite à tourner les page tant on sait que ça va trop vite se terminer.
On retrouve l’horreur et le romantisme de l’histoire dans le dessin. Albuquerque joue sur son terrain et il n’y a vraiment pas grand-chose à dire, c’est dans la pure tradition de la série et je maintiens que les années 50 collent parfaitement au style avec ce savant mélange entre rockabilly et classe typique des Fifties. Il donne rapidement une humanité à ses personnages, ou l’inverse dans le cas des vrais “monstres” (qu’ils soient vampires ou humains).
Les fans pourront être déçus de ne pas retrouver leurs personnages favoris sur le papier, mais il faut avouer que ça ne gâche pas le plaisir de cet American Vampire qui ne se décide pas à décliner en qualité. Le réel problème est qu’il ranime une soif qui ne sera étanchée qu’en fin d’année, à cela près que Scott Snyder, Raphael Albuquerque et leurs amis nous préparent une anthologie d’exception pour cet été. Et si vous souhaitez commencer la série, c’est le moment parfait pour ça !